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= nous

patois, n'a pas su me définir exactement le sens du mot; elle n'a pu m'en indiquer que l'emploi suivant: i va vit kma on pafa. Les exemples suivants, tirés du chansonnier manuscrit d'Ami Huguenin, le fondateur du Cercle du Sapin, à La Chaux-de-Fonds, ne laissent plus de doute sur la signification: Nots in à faire à dets pefâ que fouiya et nots vouéta avons à faire à des diables qui fuient et nous guettent; et surtout: pol' r'compeinsie du service d'tus les peufà qui m'vantave = pour le récompenser du service de tous les diables qu'il me vantait. Je retrouve le mot avec un sens un peu différent dans la nouvelle patoise de M. Michelin-Bert: On dmindge et Piaintschtets (Un dimanche aux Planchettes): mâ c'et k'i iann ai få de stet peufâ = mais c'est que j'en ai fait de ces méfaits. Il est donc clair que pață est un des nombreux noms du diable, et qu'il remonte à putidu factu = « le vilain fait ou putide factu« celui qui est laidement fait ». Pour le développement de actu comparez les mots få et må (magis) de la phrase de M. Michelin-Bert. Le Glossaire de Bridel indique maffi un des noms du diable, que je serais disposé à tirer de malefectus malgré les difficultés phonétiques (comparez en allemand ein Malefickerl= Teufelskerl), et qui présenterait une analogie frappante.

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III. pilā

pilā s. f. Mot fribourgeois signifiant « omelette », dérivé de la pila, la poèle (latin patella) au moyen du suffixe - ata, comparez l'expression allemande Pfannkuchen.

L. G.

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Ce petit bâtiment si rustique et si fruste, construit à bois rond1 et à coches, représente un des plus primitifs spécimens du genre chalets; c'est seulement un fenil3, un tout petit mazot pour abriter, lors de la fenaison, le foin d'une très petite propriété isolée ou des places humides d'une montagne, en attendant qu'on le fenate, c'est-à-dire qu'on le lie1 pour l'amener sous forme de faix, en hiver, au bas de la vallée où loge le bétail. Ce bâtiment est construit sur la terre nue. S'il était plus élevé et qu'il eût à son plain-pied une étable à vaches1o, on l'appellerait une grange ou plutôt une grangette11, construction fréquente dans toute la vallée des Ormonts et environs, notamment au Plan des Isles.

Forme carrée ou peu s'en faut. Une courte échelle12, appuyée contre le seuils de l'aire, placé sur les premières

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pièces ou soubassements15, et entre deux porte-soliveaux 16 à peine saillants, permet d'arriver à la porte du fenil. Celle-ci est à deux battants, ou deux portes avec pentures" jadis de bois, portes parfois à chardonne »18. Cette ouverture est suffisamment grande pour pouvoir y faire entrer d'un coup une charge de foin portée sur la tête. Les deux portes viennent parfois aboutir à un piédroit mobile1 ou montant central, assujetti par des mortaises et une cheville2o. On les tire à soi par une boucle1 ou une poignée22 de bois, et on en a vu qui fermaient avec une simple clef à languettes23 qui faisait avancer ou reculer un pène ou loquet de bois dur, à bord en dents de scie25.

La pièce de faite est soutenue par une poutre très caractéristique, bifurquée et équarrie, mais tout d'une pièce vers le haut, serrant, comme une pince, la paroi en dedans et en dehors, contribuant ainsi à en maintenir l'aplomb vertical, de même que les dagnes qui l'escortent parfois parallèlement sous deux frêtes secondaires. A la paroi opposée à la porte, ce bouatsou28 ou batsó2o descend au moins à mi-hauteur du fenil. Il fallait probablement courir, un bon moment, la forêt3 jusqu'à ce que l'on trouvât une pièce qui se prêtât à cet assemblage.

L'ètèrpyao, qui remplace parfois la porte, n'est fermé que par des étèrponon, planches placées verticalement les unes après les autres.

Des deux côtés de la porte, les deux portions de paroi adjacente s'appellent les cantons, comme en héraldique. Aux quatre angles, on voit les coches saillantes 32. Les chevrons 33

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dépassent de tous côtés le toit, en avant-toit. Malgré cela la neige chassée par le vent peut pénétrer encore par les interstices des parois. Le toit, latté, fait de gros bardeaux ou échandoles, refendus au moyen d'un départoir, est surmonté, en sens horizontal, de quelques lattes solidement retenues par des crochets de toit, puis chargé de gros cailloux11 équidistants, afin que les ouragans et gros temps ne soulèvent et n'emportent pas la toiture comme un fétu. Il faut avoir eu soin de bien assembler, crochers, les chevrons, sans quoi on verrait, malgré leurs cailloux, des toits emportés quand même par une saute de vent".

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Enfin les soliveaux ou les planches forment le plancher du petit mazot.

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REMARQUE: Le J d'Ormont-Dessus n'a pas tout à fait la valeur ordinaire de la spirante interdentale sonore, on y perçoit un reste de l'l mouillée dont il est issu. La Rédaction du Glossaire se propose d'étudier ce son particulier au moyen du palais artificiel, afin d'en donner une définition plus exacte que celle d'Alfred Odin (Phonologie des patois du canton de Vaud, p. 600).

TEXTES

La Konta d Pǝkâin.

Randonnée en patois de Champéry (Valais).

La petite composition dont nous donnons cidessous une version en patois de Champéry est bien connue des amateurs de littérature populaire. On en a signalé de nombreuses variantes dans la plupart des pays d'Europe, tantôt sous la forme de randonnée, tantôt sous celle de chanson, et on en a même poursuivi les origines lointaines jusque dans la vieille littérature judaïque et dans les récits bouddhiques de l'Inde. Il nous suffira de renvoyer les lecteurs que ce sujet intéresse aux savantes études comparatives de MM. Gaston Paris et E. Cosquin, et nous ne mentionnerons spécialement ici qu'une variante en patois gruyérien, recueillie à Albeuve et publiée par M. J. Cornu 2. C'est une randonnée comme la nôtre, mais l'entrée en matière, ainsi que le nombre et l'ordre de succession des acteurs du récit diffèrent quelque Le motif du début, qui se retrouve dans une version lorraine donnée par Cosquin, est le suivant:

peu.

2

Polon é Palouna chon jou i-j-anpé;

Ly' an ouityi tyin ly' arè lo plyə vuto plyin.
La Palouna ly' a jou plyin dévan Polon:
Palon n'a på pu alå a cha méjon.

1 Dans la Romania, I, p. 218-225 et VII, p. 548- 552. Romania, IV, p. 232.

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