Le cria: Pairé, pairé, apporta lo craizu, Et dé voutr'outra man ne vegni pas voizu* ! Ce lo Souverain dit que cen say oun'akchon, Elle cria: « Père, père, apportez la lampe, 《 Et ne venez pas sans rien dans votre autre main ! Prenez un bon bâton!» Je ne fais ni un ni deux, (je ne dis pas: que cela coûte-t-il?) Je saute hors de mon lit, sans mettre mes culottes. Et puis ma lampe à terre, qui se vidait toute. 185-186. Sauto fro de mon baton, ne dio pas que çen cottè. – ben qué stu cor ne m'en savai. grivois. 193. Se bin que mé - liy sen boutá mé culotte, Prennio on bon 187. Empougno mon craizu. 188. Savé 189. Quand ye fû su lo poent. - 190. Mon vailė. 195. Dité lo don. N'est pas lo tot! Quand vi ma lampa renversaye, 200. Ye eru que ma Zabeth etay desonoraye. Me bouti a cria: fena, depatze-té, Enprein l'autro craizu, sauta frou en panté! Paf! d'on cou de tzappé, vaiquié son craizu ba. 210. Se recoué et tzi lli s'ein alla sonica*, Ce n'est pas tout: Quand je vis ma lampe renversée, Je me mis à crier: Femme, dépêche-toi, Allume l'autre lampe, « saute dehors en chemise ! >> Rentre et chez lui s'en va dormir [à poings fermés], Et de nous avoir fait à tous venir la diarrhée. J'y ai encore attrapé un rhume violent, 202. Et pren [l'éditeur ne connaît apparemment pas le verbe eimprendre = allumer]. 203. ma féna. — 206. lo craizu. — 207. no vailė. 210. Sé recouilly tzi ly, et s'en va sonica. Que m'a bin tormenta et me revin sovein. Ce lo Souverein dit que cein say dai-z-akchon, Qui m'a bien tourmenté et me revient souvent. Si le souverain dit que ce sont des actions, Patience! 214. et que mé prend sovent. 215. Hom. Hom. [et rien de plus]. 216. Dité lo vai, etc., comme les autres fois. APPENDICE I. PRONONCIATION Comme il est impossible de reconstituer exactement la prononciation patoise du XVIIIe siècle, nous avons renoncé à transcrire le poème phonétiquement. Nous croyons cependant rendre un service aux amateurs de nos dialectes, en indiquant la façon dont se prononcent aujourd'hui les mots les plus inté ressants à ce point de vue. C'est un vieux « régent » d'Escherin sur Corsy (près Lutry) qui m'a renseigné là-dessus. Les numéros correspondent aux vers du texte. Titre: krèyzu ou krayzu. 1. balyāy, 3. klyé, plyon-ma. - 4. ardzè, marti, èklyaña. — 6. dèy-t-on, dépè. — 7. ditè-lo vā, konchèsǝ. — 10. vāyèin (diphtongue nasale). 11. fəlyə. — 12. palyǝ. — 14. ma fay.— 19. laou say. 20. rè. 22. akchon. 24. ko. 28. na. - 25. nò krayā. 27. vay tya, por lyī, òrèindrā. 29. kótyè. - 30. papā. 31. närǝ. — 32. byó-pārə. 35. dzò. — 38. layvè. 47. yadzo, ankoura, kokè. 39. vazana. -40. kouzana. 48. portyè. 49. martalè. 50. la. — 51. vayè. 53. rv. 54. vyddzo. 55. pɔnāoza. — 58. vèrs. — 63. vèlya, mèrtā. — 64. ètsòoudă, dă. — 65. số. — - - - 66. gǝlyèta. — 67. tomber se dit aujourd'hui tsəzi. — 69. voualāyə. 71. étay tys. 81. pouāvo. 83. On dirait maintenant pèchatrè au lieu de tiautre. — 95. nòviyè. — 97. fèindè. — 98. vouèti, dzè. 99. Xlydou. 104. lya. 115. lè tò. 121. vaytsé. 125. rǝko. - 126. maytè. - 109. forta. 111. ivè, frå. 123. bǝtā, tīta. 124. fita.128. mimo. 129. bataku. 131. pådè. — 141. vèrāra. — 144. dèpouèra, grǝlyǝ. — 163. prèsè. 164. módé, mè. 169. cheurtzo, n'est plus connu. 170. pòrtso. — 178. èra ou āra. — 181, mədā. — 182. pèdrə. — 184. vouayzu. - 187. frin-no. 211. pouāra. 204. brèta. 