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la tyu (cul). Les planches qui couvrent le vivier sont lə kəvṛkyo, celles qui le limitent du côté du bateau où se trouve le pêcheur forment la fron.

2 La trubya est un petit filet à manche (mandzo), qui sert à prendre les poissons qu'on met dans le grè.

3 C'est ainsi que les pêcheurs et les chasseurs laissent le sort décider s'ils iront du côté du lac de Morat ou de celui de Neuchâtel. Kabuts = petite cabane de roseaux et de joncs que font les chasseurs pour se mettre à l'abri.

4 La foueny est un engin de pêche aujourd'hui défendu; elle avait ordinairement six dents disposées en rateau, rattachées au manche par la douille. (Cf. Bulletin du Glossaire, VI, p. 22.)

5 C'est à Montilier qu'a lieu le marché aux poissons.

6 C'est-à-dire les travaux de dessèchement du Grand marais et l'abaissement du niveau des lacs de Morat, Neuchâtel et Bienne.

7 Les parties sont les mêmes que pour la ltyéta. Le navé n'a pas de póyalé; les rames sont fixées à un cordon, la lantin; il est pourvu de voile (la vala), d'un mât (la valễ, litt. voilier).

8 On pourrait mentionner en outre les bateaux de transport remplacés aujourd'hui par le bateau à vapeur : la bók, grande barque avec cabine pour le marinier (la tsặbra), avec la vala (la voile) et le trètyé (petite voile qui se mettait sous la grande tout en haut du mât) lə razi (radeau), qu'on faisait avancer au moyen d'une sorte de gaffe (la chota).

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II. Lè pyintè d'ana tchǝmnéy du vily' tin.

PATOIS DES ENVIRONS DE LA CHAUX-DE-Fonds (Neuchatel 1).

et

Y'é dins' oyi l'ótr dja ók k'on dzè on poù a katchon, mā, tò parī, y'ẻ bin konprè k s'ètè d mè k’i prèdjiva. I dzan dins': « I fó la tiri avó?» Tò parī, kin mó læ é-yo fà?

TRADUCTION

Les plaintes d'une cheminée du vieux temps.

-

J'ai comme cela entendu l'autre jour quelque chose qu'on disait un peu en cachette, mais tout de même j'ai bien compris que c'était de moi qu'ils parlaient. Ils disaient ainsi : « Il

1 Ecrit sous la dictée de Mlle L. B.

Atatè vè i soù èbaya jouè i veya sètchĩ lé bàrzi è lá bakon,

kan i saroù lavya!

I fazou d la fmir tan k'i pòvou : krèbin k'y'a-n é trò fà; mà s'i fó k'i m'a-n alou, i voudroù vò rakontā on poù tò sa k'y'é vou. I soũ vṛly, mă y'ẻ djér étéy1 djoūvna; da sta gran kou̟zna y'é vou bin dè-z-afan k’an pasā, dè vilyòtè k s'a son anală de la jouè on na rvin pă. Y’é oyi tchantā, djér pyòrā, y'é vou dè maryādj, dè-z atarmą, dè gér, y'é oyi dè kou d fouzi; y'é vou dè sudjé.... Y'avè dè bouæb ka patchsan pò l'ètrindji, k'on ne rvèyè djama. Y'avè dè dja k'y'avoù l'agri, adon i pyòravo dè lạgàrm totè nèrè, djuk avò. È kan i fazè d l'oṛvra, i lè-z apètchoù d dèrmi. I dzan: « Sè sta vṛly k fà son trin, i fó ală tirī la kouó̟dja pò la bin ètatchī. » I vèyoū bin k'on mǝ fazè la mi̟na; i soũ pàta, i n sou pya a la mouda! - Y'é vou fér du pan, dè knyά, du faut la tirer en bas! » Tout de même, quel mal leur ai-je fait? Attendez donc : je m'étonne où ils veulent sécher leur viande salée et leur lard, quand je serai loin!-- Je faisais de la fuméetant que je pouvais : peut-être que j'en ai trop fait; mais s'il faut que je m'en aille, je voudrais vous raconter un peu tout ce que j'ai vu. Je suis vieille, mais j'ai aussi été jeune; dans cette grande cuisine j'ai vu bien des enfants qui ont passé, des petits vieux qui s'en sont allés (litt. s'en sont enallés) d'où on ne revient pas. J'ai entendu chanter, aussi pleurer, j'ai vu des mariages, des enterrements, des guerres, j'ai entendu des coups. de fusil; j'ai vu des soldats.... Il y avait des garçons qui par. taient pour l'étranger, qu'on ne revoyait jamais. Il y avait des jours que j'avais l'ennui, alors je pleurais des larmes toutes noires jusqu'en bas. Et quand il faisait du vent, je les empêchais de dormir. Ils disaient: « C'est cette vieille qui fait son train, il faut aller tirer la corde pour la bien attacher. Je voyais bien qu'on me faisait la mine; je suis laide, je ne suis plus à la mode! J'ai vu faire du pain, des gâteaux, du 1 Forme douteuse, la vraie tournure patoise serait je suis eu.

