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teliers. D'après un ancien plan de la ville et d'autres indications, cet édifice religieux devait être situé à côté de la maison Develey, près de la route, alors extrêmement étroite, qui se dirigeait d'Yverdon à Grandson, en passant près de Fiez-Pictet.

En 1531, la porte de Cheminet s'écroula '; comme c'était par cette entrée de ville que passaient toutes les denrées et les marchandises que l'on tirait de France, et en particulier, une partie du sel consommé dans ce pays, on ne put attendre que le désastre fût réparé, et l'on se hâta d'établir un passage entre Gleyre et la chaussée de Treycovagnes. On fit dans ce but l'acquisition de plusieurs jardins; la même année, on fut aussi obligé de refaire et d'agrandir le pont de Gleyre3. Ce fut probable

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Vuill. Poyet et domini Ambrosii et Petri Villanchet prope Sanc» tum Nycolas de Glery eo quod aqua itineris de Glery se vacuaret quia gentes non poterant transire propter magnas pluvias quae

>> replerunt totum iter.» « 1485. Item recepit a Vuillo Poyet pro > orto sito retro capellam Sancti Nycholay de Glery sibi accen

» sato. »

1 « 1531. Libravit die Mercurii post festum Epiphaniae Domini » pro expensis factis per magistrum Jacobum Cuchetum, Jacobum Bonvespis, Jacobum Bacherii, Johannem Mermod, Glaudium

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>> Joccet juniorem, etc., qua die posuerunt melas in possessionibus » de novo emptis pro faciendo unum iter novum en glerit pro >> eundo per calciatam de Chemynet eo quod porta villae de Che>> mynet est cassata, 7 s. 6 d.

2 << 1413. Item libravit Vuill. Ruet. Girardo Philipoz, Henchi>> mano chapuis (charpentiers) pro tribus dietatis per ipsos factis >> in ponte de Cheminet quae fuit alterata subtus uno curru salis, » 7 s. 7 d. »

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«< 4531. Marrinum pro faciendo ibi in itinere de novo con»structo unum pontem novum. »

ment depuis cette époque que l'ancienne entrée de ville du côté de l'hôpital fut abandonnée.

XI. La promenade de derrière le lac.

Il nous reste, pour terminer notre description des environs de l'ancienne ville d'Yverdon, à dire quelques mots de la localité renfermée entre le lac, les deux Thièle et les murailles de la cité. Au quinzième siècle, et même plus tard, cet emplacement, maintenant orné de charmantes promenades, n'avait pas une étendue aussi considérable que de nos jours. Le lac était plus rapproché de la ville; la petite rivière ou la vieille Thièle ne se dirigeait pas, comme à présent, en droite ligne vers le lac. A peu de distance de la buanderie publique, elle se détournait à main gauche et elle allait se jeter dans la grande rivière près des bâtiments où se trouvent les ateliers du chemin de fer. Les barques ou bateaux qui, depuis le lac, en remontaient le cours, venaient déposer leurs marchandises ou s'amarrer à un petit port situé vis-à-vis du château. On l'appelait le port de la Plaine (Portus Planae). Quelquefois les eaux de la petite rivière débordaient et laissaient, en se retirant, des flaques d'eau qui, faute d'écoulement, croupissaient et viciaient l'air à l'entour. Aucun des grands bâtiments actuels qui servent de dépôt aux marchandises, n'occupait les rives du port le long de la Thièle ou grande rivière. Une petite halle, rapprochée du pont de Gleyre, était plus que suffisante pour recevoir celles qui passaient en transit par Yverdon, et l'ancienne compagnie des bateliers ou navatiers, qui plus tard prit plus d'importance et eut ses

règlements particuliers, sa police et ses priviléges sous un chef portant le titre d'Abbé, était à cette époque fort peu nombreuse et fort peu occupée.

Cependant une portion de ce terraiu était consacrée, comme de nos jours, aux divertissements et aux évolutions militaires des habitants et des défenseurs de la ville. Quelques beaux arbres, et, en particulier, le grand tilleul, contribuaient déjà à l'embellissement de cette promenade. C'est là que les membres des nobles familles d'Yverdon se réunissaient pour aller lancer le faucon1. C'est là que les processions avaient coutume de se rendre pour se diriger ensuite sur le port vers un prie-Dieu en pierre qui occupait l'emplacement du magasin de Zurich, maintenant abattu. Enfin, c'est là que se tenaient les réunions de tir de tout temps si chères aux Vaudois.

