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Lestocart était aussi l'auteur réputé de la chaire à prêcher de Saint-Étienne-du-Mont qu'il avait sculptée sous la direction et d'après les dessins de Lahyre.

La statue, élevée par la piété de l'abbé T. Le Camus, fut placée et resta jusqu'à la Révolution, dans la chapelle de la Madeleine de l'église des Carmélites (1). Elle passa au dépôt des Petits-Augustins où elle fut enregistrée ainsi qu'il suit par Alexandre Lenoir :

DES CARMELITtes de la rue SAINT-JACQUES:

Une statue à genoux en marbre blanc du cardinal de Bérulle posée sur un piédestal aussi en marbre blanc orné de basreliefs.

Et un peu plus tard, dans un projet de catalogue, Lenoir ajouta en parlant de bas-reliefs de Lestocart : « leur exécution approche de l'antique ». Lenoir faisait grand cas de ce monument. Aussi il ne manque pas de le signaler dans son Rapport au comité d'Instruction publique tendant à la création du Musée des Monuments français, en date du 30 messidor an III (18 juillet 1795).

Il figure en effet au musée et on le trouve numéroté et décrit dans les éditions successives du catalogue (n° 167 de celui de 1810). Lors de la dispersion des œuvres d'art réunies aux Petits-Augustins, ce monument fut demandé par la paroisse Saint-Jacques du HautPas. Mais une décision ministérielle du 19 avril 1817 (2)

(1) Cette même chapelle possédait une Madeleine dans le Désert qui passa longtemps pour le chef-d'œuvre de Lebrun.

(2) Le Père Ingold dit qu'il fut racheté par une petite-nièce du cardinal et donné par elle aux Carmélites. Est-ce certain? A ce moment, la dispersion des œuvres d'art provenant du Musée des Monuments français avait un caractère de restitution. Sous la Restauration le gouvernement fit rendre ou attribua, mais ne vendit pas que je sache.

le rendit au couvent des Carmélites où il rentra le 12 septembre 1817. Il y est resté jusqu'en 1907, date de la dispersion des religieuses. Il a été alors placé au musée du Louvre.

STATUE DE L'INSTITUTION DES PRÊTRES
DE L'ORATOIRE (1658) (1)

Germain Brice appelle ainsi l'attention du visiteur:

On remarque surtout dans la chapelle de la Vierge un riche mausolée érigé à la mémoire du cardinal de Bérulle, en 1661. Ce saint prélat y est représenté à genoux, dans une espèce de niche en marbre noir, et l'on y voit au-dessus une grande urne aussi de marbre noir qui renferme sa main et son bras droit.

Ajoutons que devant lui était un prie-dieu décoré d'un bas-relief représentant Jonas sortant du ventre de la baleine; statue et prie-dieu étaient en marbre blanc. L'épitaphe gravée a été reproduite par G. Brice (t. III, p. 162163).

L'Institution des prêtres de l'Oratoire était située au delà de la barrière Saint-Michel. Les bâtiments, sis en bordure de l'actuelle rue Denfert-Rochereau, sont maintenant occupés par l'hospice des Enfants-Trouvés. Sa construction était due à Nicolas Pinette, trésorier de Gaston, duc d'Orléans. « Il l'acheta en 1650, dit Jaillot, le fit bâtir d'une manière convenable et le donna aux prêtres de l'Oratoire. » La première pierre de l'église fut posée au nom de Gaston d'Orléans, le 11 novembre 1655; elle

(1) Reproduite en héliogravure dans l'ouvrage du P. Ingold.

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fut dédiée, le 7 novembre 1657, en l'honneur du Mystère de la Sainte-Trinité et de l'Enfance de Jésus-Christ, sous le titre de la Présentation au Temple. L'Institution servait de noviciat aux Oratoriens.

Le monument du cardinal de Bérulle était également dû à la libéralité de Nicolas Pinette qui l'avait commandé à Sarrazin. Il fut érigé en 1658.

Il fut transporté seulement en 1799 au dépôt des Petits-Augustins. Voici la note de Lenoir:

Le 8 ventôse: (27 février).

De l'ENFANT-JÉSUS. Reçu de Scellier la statue à genoux du cardinal de Bérulle et son prie-Dieu; plus deux morceaux de

marbre noir.