bær, dè gofrè.... krèbin k l'ótra n vèra ra d tò sink. Y'avou on bon gran ály1, k boūtāv lǝ syèl, è lè-z afér ka s'fazan avó, è lè-z ozé ka vnyan tchantā tsu ma teta è la solè ka m rètchódāv.

Tu lè-z an lə vṛly' Ròboué, k'avè dè rmąsè a lon mindj, vnyè révā la rvoūs'; s'ètè on djə də rbós', on sa rlédjīv bin kan il ètè pasā; adon lè-z òm fazan on gran fyæ tsu lätr, s mètira a tchantā, a rakontā tò̟tè chó̟tchè d'afer. I na voui på dir a vò rvè, i vó mi dir, a slè k son ankouó tchi la: « Balyi-vò a vouédj, vò vadri astoй ma rtrova. » Da mon djouvæn tin i fazè bé vivr, on n vèyè pă vni la fin kma anondrè; tò pās, tò pās', djuk è tchəmnéy du vṛly' tin. W. PIERREHUMBERT.

beurre, des gaufres,... peut-être que l'autre ne verra rien de tout cela. J'avais un bon grand ceil qui regardait le ciel, et les choses qui se faisaient en bas, et les oiseaux qui venaient chanter sur ma tête et le soleil qui me réchauffait.

Tous les ans le vieux Robert, qui avait des balais à long manche, venait ôter la suie; c'était un jour de remue-ménage, on se réjouissait bien quand il était passé; alors les hommes faisaient un grand feu [pour chasser la mauvaise odeur] sur l'âtre, se mettaient (litt. se mirent) à chanter, à raconter toutes sortes d'affaires. Je ne veux pas dire au revoir, il vaut mieux dire à ceux qui sont encore chez eux: < Prenez garde, vous viendrez bientôt me retrouver. » Dans mon jeune temps, il faisait beau vivre, on ne voyait pas venir la fin comme à présent; tout passe, tout passe, jusqu'aux cheminées du vieux temps.

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1 Le texte porte leuye, qui doit être une erreur.

ÉTYMOLOGIE

Laonnerie, lavon, lan, lon.

