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NOTES

1 Raconté en 1906 par Joseph Michelet, à Nendaz. Nous avons dans ce texte noté par ü un son intermédiaire entre ou et u français; ce dernier n'existe pas à Nendaz ; ì indique un e très fermé, è un son particulier, sorte d'a vélaire. Le premier élément de la diphtongue au a une nuance plus ou moins marquée de ò; sh, zh sont des modifications de ch, j, qui sont constantes devant y; tshy, dzby sont intermédiaires entre ty, dy et icky, djy; xl est une combinaison spéciale dans laquelle x n'a pas sa valeur habituelle, mais se rapproche de ; r est toujours linguale, mais à l'initiale, ou redoublée, elle est fortement roulée, tandis qu'intervocale elle est faiblement articulée et tend à se confondre avec l ou d.

* vyeli < *vecla; l'l initiale ou intervocale disparaît régulièrement à Nendaz an.na, laine, in.oua, langue, fan, filer, vae, valet, etc. Là où le son se rencontre aujourd'hui, comme dans vyeli, il est l'équivalent d'une ancienne I mouillée.

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chanigauda, déformation du mot « synagogue », avec changement de sens analogue à celui de sabbat.

4 dərën, dedans, présente le passage de dà l'r intervocalique mentionnée dans la note 1.

5 tsan, cheval, pour un plus ancien tsəḍ. La tendance des voyelles à s'assimiler aux sons avoisinants est très développée dans le patois de Nendaz. Il en résulte beaucoup d'instabilité pour certaines voyelles. Taelon, « tavillon » (petit ais mince), devient tèlon; taon, talon, peut passer à tòon, presque ton, etc. Les formes de notre texte, dǝkout' ā baraka, pā fén, pō chan, etc., proviennent de même de dǝkoutɔ a b., pɔ a ƒ., pa ò chan. On dit aussi at ā man, avec la main, at è pya, avec les pieds, pour atò a m., atò è p., i pòrta dēlīj, la porte de l'église, pour də èlīj, etc. En s'allongeant par la fusion, l'e et l'o deviennent plus fermés.

6 chüpü, su, est pour choupü, par influence assimilatrice de la tonique; on a aussi püchü, pu, ü (> *ouŸ, üŸ), voulu, et même, dans le parler rapide, fülü, fallu. L'assimilation peut se propager à plusieurs syllabes: tsango, chanvre, mais isiniri, chenevière, ou d'un mot à l'autre : tsé, chair, mais tsi viva, chair vive.

ouareiti, guérie; les verbes en i ont presque tous leur participe en -ei,-giti-ectu, -ecta.

8 drūmi; l'ü n'apparaît que lorsque la syllabe tonique est en i, ailleurs on a ou inf. drümi, imparf. drūmiyo, mais partic. droumei, ind. pr. dra raumo, etc.

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èrba; une curieuse conséquence de la chute de l'l à Nendaz est la disparition complète de l'article singulier devant les mots commençant

par voyelle: ano = âne et l'âne, èrba = herbe et l'herbe, etc. Le pronom le, la disparaît de même; ainsi s'expliquent plus haut (p. 27): k ouchan ashye, qu'ils l'aient laissé; ch' arei püchữ tròa, s'il l'aurait pu

trouver.

J. JEANJAQUET.

COMPTE RENDU

Neufranzösische Dialekttexte, mit grammatischer Einleitung und Wörterverzeichnis, von EUGen Herzog. Leipzig, Reisland, 1906. XII, 76, 130 p. gr. in-8°. (Sammlung romanischer Lesebücher I.)

Pendant que nos patois s'éteignent au milieu de l'indifférence à peu près générale de la population, voici que paraît à Leipzig, par les soins d'un professeur de Vienne, un recueil de morceaux patois destiné à servir de manuel pour les cours universitaires. Il répond, nous assure-t-on, à un besoin urgent. Encore quelques années, et les étudiants allemands connaîtront sans doute mieux que nos campagnards ce patois qui fut jadis la langue authentique de nos pères. La chrestomathie patoise de M. Herzog est dans tous les cas fort bien comprise et nous paraît répondre parfaitement au but qu'elle se propose. Elle réunit, en soixante numéros, des spécimens, classés géographiquement, des principaux types patois gallo-romans, à l'excep tion des dialectes méridionaux, qui sont réservés pour une seconde publication. La littérature populaire tient, comme il est naturel, une large place dans le volume, intéressant aussi à ce point de vue. La Suisse romande occupe les nos 45 à 54, qui sont groupés sous les rubriques Romand (cantons de Neuchâtel, Vaud, Fribourg, Bas-Valais), Haut-Valaisan et Savoyard (Genève). On remarquera l'absence complète de textes du Jura bernois. Cette lacune nous paraît fâcheuse et aurait facilement pu être comblée à l'aide de la riche collection de chansons populaires patoises publiées en transcription phonétique par M. A. Rossat dans les Archives suisses des traditions populaires. On pourra aussi trouver que Fribourg tient une

bien grande place, au détriment de Vaud et de Neuchâtel. Mais le fait que M. Herzog n'a admis pour la Suisse que des textes publiés phonétiquement restreignait forcément son choix. Il a puisé essentiellement dans les publications de Häfelin et de Cornu. Le Bulletin du Glossaire a l'honneur de voir reproduits trois morceaux publiés par lui, ceux de Champéry (Bulletin, I, p. 36), Evolène (II, p. 26) et Bernex (III, p. 30).

