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aparu. Irè dincha on gró-l-omou nă, vudu tò blæ, avouin dou trò dè koårnè chu la tida, din pi dè vatsa, din man chètsè, din grochè tapyè kǝ lavan din-j-onlyè d'ouna grantyā èpóvantablya.

Lou dyablyou la də a nòva Katilyon ka chǝ vòlin chè balyi a li, lin påyèrin, tò-t-a l'ặra, trè-j-èku blyan. Katilyon, kɔ yirè din la pa granta din mijé̟rè, è kə vèyin xinri la mon-naya intrè lè dã dè Griboulyə, la konchanti. Adon, lou dyablyou la fin on-n-èkri kə Katilyon la chinyi dè chon chan. Inkə du kan nò-j-an jon la chòrchyéra!

Lè du adon kǝ la fin tan dè mijérǝ in mòdzouną3 kə pavouravan pè lou Dziblyā, nyibin in païjan don bå. I fachin a bretsi lou lavi dan la tsondara, i mónétin-yivè l'ivouè don tsalè, intsèrin-yivè ti hon kə rakontravè. Din kou, i balyivè lou mó in bivè, è lè fachin a chètsi. I fachin chan avouin oun'èchpécha dè grécha kǝ pòrtavè dan chon kratou 3. Din kou, achǝ

tout bleu, avec deux bouts de cornes sur la tête, des pieds de vache, des mains sèches, de grosses pattes qui avaient des ongles d'une longueur épouvantable.

Le diable a dit à notre Catillon que si elle voulait se donner à lui, il lui payerait immédiatement trois écus blancs. Catillon, qui était dans la plus grande des misères et qui voyait briller la monnaie entre les doigts de « Gribouille », a consenti. Alors, le diable a fait un écrit que Catillon a signé de son sang. Voilà depuis quand nous avons eu la sorcière! C'est depuis lors qu'elle a fait tant de misères aux pâtres qui pâturaient par le Gibloux, même aux paysans du bas. Elle faisait tourner le lait dans la chaudière, elle salissait l'eau du chalet, ensorcelait tous ceux qu'elle rencontrait. Parfois elle donnait le mal aux bêtes et les faisait sécher. Elle faisait cela avec une espèce de graisse qu'elle portait dans son panier. Parfois aussi, quand elle était

bin, kan yirè achitayè chu cha pyèra, on dèchu dè Valachourya, i fachin a pyòvặ, a grinlå, a toung chu lè Kuètsou 5. Ha pouta bis dè dzan chè puin achəbin tsandzi in lặvra. Lè nyibin jon, on yḍdzou, blyochya pèr on tsaxyṛ, on katsè dè Valadzǝrou. On choa dè la né, alavè a la chyta, on pou ché on pou lé, dan din bou échkårtå, yó lou dyablyou chè tròvậvè tòtèvi in-n-omou nā. Pò fourni, Katilyon lè jon lyètåyə. L'an djudja è lè jon kondandyǝ a idrǝ bourlåyə.

R. CHASSOT.

assise sur sa pierre, au-dessus de Villarsiviriaux, elle faisait pleuvoir, grêler, tonner sur les « Kuetzou. » Cette « vilaine bête de gens pouvait aussi se changer en lièvre. Elle a même une fois été blessée par un chasseur au sommet de Villargiroud. Au milieu de la nuit, elle allait au sabbat un peu ci, un peu là, dans les bois écartés, où le diable se trouvait toujours en homme noir. Pour finir, Catillon a été prise. On l'a jugée et elle a été condamnée à être brûlée.

1 Ce dialecte est caractérisé par la transformation des anciennes diphtongues ey et pou en in et on, comp. les formes krin-you, avin, din, etc., et bon, là jon, tsondara, etc.

2 Mòdzoună, pâtre qui garde surtout les génisses, on dit aussi vajilyā. 3 Kratou, panier à cerises de forme ovale.

4 Il existe au Gibloux une pierre qui porte le nom de Pierre à Ca

tillon. Les gens disent qu'elle servait de siège à la sorcière.

5 Kuetsou, surnom donné aux Giblousains, Glânois et Sarinois.

ADDITIONS AUX PROVERBES DE LENS

(Cf. Bulletin, III, pp. 3 et 23).

