= DE HISTOIRE FRANCE DEPUIS LES ORIGINES JUSQU'À LA RÉVOLUTION PUBLIÉE AVEC LA COLLABORATION DE MM. BAYET, BLOCH, CARRÉ, COVILLE, KLEINCLAUSZ, LANGLOIS, LEMONNIER, LUCHAIRE, MARIÉJOL, PETIT-DUTAILLIS, PFISTER, Droits de traduction et de reproduction réservés. That RR.A 3-20-41 LIVRE PREMIER LA RÉGENCE ET LE MINISTÈRE CHAPITRE PREMIER LE GOUVERNEMENT DÉLIBÉRATIF DES CONSEILS 1 (1715). I. LE TESTAMENT DE LOUIS XIV. II. L'ORGANISATION DES CONSEILS III. L'OEUVRE DES CONSEILS, LE CONSEIL DE FINANCE ET LE DUC DE NOAILLES (1715-1718). IV. L'ABAISSEMENT DU PARLEMENT DE PARIS (1718). -V. LA RUINE DES CONSEILS (1718-1720). L I. LE TESTAMENT DE LOUIS XIV E testament de Louis XIV fut présenté au Parlement de Paris le 2 septembre 1715, lendemain de la mort du Roi. Il établissait, comme on a vu au précédent volume, un Conseil de Régence. Ce Conseil comprenait le duc d'Orléans, le duc de Bourbon, pour le jour où ce prince, qui avait vingt-trois ans, en aurait vingt-quatre, le duc du Maine et le comte de Toulouse, bâtards du Roi défunt, les 1. SOURCES. Recueil général des anciennes lois françaises (Isambert), Paris, 1822-1827, 1. XXI (Déclaration du 15 septembre 1715; Règlement du 22 décembre 1715). Remontrances du Parlement de Paris au XVIIIe siècle, p. p. Flammermont et Tourneux, Paris, 1888-1898 (collection des Documents inédits), 3 vol., t. I. Documents relatifs aux rapports du clergé avec la Royauté de 1705 à 1789, p. p. Mention, Paris, 1903, 2 vol., t. I. Boulainvilliers (De), Histoire de l'ancien gouvernement de la France, La Haye et Amsterdam, 1727, 3 vol. in-12. État de la France, Londres, 1737, 6 vol. in-12. Saint-Simon, Mémoires complets et authentiques sur le siècle de Louis XIV et la Régence, p. p. Chéruel, Paris, 1873, 20 vol. t. XII, XIII, XIV, XV, XVI et XVII. L'édition de Saint-Simon des « Grands Ecrivains de la France (p. p. De Boislisle) s'arrête actuellement à l'année 1711. Buvat, Journal de la Régence, p. p. Campardon, Paris, 1865, 2 vol., t. I. Staal de Launay (Mme de), Mémoires, coll. Petitol, t. LXXVII. Marais (Mathieu), Journal et Mémoires... sur la Régence et le règne de Louis XV (1715-1737), p. p. De Lescure, Paris, 1863-1868, 4vol., t. I. Duclos, Mémoires secrets, coll. Michaud et Pouj., 2 série, t. X. Noailles, Mémoires, coll. Petitot, t. LXXIII. Villars, Mémoires, Paris, 1884-1892, 5 vol., t. IV (Société de l'Hist. de France), Duchesse d'Orléans, princesse LE TESTAMENT DE LOUIS XIV. ( I ) LE DUC DU MAINE ET LE DUC D'ORLÉANS. maréchaux de Villeroy, d'Huxelles, de Tallard, d'Harcourt, les ministres ou secrétaires d'État en fonction. Le Conseil devait pourvoir à toute vacance parmi ses membres. Le duc d'Orléans présidait, mais n'avait de suffrage prépondérant qu'en cas de partage égal des voix. Le Conseil avait droit de délibérer sur toutes les affaires, et de nommer à tous emplois ou commissions, depuis les dignités d'évêques ou d'archevêques, jusqu'aux plus bas grades de l'armée, jusqu'aux petits offices de finance et de judicature. Il était impossible au Régent de s'insurger contre le Conseil; car le testament donnait au duc du Maine, avec la surintendance de l'éducation du Roi, le commandement des troupes de la Maison. Ainsi Louis XIV, qui ne pouvait avoir oublié le testament de Louis XIII et ce qu'il en advint, essaya pourtant de se survivre en disposant de l'avenir; et par une singulière inconséquence, lui, l'instaurateur de la pleine autorité monarchique, il prétendait instituer un régime où le chef de l'État était dominé par l'oligarchie d'un Conseil. Deux adversaires se trouvent alors en présence, le duc du Maine et le duc d'Orléans. Le premier s'appuie sur « la vieille Cour », c'està-dire sur le parti de Mme de Maintenon, sur les Ultramontains, le palatine, Correspondance (Trad. P. Brunet), Paris, 1863. 