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LE PLAFOND DE CHARLES LEBRUN

A L'ANCIEN SÉMINAIRE DE SAINT-SULPICE

Ce n'était pas un des édifices remarquables de Paris que l'ancien séminaire de Saint-Sulpice, démoli en 1803. Les historiens de Paris ne se sont guère attardés à en faire la description, et les détails que l'on trouve sur son compte dans Piganiol de la Force, Dezallier d'Argenville et Thiery, manquent quelque peu d'intérêt. Son histoire est avant tout celle de l'institution qu'il a abritée de 1642 à la Révolution.

Après avoir, pendant un siècle et demi, formé des prêtres pour le clergé français, le séminaire devint sous la Révolution, comme les autres établissements du même genre, un asile pour les familles des défenseurs de la patrie et il y eut là, comme au séminaire de Saint-Nicolas du Chardonnet et dans d'autres maisons analogues, une fondation d'assistance publique particulière à cette époque, fondation qui n'a pas été étudiée encore, qui a même été passée sous silence par l'historien de l'Assistance publique sous la Révolution, M. Tuetey, et dont la connaissance serait aujourd'hui très facile, puisque les éléments en sont rassemblés pour la plus grande partie dans les cartons des Domaines, conservés aux Archives départementales de la Seine.

La disparition de cet édifice devait cependant amener

quelques découvertes intéressantes. L'opération, faite avec une singulière maladresse, fut signalée par de nombreux accidents, suivis de blessures qui ne paraissent pas avoir été mortelles. Elle fut heureusement marquée par des faits moins tragiques.

En premier lieu, le 25 ventôse an XI (16 mars 1803), la pioche des démolisseurs mit au jour un certain nombre de cercueils de plomb. La rencontre n'avait rien d'imprévu, la chapelle du séminaire ayant servi de lieu de sépulture, à un assez grand nombre de personnages, dont la liste a été donnée dans l'édition de l'Histoire de Paris de l'abbé Lebeuf, due à Cocheris (1). Il faut bien le dire, ces personnages étaient en général assez obscurs et, par un heureux hasard, ceux dont les cercueils furent mis au jour étaient parmi les moins inconnus. Voici le rapport même de l'architecte relatant cette découverte que je crois devoir donner in extenso, d'abord parce qu'il est bref, ensuite parce que les inscriptions funéraires qu'il relate sont inédites.

Paris, le 25 ventôse, an XI de la République française.

Rapport à l'Administration des domaines et de l'enregistrement, par le citoyen Bourla, architecte-adjoint des domaines.

En faisant fouiller dans la chapelle basse du grand séminaire Saint-Sulpice, il a été trouvé cinq cercueils en plomb et un d'enfant; trois étaient placés à la droite de la chapelle contre le mur de face du jardin et à la suite l'un de l'autre; les deux derniers étaient placés au milieu entre les piliers portant voûte d'arette. Ces cercueils étaient enterrés à un mètre trente centimètres en contre-bas du sol de la chapelle.

(1) Tome III, p. 194.

On a trouvé sur un des trois premiers cercueils, une petite plaque en cuivre portant l'inscription suivante :

Cy gist le corps de deffunct

Messire Jean François Le Fevre
D'Aubonne, prestre docteur de la
Maison et Société de Sorbonne

décédé le 2 juillet 1676, âgé de 32 ans 6 mois.
Priez Dieu pour lui, s'il vous plaist.

Sur les deux cercueils du milieu, une petite plaque porte :

Cy git

Très haut, très puissant Seigneur,

Monseigneur Joseph Gaspard de

Montmorin de Saint-Herem, évêque et seigneur d'Aire, conseiller du Roy en tous ses conseils, décédé à Paris, le 7 novembre 1723, âgé de 70 ans ou environ.

Hic jacet

Pater pauperum.

L'autre est également un Gilbert de Montmorin, évêque de Langres, mort le 19 may 1770, âgé de 79 ans.

Le cercueil de l'enfant en bas âge ne porte aucune inscription; il était contigu aux trois premiers.

Il serait nécessaire de savoir de l'administration ce qu'il faut faire de ces cercueils au nombre de six, y compris celui de l'enfant, ces objets ne pouvant être mis en vente.

B. BOURLA.

Le 11 germinal suivant (1er avril 1803), Frochot écrivait à l'architecte de faire déposer les six cercueils dans une fosse creusée à cet effet. L'emplacement de cette fosse n'étant pas indiqué dans un cimetière, tout porte à croire que les dépouilles des personnages retrouvés par l'architecte Bourla, reposent encore de nos jours sous le pavé de la place Saint-Sulpice.

Le second incident qui se rattache à cette démolition

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