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HISTOIRE ET ANNALES

DE LA

VILLE D'YVERDON

DEPUIS LES TEMPS LES PLUS RECULÉS

JUSQU'A L'ANNÉE 1845

HISTOIRE

DE LA

VILLE D'YVERDON.

CHAPITRE PREMIER.

Yverdon avant l'établissement des Romains.

A une époque inconnue le lac qui porte de nos jours le nom de lac de Neuchâtel, s'étendait bien au delà de ses limites actuelles. Ses eaux, comme tout l'annonce, recouvraient les grandes prairies marécageuses horizontales sur lesquelles il se termine au sud-ouest. De sombres et épaisses forêts bordaient de toutes parts ses côtes solitaires. Le mugissement de la tempête, le cri des oiseaux de proie et des animaux féroces interrompaient seuls le silence des bois de la vallée au fond de laquelle il est situé. L'homme n'avait pas encore fait son apparition dans ces lieux maintenant si riants et si peuplés.

On ignore les circonstances qui amenèrent les premiers habitants sur ses rives. Y cherchèrent-ils un refuge contre les atteintes d'ennemis acharnés? Y furent-ils poussés par

une autre nécessité, ou cédèrent-ils seulement à l'attrait de cette curiosité qui nous fait rechercher de préférence les contrées lointaines et inexplorées? Nul ne le sait et ne peut le dire.

Ce que l'on peut affirmer, c'est que dans un temps trèsreculé et bien des siècles avant l'établissement des Romains, les bords de notre lac ont été occupés par des peuplades de chasseurs et de pêcheurs, prédécesseurs peut-être des Celtes ou Helvétiens issus des Gaulois. Ce fait a été mis hors de doute par des découvertes ré

centes.

On sait qu'en 1854, à la suite d'une grande sécheresse, le niveau du lac de Zurich se trouvant considérablement abaissé, on aperçut à quelque distance de la rive, près du village de Meilen, une quantité considérable de pilotis. Les fouilles que l'on se hâta d'exécuter entre leurs interstices firent sortir d'une couche de sable, où ils étaient enfouis, une multitude d'objets curieux, haches de pierre, marteaux de pierre, cornes de cerf, instruments en silex et en bronze, poteries grossières, etc. Dès lors, l'attention des antiquaires fut vivement excitée. On examina avec soin d'autres rives et d'autres lacs et l'on ne tarda pas à retrouver près de Bienne, de Morges et en d'autres endroits des lignes de pieux et des pièces semblables à celles qu'on avait découvertes près de Meilen.

Pouvait-on espérer de rencontrer dans nos environs les mêmes constructions et les mêmes antiquités? Tout le faisait présumer. Déjà Haller en 1812 avait cru recon

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1 Haller, Helvetien unter den Römern, 2e partie, page 228. Berne, 1812, in-8°.

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