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porations et des marchands; c'est là que les musiciens ambulants et les Sarrazins venaient exécuter leurs chants et leurs danses1; enfin, c'était là que se célébraient les mystères, ces espèces de représentations dramatiques si goûtées dans ce temps-là. Les échafauds mobiles qui servaient à ces sortes de spectacles étaient ordinairement dressés vis-à-vis de la halle, et les acteurs qui jouaient ces moralités étaient le plus souvent les élèves des écoles et même des prêtres2.

XVII. Le Faubourg de la Plaine.

Le quartier de la Plaine, séparé de la ville par la petite rivière ou vieille Thièle, a été plusieurs fois incendié et les anciennes maisons ont presque totalement disparu. Au moyen âge, il n'y avait dans la rue désignée de nos jours sous le nom de Faubourg de la Maison-Rouge qu'une ou deux maisons et l'un des deux fours de la ville. Les petites boutiques (les boutiquettes) démolies il y a

1 « 1459. Libravit Jaqueto Chassot de mandato consilii pro sex » potis vini datis dictis Saracenis die festi Sancti Bartholomaei eo » quod fecerunt et coriaverunt unam morescham, 3 s. »

2 « 1454. Libravit de mandato consilii qui fuerunt dati rectori » scolarum Yverduni eo quod luserunt die domini festi sanctae >> Trinitatis miraculum factum per Sanctum Nycolaum de clero >> suspenso et de ancilla combusta, 24 s. » « 4481. Libravit de » mandato consilii illis qui luserunt et fecerunt ystoriam passio>> nis Domini nostri die veneris sancta et resurrectionis Domini >> nostri die lunae sequenti qui fuerunt ipsis datae eo quod substi» nuerunt magnas missiones, 4 L. 16 s. » 1484. Libravit Guillo » de la Labina pro reparatione tecti alae destructi per illos qui fe>> cerunt ystoriam sancti Nycolai. >>

deux ans, n'ont été élevées qu'en 1502', environ, sur une place qui avait appartenu anciennement à Jeannette de Cossonay, puis à Humbert de Collombier, et enfin à sa fille Jeannette, épouse de Clément de Chantonay2. La ville en avait fait l'acquisition en 14493, et y avait établi en 1459 de petites boucheries à côté de celle qui s'y trouvait déjà et qu'on nommait la boucherie dou Tagoz. Plus tard, en 1513, on établit près de là un poids public3, qui a été transporté dernièrement près du casino.

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Les habitants de la Plaine qui se rendaient à l'église paroissiale et au cimetière qui y était attenant, passaient par le faubourg que l'on appelle encore maintenant le faubourg de Notre-Dame. C'est là que se trouvait une vieille maison de bains ou Bastuben'.

Un bourgeois d'Yverdon qui demeurait dans la dernière maison de la Plaine, du côté du nord, a donné son nom à la ruelle qui longe la propriété de M. Du Terreaux. Il est probable que François Bonczan ou Baus

1 « 1502. Pro censu scamni existentis subtus ante tectum alae » et camerularum existentium in fine pontis planae. >>

2 Grosse Magnin, et l'indominieure de la ville d'Yverdon. 31449. Libravit castellano Yverduni pro tribus cupis vini per >> dictum solutis tam pro acquisitione domus scolae, macelli dou > tagoz quam pro furno planae. >>

« 1459. Reparando macellum sive loz excorchioux planae. >> 5 « 1543. Faciendo camerulam ponderis Yverduni, 40 s. » 6 « Borgellus Dominae nostrae. Borgellus per quem itur in ec» clesiam beatae Mariae Virginis. »

71431. Libravit dicto Gonraz qui volebat locare hanc bastu» bam. >> Registre du conseil, 11 mai 1605.

8 Grosse Magnin. « Recognitio petri filii quondam Iacobi Cuendoz » burgensis Yverduni,... in plana a parte lacus... carreriam publi.

san, fondateur de la chapelle de St-Jacques dans l'église de Notre-Dame, a laissé le sien à l'emplacement qui termine maintenant le faubourg du côté du lac. Les registres du conseil des années 1601 et 1604 nous apprennent que l'on a découvert dans ce lieu, vers cette époque, les fondements de vieilles murailles et une grande quantité de pierres qui pourraient bien provenir de l'ancien hôpital d'Yverdon, dont il est fait mention dans le recueil de 1590. La fontaine de la Plaine, car il y en avait déjà une en 1431, était alimentée par une source d'eau qui se trouve près des bains1.

Nous ne quitterons pas cette partie de la ville sans parler de quelques maisons qui ont été habitées par certains personnages dont les noms sont souvent cités dans les archives d'Yverdon.

