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dépendantes de ladite maison, avec des greniers au-dessus, le tout couvert d'ardoises; ensuite du grand corps de logis est le jardin plus bas que ledit bâtiment d'environ 9 pieds, et dans lequel on descend par deux perrons qui sont aux extrémités d'une grande terrasse qui règne dans toute la longueur dudit grand corps de logis et lequel jardin est terminé d'un côté à droite par un mur mitoyen entre ledit jardin et celui de la maison occupée par M. de Gaumont, conseiller en la cour des Aides, et par un mur à main gauche séparant ledit jardin d'avec un clos nommé le clos de la Forge, cyaprès déclaré, et dans le fond par un autre mur de clôture séparant ledit jardin de la maison occupée par ledit sieur de Lesseville avec un jardin fruitier qui sera aussi ci-après déclaré. Ledit clos de la Forge contenant 2.000 toises carrées ou environ de superficie, ayant 33 toises ou environ de face sur la rue d'Enfer et 72 toises ou environ de profondeur, qui est entre la maison occupée par ledit sieur de Lesseville et celle de M. de Chamarante, plus un jardin borné d'un côté par les murs du jardin du Luxembourg, de l'autre par ceux du jardin des religieux officiers, dans le fond affrontant un verger touchant aussi aux murs du Luxembourg. »

Mme de Vendôme (1) était veuve, depuis le 11 juin 1712, quand elle arriva à l'hôtel des Chartreux. Me d'Enghien avait épousé en 1710, M. de Vendôme. Il avait fallu du courage pour prendre un mari aussi répugnant que M. le duc. Il avait fallu de l'ambition pour prendre une fille aussi laide que Mademoiselle. Mais le mariage se fit, Mile d'Enghien étant dans la gêne et s'ennuyant à l'hôtel de Condé; M. de Vendôme ayant la vanité de se montrer assez grand dans l'état de bâtardise, de santé et de disgrâce où il était, pour épouser une princesse du sang.

(1) Saint-Simon, t. V, p. 186, t. X, p. 105. Mme de Vendôme était la petite-fille du grand Condé.

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Élévations et coupes de l'Hôtel de Vendôme suivant d'Aviler.

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PLAN DU PREMIER ETAGE D'UN HOTEL SCIS RUE D'ENFER A PARIS, DU DESSEIN HU S LE BLOND

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Deux ans plus tard, le vainqueur de Villaviciosa mourait d'une indigestion en Espagne, laissant sa grosse fortune à sa veuve.

Personne ne le regretta. La duchesse, remariée secrètement avec un écuyer, résolut d'habiter la belle maison des Chartreux, de l'agrandir et d'y mener la vie d'une princesse du sang. Malheureusement, une crise d'alcoolisme emportait, en 1718, la marraine de l'hôtel de Vendôme.

<< Mme de Vendôme, écrivit Saint-Simon, mourut, le II avril, sans testament ni sacrements, de s'être blasée surtout de liqueurs fortes, dont elle avait son cabinet rempli. Tout ce qu'on peut dire, c'est que ce fut une princesse du sang de moins (1). » Les Princes s'empressèrent, la firent d'abord garder à l'hôtel, puis brusquement, le 16 avril, l'envoyèrent aux Carmélites du faubourg SaintJacques, où on l'enterra.

L'hôtel loué par Mme de Vendôme était l'ouvrage de Jean Courtonne (2). Le bail passé à la duchesse en donne la description très précise que j'ai transcrite.

La porte cochère s'ouvrait sur la rue d'Enfer. De ce côté deux cours : une cour principale et une cour de service entourée par les écuries et par les remises. La maison avait un rez-de-chaussée, un premier étage et un second en mansarde. Entre le rez-de-chaussée et le premier, le bel escalier qui conduit aujourd'hui aux collections de l'École. A chaque étage des, chambres, des pièces de service et des

(1) Cf. Correspondance de la Princesse palatine, t. I, édit. Brunet. (2) Courtonne est l'auteur de l'hôtel Matignon, occupé aujourd'hui par l'ambassade d'Autriche-Hongrie.

salons. Au premier, les appartements d'honneur qui, suivant l'usage, avaient leur plafond plus élevé que celui des autres chambres En conséquence, le plancher de l'étage supérieur n'était pas partout au même niveau. Les élèves de l'École des Mines qui liront ces lignes d'un ancien, sauront pourquoi ils trébuchent dans les escaliers, en parcourant le musée de Paléontologie.

Du côté du jardin, Courtonne avait élevé une façade, à neuf fenêtres cintrées, qui forme maintenant la partie centrale du bâtiment. Deux perrons hauts de 9 pieds réunissaient le rez-de-chaussée au jardin. Ces 9 pieds mesurent la dénivellation existant alors entre la chaussée de la rue d'Enfer et le sol du Luxembourg.

Le Blond reçut l'ordre de compléter l'hôtel et d'aménager ses dépendances. Il y réussit et d'Aviler cita comme un modèle, dans le cours d'architecture de 1738, l'hôtel remanié par Le Blond. Les planches publiées alors sont les seules estampes connues de l'Hôtel de Vendôme. En outre le plan de Turgot présente l'aspect de l'hôtel et de ses alentours. La reproduction de ces dessins me permet d'abréger (1).

Le Blond ajouta à chacune des extrémités du grand bâtiment un pavillon à trois fenêtres. La façade fut portée de 16 à 22 toises. On améliora la distribution des appartements, on construisit des communs et on forma une troisième cour, en communication directe avec la rue.

« Cet hôtel, disait Piganiol, un des plus parfaits qu'il y ait à Paris, est digne de loger un prince du sang, mais les écuries et les remises suffiraient à peine à un bourgeois renforcé. »

(1) Voir aussi le livre de Blondel, Architecture française, 1752, t. II, p. 36, Blondel donne le plan du jardin. Cf. Aguillon, loc. cit.

Stó H¶ DU VI - 1908.

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