1 « 1456. Libravit prenominato Petro Jocet pro expensis factis » in domo sua die Mercurii ante festum Sancti Vincensii in cena >> qui tenuerunt societatem dicto domino Grueriae qui venit Yver>> dunum pro faciendo vollare suos falcones super avatibus per no»blem Vuill. de Balmis, G. Legier, H. Auberson, J. Legier, J. » Bachier. Item die Jovis sequentis in cena per nobles Humbertum » de Collumberio, domino de Vuillerens, castellani Yverduni, » G. de Balmis, J. Mistralis, 12 s. 6 d. »

2 Il est probable que la tête de pierre que l'on retira de la Thièle, il y a une soixantaine d'années, au moyen d'un râteau dont on se servait en guise de drague, était un fragment de la statue du Christ qui surmontait le prie-Dieu. L'espèce de couronne dont elle était entourée était, sans doute, les restes de la couronne d'épines. Selon toutes les apparences, le prie-Dieu fut abattu à l'époque de la réformation et ses débris jetés dans la rivière. Nous ignorons ce qu'est devenue cette tête de pierre. Celle qui est déposée au musée a été trouvée dans le pré de M. Du Terraux, près du cimetière.

Comme il en est très-souvent fait mention dans les archives d'Yverdon, nous consacrerons quelques lignes à ce sujet.

La ville d'Yverdon fut toujours considérée dans le moyen âge, et même plus tard, comme une place trèsforte. Elle devait cette réputation, non-seulement à sa position topographique, à ses fortes murailles et à son château, mais aussi à la valeur de ses bourgeois qui, de tout temps, se montrèrent prêts à voler au secours de leurs princes et à défendre leur petite cité. Nous avons eu occasion de signaler la résistance courageuse qu'ils opposèrent aux attaques du comte Pierre de Savoie qui ne parvint à se rendre maître d'Yverdon qu'après un long siége et en l'affamant. Une fois que la ville fut définitivement acquise à la Savoie, ses habitants continuèrent à se livrer à leurs exercices guerriers, et, quand la patrie de Vaud eut besoin de ses enfants, la bannière d'Yverdon ne fut pas la dernière à marcher avec honneur au combat.

Avant l'invention de la poudre à canon, les armes consistaient en bâtons de guerre, en piques quelquefois trèslongues, en hallebardes, en arcs et en arbalètes. Ces

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1 On lit ces mots dans un acte du 22 mars 1436: « Villa in loco limitroffo et totum territorium dicti loci in limitibus patriae Vaudi » a parte Burgundiae prope comitatum Burgundiae et terras prin>> cipis Avantice et est clavis una Patriae Vaudi. »

2 << 1454. Libravit prenominato Petro Jocet pro expensis factis in >> domo sua die sabati ante dominicam de oculi in cena per ma» gistrum balistarum S. Rubei, Ioh. Bachiez, Rossatz et Nycodum >> Braeri qua die de mandato consilii et retroconsilii fecerunt >> trahere undecim balistas factas per dictum magistrum de anti>> quis arcubus ville pro sciendo si essent recipiendae per villam, » 2 s. 9 d. »

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dernières étaient d'espèces différentes; les plus simples se tendaient avec la main et ne lançaient qu'une flèche; d'autres en lançaient plusieurs à la fois. Il y avait des arbalètes si massives, qu'on ne pouvait les tendre qu'au moyen d'un tour à vis, d'une manivelle et d'autres instruments. Les traits de flèches étaient munis de fers à quatre pans, enchassés et collés au bois'. On les appelait carrels, carrelets ou viretons. On disait infléchier les carrels, quand on les adaptait aux traits. A l'extrémité opposée au carrel, chaque trait était muni de deux ailes en fer; il était alors empenné.

Il y avait à Yverdon deux compagnies d'archers et d'arbalétriers; chacune avait son chef que les archives désignent sous les noms de arcum magister et de magister balistarum 2. Toutes les deux étaient placées, comme en général le reste de la milice de la place, sous le commandement du banneret (vexillarius) auquel appartenait l'honneur de porter l'étendard de la ville, lorsque les troupes de la cité étaient appelées à se mettre en campagne. On choisissait pour faire partie de ces compagnies les jeunes gens les plus adroits. Ils portaient une

1 « 1448. Libravit Hensillino Pictiez pro una libra cum dimi> dia cole et una uncia de blanc de pulie ab ipso emptis per dictum » computantem pro colando carrellos et artilliariam villae, 2 s. » 9 d.

2 A une époque plus récente, on les nomma Suchymeiter (Schützenmeister). Voici les noms de quelques-uns de ces chefs. En 1456, Hurry, magister balistarum; 1459, Pierre Ruey, idem. 1471. Antoine Fudraul, suchymeister sociorum balistariorum ; Jacques Cordey; Etienne de Glant, arcum magister; 1502, Claude Cordey, idem.

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