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Vers le milieu de l'année 1835, des travaux d'assainissement intérieur furent terminés. Les anciennes boutiques de bois furent reconstruites en fonte et recouvertes d'une peinture à nuances bronzées, et le sol fut entièrement

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dallé. Des bornes fontaines placées aux extrémités des galeries servirent « à entretenir la fraîcheur et la propreté dans cette vaste enceinte, qui deviendra ainsi un des plus beaux marchés de Paris (1) ».

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Le marché se tenait les lundis et vendredis jusqu'à midi,

(1) Cf. Moniteur, 26 février 1835; Dulaure, op. cit., 1837, note de Belin; VII, 170.

et les mercredis et samedis jusqu'à 2 heures pour la vente en gros; tous les jours, pour le détail.

Le droit perçu sur la vente au profit de la ville était du dixième de la valeur, et un dixième de ce droit était abandonné aux facteurs. En 1836, la perception produisit à la ville une somme de 754.854 fr. 82. Il était payé, en outre, pour les boutiques de la première galerie, où se faisait la vente au détail, un droit de location perçu au bénéfice des hospices; ce droit, pour cette même année 1836, s'éleva à 132.576 fr. 50 (1).

Le 25 août 1837, l'architecte Lahure dressa un plan qui apportait diverses modifications à l'installation du marché. Il construisit en particulier quarante-cinq resserres d'une superficie totale de 397",69 et d'un produit quotidien de 1.988 francs (2). Ces resserres ou petits pavillons étaient destinées à enfermer la volaille vivante; elles se trouvaient dans la troisième galerie, c'est-à-dire du côté de la rue du Pont-de-Lodi, où se faisait précédemment la vente des agneaux (3).

Jusqu'alors l'eau, malgré les fontaines placées dans l'édifice, n'était pas suffisamment abondante. Aussi lit-on qu' << avant peu l'administration municipale doit faire établir un grand réservoir en tôle d'où s'échapperont des

(1) Cf. Le Magasin pittoresque, octobre 1837; Conseil municipal de Paris, Alfred Lamouroux: Rapport présenté sur les recettes des Halles et marchés, au budget de 1882.

(2) Archives départementales, note ms., dossier: Halles, pavillon n° 4; no 2 bis.

(3) Cf. Magasin pittoresque, op. cit.

conduits destinés à amener dans toutes les parties de l'édifice l'eau nécessaire à sa salubrité (1) ».

Mais l'administration jugea sans doute qu'une horloge avait plus d'utilité qu'un réservoir, car, quatre ans après, le Moniteur du 28 septembre 1841, disait : « Chaque jour, le nombre des horloges publiques se multiplie dans la capitale; le temps n'est pas loin où tous les grands édifices en seront pourvus. Au-dessus de l'entrée principale du marché de la Vallée, on élève en ce moment un petit arc de triomphe tout en pierres de taille, pour recevoir une horloge, comme celle que l'on vient de poser sur le faîte de la halle aux draps. >>

Enfin, le 27 décembre 1851, le même journal annonce que « On établit en ce moment au marché à la volaille, dans la partie la plus rapprochée de la rue du Pont-deLodi, un grand réservoir, dont la cuve, construite en fer, a plus de 5 mètres d'élévation, et qui a été hissée au moyen d'un puissant appareil, au-dessus du mur qui fait face à la rue de Lodi. L'établissement de ce réservoir était depuis longtemps jugé nécessaire dans ce marché où la vente du gibier et de la volaille se fait sur une grande échelle, et dans lequel se trouve un abattoir qui y a été annexé, il y a quelques années. »

Du coup, l'installation du marché devait être définitivement terminée.

«Par une décision du 12 décembre 1866, le pavillon no 4 des nouvelles Halles centrales fut affecté en entier,

(1) Cf. Magasin pittoresque, op. cit.

à dater du 26 du même mois, à la vente en gros de la volaille et du gibier (1).

Le marché en gros dut donc émigrer aux Halles ; mais le marché au détail ne quitta pas encore le quai des Grands-Augustins. Du reste, d'après un ancien maire de l'arrondissement, M. Victor Borie, le débit au détail était peu important sur ce marché, qui était plus spécialement affecté aux ventes en gros de la volaille et du gibier. Le même auteur assure que l'expédition de quantités considérables de pigeons vivants au marché de la Vallée a donné naissance à la singulière industrie des gaveurs (2), pour lesquels était réservé un local spécial.

Bien qu'il se vendît à la Vallée de fort importantes quantités de volaille et de gibier, les belles pièces y apparaissaient rarement et les restaurants de premier, de second et même de troisième ordre, ne s'y fournissaient pas. Les clients habituels étaient les restaurants à 32 sous, les traiteurs, les rôtisseurs et les revendeurs des marchés. On y rencontrait aussi les raleux ou marchands à la voiture et des revendeurs campagnards, appelés les houillons, du nom du village de Houilles, d'où ils sortaient presque tous. Les houillons achetaient de préférence ce qu'il y avait de plus mauvais en fait de gibier et le reven

(1) Préfecture de la Seine: Note sur les abattoirs, entrepôts, halles, marchés, etc; Paris, 1889; 1 vol. in-4o.

(2) Ce serait à l'ancien marché, car on lit dans Sébastien Mercier (Tableau de Paris, Amsterdam, 1783-1787, 12 vol. in-8): « Hommes délicats, hommes jaloux de votre santé, ne mangez point de pigeons à Paris, quand ils viendront du quai de la Vallée. Imaginez-vous (l'oserai-je écrire?) que tous ces pigeons qui arrivent et qui ne peuvent être vendus ni consommés le même jour, sont gavés par des hommes qui leur soufflent avec la bouche de la vesce dans le jabot... Oh! quand elle [la volaille] vous sera sérvie dans de beaux plats d'argent, souvenez-vous, de grâce, de la bouche infâme du quai de la Vallée. » (T. I, p. 222-223.)

daient à Paris ou aux environs à un prix modique, en laissant supposer qu'ils l'avaient braconné (1).

Dans le courant de 1867, le marché au détail dut être réduit, car des publications de l'époque (2) annoncent la suppression récente du marché de la Vallée.

Par contrat des 21 et 29 avril 1869, la ville vendit à M. Blondel 3.041,71 de terrain, sur les 3.929,59 de la superficie totale du marché, et elle se réserva 887,88 pour l'agrandissement des établissements scolaires de la rue du Pont-de-Lodi (3). La démolition commença en juin 1869 (4) et, au cours des travaux d'affouillement, on retrouva la première pierre qui avait été posée soixante ans auparavant (5).

La plus grande partie du terrain concédé à M. Blondel fut acquise à la même époque par la Compagnie générale des omnibus, qui y établit un dépôt central pour ses différents services (6). Il restait donc encore des terrains à vendre. Mais la guerre survint et les bâtiments en bordure du quai subsistèrent encore pendant quelque temps. Ils devaient même abriter certains marchands, car, dans son Rapport au Conseil municipal sur les recettes des halles et marchés au budget de 1882, M. Alfred Lamouroux, parlant du marché de la Vallée, dit

(1) Victor Borie, article l'Alimentation à Paris, dans Paris-Guide. Paris, 1867; II, 1523.

(2) Entre autres Paris-Guide, op. cit.

(3) Arch. dép., note mss.; collection Lazare, t. X, p. 870.

(4) Journal officiel, 17 juin 1869.

(5) Arch. dép.; collection Lazare, t. X, note mss., p. 890. (6) Journal officiel, 17 juin 1869.

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