Durant un séjour à Lens (Valais), au mois de juillet 1903, j'ai pu, grâce à l'obligeance de mon aimable hôte, le peintre Albert Muret, et du châtelain J.-B. Studer, député au Grand Conseil du Valais, obtenir quelques éclaircissements concernant certains des proverbes et dictons recueillis par le regretté Pfeiffer, et en recueillir moi-même trois nouveaux. Je publie les résultats de ma petite enquête sous les numéros assignés dans notre Bulletin aux proverbes déjà imprimés. Les nouveaux venus prendront place à la suite, sous les numéros 92, 93 et 94. En les transcrivant pour le Bulletin, je me suis conformé autant que possible à la notation adoptée par M. Jeanjaquet, bien que mon oreille, moins exercée, n'ait pas toujours perçu les mêmes nuances de son que la sienne. J'ai cru bien faire en y marquant toujours l'accent.

24. Vinya di ryónja, pra di tèn'dón, tsan di tsardón, Ouarda la in ta mijón.

Le mot ten'dón, tombé en désuétude à Lens, est employé dans les villages voisins, notamment à Grône, pour désigner l'esparcette.

25. Pou mè ou ryon, fòchòrṛ mè prèọn, Vó fari rir è tsan'tà d'outon.

Taillez-moi en rond, fossoyez-moi profond, je vous ferai rire et chanter en automne [dit la vigne aux vignerons].

1 Tsahǝlan, nom donné dans une partie des communes valaisannes au juge de paix, élu par le suffrage universel.

Ici ma transcription, aussi bien que ma traduction, s'écartent de propos délibéré de celles qui ont été données précédemment. L'a final de pouă, fochoră, a le même son d'a que celui de zală au n° 20: M. Studer m'en est garant '. Ces verbes sont à la deuxième personne du pluriel, comme en témoigne l'accent mis à pouą par le précédent éditeur, et ont été traduits à tort au singulier.

Poua ou ryon est une expression technique par laquelle les vignerons de la région désignent la taille ronde que l'on fait avec le sécateur, « par opposition à la taille très allongée, en biseau, que l'on faisait habituellement avec la serpette. » Avec le premier mode de faire, « la surface vive exposée à l'air est moins grande » qu'avec le second, et «<le sarment court moins de risque d'être carié 2. »

Mme Odin, se fondant sur l'usage du patois de Blonay (Vaud), dont elle va publier un Glossaire dans les Mémoires et Documents de la Société d'histoire de la Suisse romande, supposait que les mots ou ryon pouvaient désigner la pleine lune, «<le rond de la lune. » Mais cette ingénieuse explication est inadmissible, parce que jadis les vignerons lensards croyaient, au contraire, que la taille de la vigne ne devait pas avoir lieu à la pleine lune.

Au surplus, la version anniviarde de notre proverbe3 concorde parfaitement avec les explications qu'on m'a fournies à Lens:

1

1 J'entends ce même à à l'infinitif, et M. Studer le transcrit également par d.

Lettre de M. Studer, en date du 30 novembre 1904.

3 Gilliéron, Proverbes de Vissoie, en manuscrit au bureau du Glossaire. Cf. Jegerlehner, Das Val d'Anniviers (Bern, 1904), p. 75. A la même page on trouvera une variante anniviarde du numéro 11 de la collection Pfeiffer.

Poua mè ryòn', fòchooura mè prèvòn', èlouanyi mè dè moun' păr, è yò d'ouktòn', yò tè fari rigré è tsantă.

Taille-moi rond (avec incision nette), fossoie-moi profond, éloigne-moi de mon pair, et moi en automne je te ferai rire et chanter.

A Lens, après les mots fòchòra mè prèọn on ajoute souvent: māsǝrā mè ou fon (noircissez-moi au fond), c'est-àdire « mettez beaucoup d'engrais au fond du sillon ouvert par le fossoyage. » Masǝra signifie « mâchurer, noircir; >> et l'on dit communément » à Lens « qu'une vigne est noire de fumier pour dire que l'engrais y abonde1. »

27. Ratso in ròzo, ratso in kran, ratso pèr an.

Il n'est pas tout à fait exact de dire que « celui qui possède des vignes plantées en rouge et qui a des terres >> sur le plateau de Crans « aura de bonnes récoltes, mais incertaines. » Car ces récoltes passent pour être plus souvent misérables que satisfaisantes.

29 et 30. Au no 29, le pronom possessif de la deuxième personne a, au féminin pluriel, la forme tou; au no 30, la forme to: tou vinya, ta pomèta. « Les deux formes, m'écrit M. Studer, sont en usage au féminin pluriel, et on les emploie indifféremment. Il semble toutefois que la forme te devrait être préférée. »>

92. A chis apòn'doup

la dyablyò i è kònyoup.

A sourcils joints le diable y est connu.

Le substantif chis, employé seulement au pluriel, signifie <«< cils >> et << sourcils. » On sait que les sourcils joints sont assez généralement considérés comme un indice de méchanceté.

1 Lettre de M. Studer, en date du 16 décembre 1904.

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