212. fouārǝ. — 214. fòrmèta, rovèin, sòvè. II. EXPLICATION DE MOTS. 2. Les pensionnaires sont probablement les commis du notaire devant lequel le père dépose sa plainte. 3. bantsə, étude de notaire, greffe du tribunal. 8. krayzu, identique avec le mot français creuset, vieux français croisuel, esp. crisuelo, it. crogiuolo, qui ont signifié à l'origine lampe et qu'on tire généralement de cru ceolus, petite croix, sans qu'il soit bien démontré quel rôle la croix a joué dans cette dérivation. M. Schuchardt (Zeitschrift für romanische Philo logie, XXVI, 314 ss.), suppose qu'il faut partir de cochlea, parce que la mèche émergeant de la lampe faisait penser à une tête d'escargot sortant de la coquille. Ce serait en ce cas *cloceolus, changé en *croceolus. Notre forme patoise rend vraisemblable une intervention sinon une dérivation de crucem. Inutile de dire que cette espèce de lampe n'est plus en usage. 9. épèy peut-être, du latin spero, vieux français espoir, voir Romania, XXV, 437 12. palya, de polyi, fr. piller voler adroitement. = 14. J'ignore comment l'expression beau chien arrive à signifier bien attrapé. 16. consistéro, tribunal paroissial qui, sous la domination bernoise, se composait d'un juge, président, de son lieutenant ou vice-président, du pasteur (ministre), de plusieurs assesseurs et d'un secrétaire. Ce tribunal semi-ecclésiastique, semi-laïque, jugeait les causes matrimoniales, les infractions aux bonnes mœurs, les contraventions aux règlements de police. Les ordonnances du gouvernement envoyées au consistoire commençaient ordinairement par les mots: Aux sieurs, Juge, Ministre, etc., salut! imités ici par à vous, etc. 21. fè, adverbe, du latin firmus, subsiste encore dans d'autres patois. 24. Ce son zau zu ama, littéralement: se sont eu eu aimés, le z de liaison (provenant de nous avons eu, etc.) est soudé indissolublement au mot. La langue populaire remplace le passé défini il aima par il a aimé, et, par conséquent, il eut aimé par il a eu aimé. On dit communément: quand j'ai eu su, quand il a eu dit, etc., où le mot eu marque une idée d'antériorité. Au passif, on. dit il a eu été aimé, et, comme en patois la formule il a été est généralement rendue par il est eu, il en naît la construction barbare, mais logique, il est eu eu aimé. Le cas n'est pas seulement intéressant au point de vue syntaxique, mais aussi par la diversité phonétique du mot eu placé sous deux accents différents, le premier plus fort que le second, ce qui produit la forte contraction de la deuxième forme. 29. Le mot tracasserie a conservé en patois le sens de bagatelle, petit présent. 32. La rime nārɔ: byd-pārə s'explique par la phonétique locale, qui supprime dans certaines positions la deuxième composante de l'ancienne diphtongue ay. 41. galandé, seul exemple de notre littérature patoise où ce mot se trouve au féminin. 45. que cén say, subjonctif, après les verbes de la parole, . comme en allemand, en italien, en vieux français. 47. La récolte des noix donne lieu à des réunions de jeunes gens tantôt chez l'un, tantôt chez l'autre, appelées kasaya. On casse des noix, on n'oublie pas de les arroser de vin, et l'on trouve l'occasion de forger des projets de mariage. 49. s'époufa, cfr. pour le sens l'exemple suivant: « Item a dit qu'ayant été laissé à la montagne des Prayses pour la garde des fromages qui restoient dans le challet de la dite montagne après la descente du bétail, il s'en époufat avec la casaque de |