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abrǝměl (variante abarmel), s. m. Gruau d'avoine; gruau gris dont on fait de la soupe.

abr sak, s. m. Havresac. || S'emploie aussi comme terme injurieux. bògr də véy' abr❜sak: b..... de vieux havresac. Cf. sè.

absint', s. f. Absinthe, plante et liqueur. d l'absint' da tyætchi: de l'absinthe de jardin, absinthe cultivée. păr in-n absint': prendre une absinthe. boèyou d'absint': buveur d'absinthe.

adj, s. m. Auge. in-n adj é pou3: une auge à porcs. Loc. chi bét' k'in pou k pich' din son-n ādj : aussi bête qu'un porc qui pisse dans son auge. || Bassin de fontaine. l'adj di bané: l'auge, le bassin de la fontaine. èbrævè an l'ādj: abreuver (le bétail) au bassin de la fontaine. Cf. no. || Sorte de coffre à graine, à fruits séchés, à outils, etc. Cf. èrtch'.

adja, s. m. Dimin. d'adj, petite auge, auget. st ojén é pu ran din son-n ädja: cet oiseau (en cage) n'a plus rien dans son auget. || Auget tenant autrefois lieu d'assiette; encore employé par plaisanterie dans quelques expressions, p. ex. tan ton-n adja: tends ton auget (assiette), dira celui qui sert la soupe. || Aube à auget. Cf. kòpą.

adjdæ, adv. Aujourd'hui. ā djò d adjdě : au jour d'aujourd'hui. adjda dinch', dəmin atraman: aujourd'hui d'une manière, demain d'une autre. Loc. an n’ā p' dāz adjdē : on n'est pas d'aujourd'hui, c.-à-d. on sait ce qu'est la vie.

adji (3° pers. el adja), v. Agir. è n ép bin adji: il n’a pas bien agi. s n à p' dïnch' k’an-n ādjā : ce n'est pas ainsi qu'on agit. s n à p' adji: ce n'est pas agir (c'est mal agir). Réfl. S'agir. tyin è s'adjiré : quand il s'agira. s'è s'adjéchè: s'il s'agissait. tyin èl é s'adji: quand il s'est agi (litt. quand il a s'agi). Cf. l'autre forme: èdji.

ādyans', s. f. Audience. bèyi adyans': donner audience. alè éz adyans': aller à l'audience, devant le tribunal.

afin, s. m. Enfant, s'a in sò-l-afin: c'est un enfant pénible,

indocile, turbulent. Cf. léď. pè-l-afin: laideron, sacripant. vè t an, pœ-l-afin: va-t'en drôle, garnement! Prov. pté-l-afin, ptéť krou, gró-l-afin, grós' krou: petit enfant, petit tourment (croix), grand enfant, grand tourment. rvəni an-n afin: tomber en enfance, radoter. si pou'r afin! ce malheureux! Se dit aussi des grandes personnes. èlèrm, afin! alarme, enfants! Exclamation exprimant l'étonnement, la surprise. è bin! t'é in bél-afin! eh bien! te voilà beau ! te voilà propre, bien arrangé! voz éť bin afin: vous êtes bien simple, bien naïf, ă non di pér, è d lè mér, è déz afin, s'à moè l pu vếy è l pu métchin: au nom du père, et de la mère, et des enfants, c'est moi le plus âgé et le plus méchant. Parodie du signe de la croix. || S. m. pl. léz afin : les Gémeaux, signe du zodiaque. è n fă ni vannyi ni pyintè lé tyèbou éz afin: è bèy'rïn in gró monsé da ptét tét: il ne faut ni semer ni planter les choux aux Gémeaux: ils donneraient une quantité (litt. un gros monceau) de petites têtes (au lieu d'une seule grande).

afna, s. m. Dimin. de afin, petit enfant. si pou'r afna! ce pauvre petit enfant! èl à chi afna: il est si enfantin, si jeunet, si naïf.

afinste, s. f. Enfance. || Candeur, naïveté. || Enfantillage.

ākïn, ākin-n, adj. et pron. Aucun, aucune. On emploie plus souvent pip' in, pi p' in-n'. è n'y é fè akin mã (mieux è n'y é pi p' fè in ma): il ne lui a fait aucun mal.

ăl, s. f. Aile. ævi léz al: ouvrir, éployer les ailes. béchi”, pandr lézal: baisser, laisser pendre les ailes; fig. être abattu, déconfit. || léz al d'in tchèpé: les bords d'un chapeau. || léz ál d'in djipon: les basques ou pans de l'ancien habit.

F. FRIDELANCE.

ETYMOLOGIE

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Vaudois satamo, chatamo, repas de funérailles.

Bridel enregistre dans son Glossaire un mot vaudois chatamot, tschatamo, qu'il explique par : repas de funérailles défendu inutilement par les lois de police. Aujourd'hui, ces plantureux repas d'enterrement de jadis sont à peu près complètement tombés en désuétude, et avec eux le vocable qui les désignait. On nous signale cependant encore satamo, à Vaugondry sur Grandson, et rapa då satamo, à Pailly (Jorat). Bridel, infidèle pour une fois au celtique, voit l'étymologie de ce terme dans l'hébreu chata, il boit, mout, mourir ; c'est le vin de la mort. Plus récemment, M. Ceresole l'a rapproché de chèta, chata, sabbat des sorciers, et s'est demandé s'il ne signifiait pas à l'origine la danse, la fête païenne en l'honneur du mort1. L'étude scientifique du mot ne vient pas à l'appui de ces hypothèses aventureuses: elle nous amène à reconnaître dans satamo un simple continuateur du latin septimus, le septième. Dans le latin du moyen âge, septimus ou septimum est employé comme terme ecclésiastique avec le sens spécial de septième et dernier jour d'une série d'offices funèbres célébrés pendant une semaine consécutive après l'ensevelissement d'un défunt. Le mot s'appliquait aussi à l'offrande spéciale reçue par le prêtre à cette occasion, et les textes réunis par DuCange nous font voir qu'un repas de circonstance ou des distributions de vivres accompagnaient fréquemment la clôture de ces exercices pieux 2. Il n'est pas douteux que c'est à ce terme d'église qu'il faut rattacher notre mot patois satamo. De même qu'en vieux français on trouve setme, sepme, seme comme équivalent de septimum, on rencontre dans d'anciens documents de notre