Ces deux morceaux de marbre noir ne peuvent se rapporter qu'à la niche qui encadrait la statue, et donnent à penser que cette niche avait été détruite. En effet, il n'en fut plus jamais question, pas plus que de l'urne contenant le bras et la main du prélat, qui disparut également, durant la tourmente, avec ses reliques.

Un autre mot doit nous arrêter: «< Reçu de l'Enfant

Jésus ».

Un seul établissement était généralement connu sous ce nom, au XVIII° siècle à Paris. C'était la maison fondée par M. Languet de Gergy, rue de Sèvres, pour l'éducation de trente demoiselles nobles sans fortune et qui est devenu, depuis 1802, l'Hôpital des Enfants-Malades. Cependant il faut se garder de conclure qu'un dépôt d'épaves des anciens couvents avait été établi en cet endroit et que le monument du prélat y avait été transporté. L'Institution des Prêtres de l'Oratoire était, de par sa dédicace,

susceptible de porter ce nom qui prédomina même lorsque cette construction fut transformée en maison d'accouchement, les bâtiments de l'abbaye de Port-Royal, situés de l'autre côté de la rue, et devenus depuis la Maternité, étant plus spécialement réservés à l'allaitement. Sur le Nouveau plan routier de la Ville et fauxbourgs de Paris publié en l'an VIII par « Esnauts, marchand d'Estampes, rue Jacques, Maison du Boulanger vis-à-vis le coutellier, à la ville de Coutances N° 285 », l'Institution des Prêtres de l'Oratoire est désignée : PP. DE L'Enfant-Jésus.

Le monument de la rue d'Enfer ne resta pas longtemps au dépôt des Petits-Augustins. Dès 1806, il en fut retiré à la demande de Fouché, duc d'Otrante, ancien Oratorien, et attribué selon son désir au collège de Juilly, dans la chapelle duquel il est encore placé. Alexandre Lenoir reçut à ce sujet la lettre ci-dessous :

Paris, ce 25 messidor an XI de la République française (14 juillet 1803).

Vivant-Denon, membre de l'Institut, directeur du Musée central des Arts, etc., au citoyen Lenoir, administrateur du Musée des Monuments français,

Je vous invite, citoyen conservateur, à remettre au directeur du Collège de Juilly la statue du cardinal de Bérulle qui est déposée dans le jardin de votre musée.

Je préviens le ministre de cette restitution et lui mande que votre établissement, possédant une autre statue du même personnage, votre série ne se trouve point décomplétée.

J'ai l'honneur de vous saluer.

DENON.

Un moulage de ce monument existe au musée de Versailles, il est présentement relégué dans un magasin. Sur le catalogue rédigé par Eudore Soulié, il est attribué à Pigalle.

L'attribution à Pigalle provient d'une confusion. Il résulte des recherches qu'a bien voulu faire à ma prière notre collègue M. Fromageot, qui consacre ses vacances d'été à élucider l'histoire de Versailles, qu'un mouleur du nom de Pigal existait au moment de l'aménagement du musée. Eudore Soulié a confondu le praticien avec le maître du même nom.

MAUSOLÉE DE L'ÉGLISE DES PRÊTRES
DE L'ORATOIRE DE LA RUE SAINT-HONORÉ (1)
(1659)

Hurtaut et Magny disent:

Dans la chapelle, à main gauche, du côté du maître-autel, est un mausolée de marbre noir, sur lequel est la statue du cardinal de Bérulle à genoux, ayant devant lui un livre ouvert porté par un ange : le tout de marbre blanc, au bas est une épitaphe écrite en lettres d'or.

Et Germain Brice ajoute :

Il est représenté à genoux, de grandeur naturelle, en habit de fonction. On estime particulièrement la draperie de cette figure, jetée et recherchée d'une manière admirable.

Enfin Millin complète :

Autour de cette tombe est un encadrement composé de petits tableaux renfermant des figures allégoriques et des couronnes d'épines, au milieu desquelles on lit ces mots : Jésus Maria; c'étaient les armoiries de la congrégation de l'Oratoire; le tout est terminé par l'écusson de Berulle, supporté par deux

(1) Buste subsistant, reproduit en héliogravure dans l'ouvrage du P. Ingold. Nous donnons l'ensemble d'après Millin.

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