M. Herzog ne s'est pas borné à réunir des textes patois de toutes les régions et à réduire leurs graphies variées à une transcription uniforme partout où la chose était possible: il a accompagné son recueil d'un glossaire étymologique sommaire et d'une copieuse introduction grammaticale. Ce dernier travail, qui n'occupe pas moins de 76 pages, coordonne méthodiquement, sur les bases de la grammaire historique, les milliers de faits dialectaux renfermés dans les textes. En l'absence de travaux d'ensemble dans ce domaine, on conçoit combien pareille étude a dû être difficile et délicate, et on ne peut que rendre hommage aux connaissances approfondies et à la pénétration dont l'auteur fait preuve dans cette partie de son ouvrage. Il nous permettra néanmoins de signaler ici quelques inexactitudes de détail relevées dans ce qui concerne la Suisse romande.

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§§ 18 et 546. pusnè, 45, 34, n'est pas un diminutif (poussin +et), mais le pluriel de pusna, poussine, mot qui se retrouve 54, 7. - § 19. sé, 51, 12, n'est pas l'adverbe ci, mais le démonstratif correspondant à l'anc. fr. cel. § 139. oròlys, 47, 12, suppose une base aurucula et ne représente donc pas le traitement de é+ mouillée. $144. La palatalisation du k dans kyaudra, corylu, 51, 41, n'a rien de surprenant. Elle est habituelle dans la région devant e. Cf. Gilliéron, Patois de Vionnas, p. 71. § 284. Dans les patois savoyards, ƒ est. le produit régulier de c + e, i, cons. + cy, ty et n'apparaît pas seulement par dissimilation. $ 413. Je ne vois pas de quelle façon le plus-que-parfait aurait pu influencer les formes du conditionnel de Vionnaz: arə (aurait), pòrɔ (pour

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rait), fódra (faudrait), etc. Ces formes sont accentuées sur la terminaison et n'offrent rien d'anormal. $ 451. Les formes daza (dit), 47, 82, mosa, moza (mordit), 47, 11, 45, sont interprétées à tort comme des parfaits forts. Elles ont l'accent sur la terminaison et équivalent à disit, etc. Cf. trèzi (de traire), 47, 57, riji (de rire), 50, 140. Dəjan (et non dɔjan), 50, 141, est un imparfait. § 460. vudran, 49, 43, est le conditionnel, non le futur de vouloir. $ 478. Le nom de lieu Vuissens, 49, 10, n'est sûrement pas senti comme un pluriel; les du vers suivant ne s'y rapporte pas. § 532. L'étymologie quem > kyin est insuffisante. L'emploi du mot montre qu'il s'agit, non pas d'un relatif simple, mais d'une forme adjective analogue au français quel. $545. fòlaton ne se rattache pas à folâtre, mais est dérivé de follet. Cf. les verbes en -eter, qui ont en patois la terminaison -ata. § 616. Vaoulave io la foudra dans le Recueil de Corbaz, p. 206, est sans doute une simple faute d'impression pour co la f. Vocabulaire d'abò est naturellement le fr. d'abord et non d'about. — bò✈ ne se rattache pas à bouteille, mais à bosse tonneau. dǝbouərz est la 3e pers. de l'ind. pr. du verbe débriser. — doua n'est pas féminin; c'est l'anc. fr. duel. — djanlya, lire dzanlya. — ékoüaru, « malingre, est peut-être simplement le mot écureuil ». On ne voit en tout cas guère le rapport avec corium. dans lāchyè kourè, 53, 24, n'a rien à voir avec cadere. Il vient de currere et serait mieux traduit par « laisser échapper que par rita n'est pas seulement « Hanfsträhne », mais « filasse » en général. Il ne peut être rattaché à restis. Toutes les formes supposent un i dans le radical et Diez avait déjà indiqué comme origine l'anc. haut allemand rista. seileta situla (non sitella) +itta. - tchutch, 45, 1, est la 3 pers. de l'ind. pr. du verbe tchatchi, calcare déjà indiqué plus haut.

laisser tomber ».

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kourè,

J. JEANJAQUET.

LE CHATEAU D'AMOUR

«< Il existe, écrivait il y a cent ans le doyen Bridel dans un article des Etrennes Helvétiennes pour l'an de Grace MDCCCVII, reproduit en 1814 au tome V du Conservateur Suisse, une ronde villageoise, qu'on entend encore chanter dans les vignes de la Vaud, et qui en temps de vendange se répète quelquefois de bande en bande, des fauxbourgs de Lausanne au pont de Vevey: elle commence par ces mots:

Château d'amour, te veux-tu pas rendre1?
Veux-tu te rendre ou tenir bon ? »

Ces jolis vers, sauvés de l'oubli par celui qui fit, à lui seul, en son temps, toute la besogne d'une Société suisse des traditions populaires, étaient un dernier écho d'une fête galante, dont il se plaisait à supposer que « l'institution remonte peut-être à un temps fort reculé. »

«< Dans divers villages soit Fribourgeois soit Vaudois, le premier dimanche de mai, on élevoit (à ce qu'il nous raconte) une espèce de château en planches de sapin, et quelquefois on l'entouroit d'un petit fossé : après l'avoir construit, les jeunes gens non mariés se partageoient en deux troupes; l'une devoit attaquer le château, et l'autre le défendre du haut de la galerie qui en faisoit le tour. A un signal donné, les assiégeans ayant tous une rose à leur chapeau, entonnoient la chanson du château d'amour, et le siège commençoit de part et d'autre, on se servoit des

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