1 Ceresole, Légendes des Alpes vaudoises, p. 180.

2 Voir DuCange, sous septimus, septimum, seme, septimale, septenarium, tricenarium, et Godefroy, setme.

région la forme septame: Vuil que ma (lire mes) conroi (repas) et mengiers soient fait a la clergie ou premier jour de mon sevilement (ensevelissement), ou septame et ou trentieme (Neuchâtel, 1373)1. (Le marguillier) doit perceivre lo dit dieme tant soulemant eis jors de sepulture deis cors,... eis jors de septame, trentanier et eis anniversaires (Fribourg, 1414)2. VIII pos de vin singa (offerts) a Mrs de Friborg ou sataniez (lire satamez) de la femme a sieur Jacob (Fribourg, 1476) 3. Ces passages permettent de comprendre comment le mot qui désignait à l'origine une cérémonie religieuse catholique a pu subsister dans le canton de Vaud réformé avec le sens restreint de repas de funérailles. L'expression rapa då satamo, à Pailly, montre bien comment s'est opérée la transition. L'acception religieuse s'est du reste conservée dans une partie du Valais. A Nendaz et dans la vallée d'Hérens on appelle encore chatamo l'office célébré en l'honneur d'un défunt le septième jour ou le dimanche après l'inhumation. Au point de vue phonétique, le passage de septimum à satamo ne présente rien d'anormal. Le mot, proparoxyton à l'origine, a subi un déplacement d'accent qui, dans les patois de la région, paraît être de règle en cas pareil; cf. par ex. júvenem > dzouvano, *léndina > lindəna, términum > tarmano. Septem> sa(t) est la forme de toute la Suisse romande; on attendrait satamo, mais la voyelle sourde a pu facilement s'assimiler à celle de la syllabe initiale, primitivement accentuée. Le ch pour s à l'initiale est, dans le canton de Vaud, une particularité du Pays d'Enhaut. Quant à la variante tschatamo, donnée par Bridel, nous la tenons pour une reconstruction erronée de l'auteur du Glossaire, d'après le modèle des doublets purement graphiques champa et tschampå, channa et tschanna, etc.

J. JEANJAQUET.

1 Testam. du comte Louis de Neuchâtel, dans Matile, Monuments, 'p. 965. Dans une rédaction précédente, datée de 1354 (ibid., p. 696), le même passage se retrouve avec la forme française septieme. Au lieu de conroy, Matile imprime covroy, qui ne signifie rien. Voir Godefroy, conroi, et Bridel, conrei.

2 Jeanjaquet, Un document inédit du français dialectal de Fribourg au XVe siècle, p. 9.

3 Ochsenbein, Urkunden der Belagerung und Schlacht bei Murten, p. 542.

LA CHANSON DE LA PERNETTE

DANS LA SUISSE ROMANDE

M. George Doncieux, qui fut un charmant poète et un romaniste distingué, a consacré à la jolie chanson qu'on appelle la Pernette un article élégant et sagace dans la Romania d'abord, puis dans le Romancero populaire de la France. L'étude méthodique de plus de soixante-dix versions de la Pernette 3, orales, manuscrites, imprimées, françaises du Midi ou du Nord-Ouest, italiennes et catalanes lui a permis de l'attribuer au début du xve siècle; de lui

1 Romania, tome XX (1891), p. 86 ss.

2 Le Romancero populaire de la France.... Textes critiques, par Georges Doncieux, Paris, 1904.

3 M. Doncieux répartit les versions de la Pernette en quatre familles : France du Midi, France du Nord-Ouest, Italie septentrionale, Catalogne ; il accorde la priorité aux versions de la France du Midi, mais prétend que la chanson ne saurait être originaire d'une région provençale (témoin les formes marierons, pendolerons, placées à l'assonance, les premières personnes du pluriel en -ons étant totalement inconnues aux dialectes d'oc), pas plus d'ailleurs qu'elle ne saurait appartenir à la France du Nord (car toutes les assonances remontent à un ó tonique primitif, diversifié en ou, eu, on en français de l'époque où fut composée la Pernette, mais demeuré intact en provençal; ajoutez à cet argument que le verbe pendoler, fréquent en provençal et en francoprovençal, n'a pas été constaté dans la France du Nord). Il est donc probable que la Pernette fut composée dans une contrée où se confondaient les caractères d'oc et d'oil, le Bourbonnais ou le Forez, terres fécondes en poésie populaire.

4 En effet, la Pernette ne doit être ni antérieure ni postérieure à cette date puisque l'invention du rouet à filer date du XIVe siècle avancé et que la chanson déjà transformée existe copiée dans un manuscrit de Namur du milieu du xve siècle (Romancéro, p. 31).

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