La maison Roulet, dite la maison des Colonnes, autrefois hôtel de la Croix-Blanche, ancienne propriété Roguin, et célèbre pour avoir servi pendant quelque temps de demeure à Jean-Jacques Rousseau, appartenait, au moyen âge, à l'illustre et nombreuse famille des sires de Collombier et de Vuillerens3. Ces opulents seigneurs pos

>> cam dictae planae ex vento, et carreriam tendentem de longi» tudine terralis planae ad lacum ex oriente. >>

1 « 1431. Bornelli Balneorum per ipsum adducti in plana Yverduni. »

2 Registre du conseil, 1684. « Sous l'avant-toit de la maison de » Monsieur Daniel Roguin où estoit cy-devant le logis de la croix >> blanche. » Cet hôtel fut dans la suite transporté au faubourg de la Maison rouge.

3 Grosse Magnin. « Recognitio nobilis Iohannis Donati de Vuil» lerens: 1499. Unam domum sitam in plana Yverduni a parte » lacus una cum curtile retro dicte domus contiguo et continet dicta

sédaient des terres' sur le territoire d'Yverdon et plusieurs immeubles dans la ville, entre autres, une grande maison dans la rue de la Thièle, qu'ils tenaient par héritage de Pierre et de Vuillerme de Baulmes. Mais c'était à la Plaine qu'ils faisaient ordinairement leur résidence, quand ils quittaient leurs vieux manoirs. Ils y occupaient non-seulement la demeure que nous venons de mentionner, mais ils avaient encore, de l'autre côté de la Plaine, une autre habitation sur le sol de laquelle a été construite la maison actuelle de M. Roguin3, et l'hôpital leur avait affermé le vaste jardin ou prairie qui y est attenante'.

Les seigneurs de Collombier ont joué un si grand rôle à Yverdon et ils ont procuré de si grands avantages à cette ville, que l'on sera, sans doute, bien aise de posséder quelques renseignements sur cette noble et ancienne fa

» domus quinque teysias juxta domum Mathei et Mathias et Ste>> phani ejus fratris quae fuit Ambrissodi Doyerat ab oriente; do» mum Glaudii filii quondam Janini Barberii alias David ab occi>> dente; carreriam publicam a vento; et ruetam communem a > borea. >>>

1 Entre autres le pré des bains vendu le 23 mars 1613 à noble Humbert de Treytorrens.

2 Là où a été bâtie la maison de MM. Constançon.

3 Voir les giètes de 1424 et de 1457.

4 « 1454. Recepit a nobilibus Francisco Ludovico et Iohane de » Collumberio fratribus pro orto dou mareschat. » L'hôpital avait reçu en don cette propriété de Henri Renevier et l'avait fait en partie clore de murs. Ce ne fut qu'en 1664 que la ville se défit de ce terrain dont la famille de Treytorrens avait eu la jouissance au seizième siècle. Elle le vendit à Jean Michel Doxat et à François Malherbe pour le prix de 14,000 florins.

mille qui, dans le 14e et le 15e siècle, était une des plus puissantes et des plus illustres du pays de Vaud.

Guillaume de Collombier obtint la seigneurie de Vuillerens, en 1330, par son mariage avec l'héritière de la famille de Duyn, à laquelle le château de Vuillerens appartenait au 14e siècle. Il ne paraît avoir eu de cette union qu'un fils, Humbert du nom, qui devint gouverneur ou grand-bailli de Vaud en 1366 et en 1369. Les deux enfants de ce dernier, Jean et Guillaume', étaient châtelains d'Yverdon en 1423 et 1427. Jean de Collombier ne laissa probablement pas de lignée. Guillaume, son frère, nommé grand-bailli de Vaud en 1446 et 1449, eut deux fils; Henri, seigneur de Vufflens, chevalier de l'ordre de St-Maurice, compagnon de retraite d'Amédée VIII, dans son ermitage de Ripaille, qui fut chatelain d'Yverdon en 1472, et mourut sans enfants; Humbert, qui fut aussi châtelain d'Yverdon en 1454. Ce dernier laissa trois fils, Louis, François et Jean-Donat, et deux filles, Jeannette et Isabelle. François de Collombier entra dans les ordres, fut d'abord élevé à la dignité de protonotaire apostolique et de chanoine de Lausanne, puis devint abbé d'Haute

1 Guillaume de Collombier avait acquis en 1424 la mestralie d'Yverdon des hoirs de Nicod de Treyvaul pour 152 écus d'or de France. Le mestral devait sceller les mesures de tout le mandement d'Yverdon. Ce fut vraisemblablement à cette époque que les Collombier se fixèrent à Yverdon. En 1344, le mestral d'Yverdon était Jacob de Ragimbert. Louis de Savoie, seigneur de Vaud, lui avait concédé en fief sous hommage lige la mestralie d'Yverdon pour le prix de 160 florins de Florence, bon or. « Cum clamis sex denariorum, » salanionibus salis, linguis bovum et vaccarum occisorum in » macello. Una cum juribus, actionibus, exitibus, proventibus, >> emolumentis. » Archives cantonales, Bailliage d'Yverdon, t. I.

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