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AVERTISSEMENT

L'objet et le plan de ce volume sont assez clairement indiqués dès les premières pages pour qu'il nous paraisse inutile de le surcharger d'une longue préface. Nous dirons seulement que la plupart des documents inédits qui ont servi à le composer proviennent des papiers du marquis de Mirabeau. Le propriétaire actuel du château de ce nom, M. Gabriel Lucas de Montigny, a bien voulu nous confier depuis longtemps des matériaux précieux destinés à faire la base d'un grand travail sur les Mirabeau, dont la publication est maintenant commencée1. C'est en nous occupant de ce travail que, ayant trouvé dans les papiers qui nous étaient confiés un certain nombre de lettres de la comtesse de Rochefort ou de pièces relatives à elle, nous nous sommes laissé séduire et détourner un peu de notre principale entreprise par la tentation de faire revivre,

1. Ce travail, intitulé les Mirabeau, nouvelles études sur la société française au dix-huitième siècle, a commencé en effet à paraître dans le Correspondant du 10 mars et du 10 avril 1870.

II

AVERTISSEMENT

entourée de ses amis, une des femmes les plus distinguées du dix-huitième siècle et en même temps une de celles qui jusqu'ici ont le plus échappé aux recherches des écrivains de nos jours.

Pour compléter les renseignements que nous possédions sur Mme de Rochefort, nous avons eu recours à toutes les sources d'information. Nous n'avons pas toujours réussi à éclaircir tous les points de détail qui nous intéressaient, mais nous avons fait de notre mieux, et nous devons des remercîments aux personnes qui ont bien voulu nous aider dans nos investigations1.

Une partie du travail qu'on va lire a déjà paru dans la Revue des Deux Mondes, mais on s'apercevra sans peine que la seconde moitié de cette étude a été complétement refondue et considérablement augmentée.

Nous avons cru devoir publier en supplément deux de ces comédies de société qu'on jouait à l'hôtel de Brancas, et dont nous parlons au chapitre III. Nous espérons qu'elles justifieront l'opinion de Montesquieu sur l'auteur, quand il dit du frère aîné de Mme de Rochefort: « Vous devriez bien me procurer quelques-unes de ces badineries charmantes de M. de Forcalquier, qui sortaient de son esprit comme un éclair. » Nous avons joint à ces deux comédies un recueil de Pensées de Mme de Rochefort, que l'on peut considérer comme inédit, puisqu'il a été imprimé sans être publié, et la

1. Tout le monde sait que les bibliothécaires complaisants sont la providence des travailleurs; on ne s'étonnera donc pas de nous voir éprouver le besoin de remercier plus particulièrement MM. Ravenel, Rathery et Richard de la bibliothèque impériale, M. Barbier, conservateur de la bibliothèque du Louvre, et M. de Caussade, attaché au même établissement.

relation inédite d'un voyage de Douvres à Londres par le duc de Nivernois.

En définitive, l'ouvrage que nous soumettons au public, quoique plus difficile à exécuter qu'il ne le paraîtra peut-être au premier abord, n'a aucune prétention à l'importance historique : c'est une série de portraits et de tableaux de mœurs arrangés pour faire ressortir les habitudes et les goûts d'une société qui n'existe plus. Nous nous sommes attaché surtout à intéresser le lecteur par la variété des figures et des nuances; mais, tout en donnant beaucoup aux détails, nous avons cru devoir cependant terminer cette étude par des considérations d'une portée plus générale, qui s'appliquent à l'ensemble des changements accomplis depuis 1789, dans l'esprit et dans les mœurs de la société française.

Paris, 1er mai 1870.

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