Tableau de Paris, Volume 1

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Chez Vinchaux & Compagnie, 1781 - 400 pages

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Popular passages

Page 3 - ... plutôt qu'ailleurs ? Et de là naissent peut-être ce sentiment vif et léger qui distingue le Parisien, cette étourderie, cette fleur d'esprit qui lui est particulière. Ou si ce ne sont pas ces particules animées qui donnent à son cerveau ces vibrations qui enfantent la pensée, les yeux, perpétuellement frappés de ce nombre infini d'arts, de métiers, de travaux, d'occupations diverses, peuvent-ils s'empêcher de s'ouvrir de bonne heure, et de contempler dans un âge où ailleurs on...
Page 57 - Pont-Neuf senties racoleurs, qu'on appelle vendeurs de chair humaine. Ils font des hommes pour les colonels qui les revendent au roi. Autrefois ils avaient des fours où ils battaient, violentaient les jeunes gens qu'ils avaient surpris de force ou par adresse, afin de leur arracher un engagement. On a supprimé enfin cet abus monstrueux : mais on leur permet d'user de ruse et de supercherie pour enrôler la canaille.
Page 16 - C'est dans les grandes villes que le Philosophe lui-même se plaît, tout en les condamnant ; parce qu'il y cache mieux qu'ailleurs sa médiocre fortune ; parce qu'il n'a pas du moins à en rougir ; parce qu'il y vit plus libre, noyé dans la foule ; parce qu'il y trouve plus d'égalité dans la confusion des rangs ; parce qu'il...
Page 183 - La fortune vint à la suite de la renommée : il enrichit la langue d'un mot nouveau : et comme c'est le peuple qui fait les langues, ce mot restera ; on dit ramponer, pour dire boire à la guinguette hors de la ville, et un peu plus qu'il ne faut. La réputation du P.
Page 30 - Il est vrai que la douane obstrue et fatigue horriblement le commerce. Dès qu'on est sur le pavé de Paris, on voit bien que le peuple n'y fait pas les lois : aucune commodité pour les gens de pied, point de trottoirs. Le peuple semble un corps séparé des autres ordres de...
Page 2 - Babylonc se réalise tous les soirs dans un lemple dédié à l'harmonie. On a dit qu'il fallait respirer l'air de Paris pour perfectionner un talent quelconque. Ceux qui n'ont point visité la capitale, en effet, ont rarement excellé dans leur art. L'air de Paris, si je ne me trompe, doit être un air particulier. Que de substances se fondent dans un si petit espace ! Paris peut être considéré comme un large creuset, où les viandes, les fruits, les huiles, les vins, le poivre, la cannelle,...
Page 58 - C'est de cette manière qu'on vient à bout de compléter une armée de héros qui feront la gloire de l'État et du monarque. Ces héros coûtent au bas du Pont-Neuf trente livres pièce ; quand ils sont beaux hommes, on leur donne quelque chose de plus.
Page 102 - Dans le plus grand nombre des cafés, le bavardage est encore plus ennuyeux ; il roule incessamment sur la gazette. La crédulité parisienne n'a point de bornes en ce genre ; elle gobe tout ce qu'on lui présente, et, mille fois abusée, elle retourne au pamphlet ministériel.
Page v - Je parlerai 392 des mœurs publiques et particulières, des idées régnantes, de la situation actuelle des esprits, de tout ce qui m'a frappé dans cet amas bizarre de coutumes folles ou raisonnables, mais toujours changeantes. Je parlerai encore de sa grandeur illimitée, de ses richesses monstrueuses, de son luxe scandaleux.
Page 102 - Dans quelques-uns de ces cafés, on tient bureau académique ; on y juge les pièces de théâtre ; on y assigne leur rang et leur valeur ; et les poètes qui vont débuter y font ordinairement plus de bruit, ainsi que ceux qui, chassés de la carrière par les sifflets, deviennent ordinairement satiriques ; car le plus impitoyable des critiques est toujours un auteur méprisé...

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