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XIVe siècle marque encore un progrès; lorsqu'il finit et que le suivant commence, c'est à l'apogée que nous assistons. A la période la plus sombre de notre histoire, le règne de Charles VI, correspond par une étrange anomalie l'ère la plus brillante de la peinture appliquée aux manuscrits. Plus tard, avec Jean Fouquet ce n'est déjà plus l'enluminure qui fleurit, c'est la grande peinture qui se rapetisse au format du livre. Bourdichon, avec talent, essaiera encore de faire revivre la miniature; mais la mode a changé. Au XIIIe siècle, au XIVe et aussi au commencement du XVe, les enlumineurs sont peintres par hasard. A partir de Charles VII, ce sont des peintres qui par occasion deviennent enlumineurs. Primitifs pour leurs tableaux au Pavillon de Marsan, Fouquet et Bourdichon ne sont plus que les derniers venus parmi les miniaturistes.

C'est certainement aux efforts vers le mieux tentés pendant plusieurs siècles par les enlumineurs que les «< Primitifs français » doivent d'être ce qu'ils sont. S'ils ont pu montrer cette extraordinaire maîtrise inadmissible chez les pratiquants d'un art qui débute, c'est aux miniaturistes qu'ils en sont redevables, à ces bons et consciencieux ouvriers, si modestes qu'ils ne signent point, si grands pourtant par leur art qu'on voudrait connaître les noms des meilleurs d'entre eux pour les glorifier comme il convient.

Pénétrons donc avec recueillement dans le sanctuaire des enlumineurs. C'est là que sont les ancêtres.

(A suivre)

HENRY MARTIN

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LORÉDAN LARCHEY

(1831-1902)

ÉTUDE BIO-BIBLIOGRAPHIQUE

Récemment disparu, Lorédan Larchey laisse une œuvre qui lui assure une place distinguée parmi les érudits de la seconde moitié du XIXe siècle. Une bibliographie de ses travaux s'impose donc, et nous remercions M. Georges Vicaire, directeur du Bulletin du Bibliophile, d'avoir bien voulu nous confier le soin de sa rédaction, en souvenir de l'affection dont nous honorait le maître et l'ami envers lequel nous sommes heureux d'acquitter cette dette de reconnaissance.

Avant de mettre notre bibliographie sous les yeux du lecteur, quelques pages d'introduction sont nécessaires.

Né à Metz le 26 janvier 1831, Etienne-Lorédan Larchey était fils de François-Étienne Larchey, alors capitaine d'artillerie, devenu général de division en 1855 (1), et de Marie-Charlotte de Lacroix d'Hanonstadt, issue d'une ancienne famille de Metz (2).

(1) Exactement le 3 février 1855. Il reçut à Constantinople la notification du décret qui l'élevait à ce grade.

(2) Jacques Dominique de Lacroix (1696-1772), avocat au parlement de Metz en 1717, procureur de Roi à la Table de Marbre de Metz en

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