Le doyen Bridel, dont les étymologies sont suspectes à plusieurs égards, ne se trompait cependant pas en tirant le nom vaudois du château d'amour », laonnerie, du substantif qui signifie planche dans tous nos patois (voir plus haut, p. 34). Ce mot varie selon les contrées et on prononce låvon dans le Jura bernois, lòvon au Cerneux-Péquignot (Neuchâtel); lan est la forme ordinaire des cantons de Neuchâtel, Fribourg et Vaud; en Valais lan alterne avec van dans les parlers qui perdent l' initiale, souvent remplacée par un v; à Genève, enfin, on entend dire lon, comme en Savoie. Dans de vieux documents, le mot s'écrit laon ou lan. Voir p. ex. Mém. et doc. de la Soc. d'hist. de la S. R., V, p. 335, 402. Le sens est toujours celui de planche de moyenne épaisseur, ais. On emploie des lan pour lambrisser, boiser une chambre, un bâtiment. La planche dont se sert la lessiveuse porte le même nom. «Etre sur le lan» signifie « être mort ». Les tout vieux Neuchâtelois se rappellent avoir entendu dire kyou la lan pour « ferme la porte, ce qui indique un vieux système de porte formée d'une simple planche. Les contrevents de l'ancienne mode, faits d'une seule pièce de bois, s'appelaient lanè. On rencontre assez fréquemment un autre dérivé: lanā, verbe, dans le sens de planchéier, fermer ou couvrir de planches 1.

Gaston Paris (Romania, XXXI, p. 154.) a voulu rattacher notre mot lan au latin latus, mais l'emploi du mot ne fait pas supposer que la largeur de l'objet ait jamais joué un rôle. Elle est donnée par l'épaisseur de l'arbre. La rencontre de a et de on dans l'ancienne forme laon pouvait être écartée soit par l'insertion d'un 7, soit par la réduction à une seule voyelle nasale, qui est de préférence an, quelquefois on, comme nous l'attestent les formes romandes énumérées ci-dessus, et comme

1 Il y a un second verbe lanā, réfléchi, qui s'emploie en parlant de pierres ou de bois qui se fendillent, se partagent en lames. Il dérive du latin lamina, lame.

nous le montre la prononciation du mot français taon, où l'on a hésité entre tan et ton 2. Parmi nos patois, ceux du Jura bernois ont préféré la première solution (insertion de v), les autres présentent la contraction; nous rencontrons le même phénomène dans les représentants actuels du latin maturus = mävu dans le Jura bernois, már etc. dans les autres cantons. Comparez pour le v encore là où = lävou en patois jurassien. La bonne étymologie du mot lan a été proposée par M. MeyerLübke (Zeitschrift für rom. Phil. XXV, p. 611), qui reconnaît dans notre mot l'allemand Laden, emprunté par les dialectes de l'Est sous une forme hypothétique ancien haut allemande lado(n). A noter que on n'a pas sa valeur ordinaire de suffixe diminutif dans le mot romand, et qu'il ne peut donc s'expliquer que par l'ancienne désinence germanique. Le français possède l'expression scieur de long, qu'il faudrait écrire scieur de laon, car il s'agit du même mot, comme l'a judicieusement remarqué M. Meyer-Lübke. M. Thomas croit que de long a dans ce terme la valeur de en long, ce qui paraît peu probable au point de vue syntaxique. Les exemples de l'ortographe long qu'il cite en faveur de cette opinion (Romania XXXVI, p. 102) ne remontent pas au-delà du XVe siècle. Ils prouvent que la réduction de laon à lon avait déjà donné naissance à l'étymologie populaire qui nous fait écrire long.

Le mot allemand Laden a été une seconde fois emprunté par nos patois sous la forme de lãd, lòd, ló̟da dans le sens de contrevent (Berne, Neuchâtel, Vaud). A propos de ce mot, je ne puis m'abstenir de mentionner le curieux contresens auquel il a donné lieu dans un ouvrage autrefois très consulté. Il se trouve cité dans la liste de mots patois dont Ebel croyait encore devoir accompagner son Manuel du voyageur en Suisse, en 1810. Dans l'édition française, le mot est traduit correctement par contrevent, mais dans l'édition allemande il est rendu par Gegenwind, vent contraire! L. GAUCHAT.

2 Comp. Laon, prononcé Lan, mais Saint-Laon Lon, Thurot, De la prononciation française depuis le commencement du XVIe siècle, II, 541. Pour les mots paon, flaon, faon, Thurot ne trouve mentionné que la forme avec an. Mais en Valais, par exemple, flan est rendu par don

ou xon.

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