2 vol. Forbonnais (Véron de), Recherches et considérations sur les finances de France, depuis l'année 1595 jusqu'à l'année 1721, Bale, 1758, 2 vol. in-4°. Boisguilbert, Détail de la France (Économistes financiers du XVIe siècle, p. p. E. Daire, Paris, 1843, dans la Collection des principaux économistes », p. p. Blanqui, Rossi et H. Say, t. I). OUVRAGES A CONSULTER. Lemontey, Histoire de la Régence et de la minorité de Louis XV, jusqu'au ministère du Cardinal de Fleury, Paris, 1832, 2 vol., t. I. Lacretelle, Histoire de France pendant le XVIIIe siècle, Paris, 1812, 6 vol., 3e éd., t. I. Jobez, La France sous Louis XV, Paris, 1864-1873, 6 vol., 3 éd., t. I. Michelet, Histoire de France, t. XIV. De Carné, La Monarchie française au XVIIIe siècle, nouv. éd., Paris, 1864. Luçay (De), Des origines du pouvoir ministériel en France. Les Secrétaires d'Etat depuis leur institution jusqu'à la mort de Louis XV, Paris, 1881. Lavergne (De), Les économistes français du XVIIIe siècle (Abbé de Saint-Pierre), Paris, 1870. Picot M.-J.-P.), Mémoires pour servir à l'histoire ecclésiastique pendant le XVIII siècle, Paris, 1853-1857, Paris, 1893, 7 vol., t. I. Rocquain. L'esprit révolutionnaire avant la Révolution (1715-1789), Paris, 1878. Aubertin, L'esprit public au XVIIIe siècle, Paris, 1873, 2o éd. Vignon (E.-J.-M.), Études historiques sur l'administration des voies publiques en France aux XVII et XVIIIe siècles, Paris, 18621880, 4 vol., t. II. Bailly (A.), Histoire financière de la France, Paris, 1830, 2 vol. Levasseur, Recherches historiques sur le système de Law, Paris, 1854. Courtois (Alph.), Histoire des Banques en France, Paris, 1881, 2 éd. Vuitry, Le désordre des finances el les excès de la spéculation à la fin du règne de Louis XIV et au commencement du règne de Louis XV, Paris, 1885. Clamageran, Histoire de l'impôt en France, Paris, 1866-1876. 3 vol., t. III. Houques-Fourcade, Les Impôts sur le revenu en France au XVIIIe siècle, Histoire du Dixième el du Cinquantième, Paris, 1889. Paultre (Christian), La « Taille tarifée de l'Abbé de SaintPierre et l'Administration de la taille, Paris, 1903, in-8°. Marion, L'impôt sur le revenu au XVIIIe siècle, principalement en Guyenne, Paris, 1901. A. Dubois, Précis de l'histoire des doctrines économiques, t. I, Paris, 1903, in-8°. Baudrillart (Alf.), Philippe V et la Cour de France, Paris, 1890, 4 vol., t. II. Wiesener, Le Régent, l'abbé Dubois et les Anglais, d'après les sources britanniques, Paris, 1891. 3 vol. P. Clément, Portraits historiques (Le garde des Sceaux D'Argenson), Paris, 1855. Sainte-Beuve, Nouveaux Lundis, t. X, 1868 (Louis XV et le Maréchal de Noailles). Baudrillart (H.), Histoire du luxe privé et public, depuis l'antiquilé jusqu'à nos jours, Paris, 1878-1881, 4 vol., t. IV. Pape et l'Espagne. Le second a pour lui la sympathie des Jansénistes, par conséquent du Parlement, celle des Pairs, et, en général, de tous les mécontents du dernier règne, et des jeunes; il s'appuie, au dehors, sur George Ier d'Angleterre. Le Régent', très intelligent, très instruit, capable de parler en connaisseur politique et finance, musique et peinture, chimie, médecine, ou mécanique, était débauché, indifférent au bien et au mal, sans ambition, sans haines, sans le « ressort » que ces sentiments inspirent, «< incapable de suite dans rien », inappliqué, timide « à l'excès ». Abandonné à lui-même, il aurait sans doute subi le régime du testament; mais il était le chef d'une cabale qui ne pouvait permettre qu'il s'y résignât. Son ami, le duc de Saint-Simon, et son ancien précepteur, l'abbé Dubois, le décidèrent à agir. Le 2 septembre 1713, le Parlement, « garni des Pairs », s'assembla. Le testament fut ouvert et lu. Le duc d'Orléans, d'une voix basse, hésitante et troublée, déclara ne pouvoir gouverner avec un Conseil de Régence qu'il n'aurait pas choisi. Le duc du Maine, qui avait plus peur encore que le Régent, soutint qu'il ne pouvait prendre la charge de l'éducation du Roi s'il n'avait le commandement de la Maison. Ils en vinrent à se quereller sur le degré de confiance que leur aurait témoignée le feu roi; ils furent à ce point ridicules qu'on les pria de sortir pour aller continuer leur dispute dans une chambre voisine. Quand le duc d'Orléans rentra, il avait pris de l'assurance. Il dit n'avoir pu s'entendre avec son adversaire, promit au Parlement de lui rendre le droit de remontrances, et annonça l'établissement d'un gouvernement où des conseils particuliers prendraient la place des secrétaires d'État. On l'applaudit; le Premier Président recueillit les opinions; un arrêt déclara le duc d'Orléans Régent de France, avec le droit de constituer à son gré le Conseil de Régence et les Conseils qu'il jugerait nécessaires, d'accorder à qui bon lui semblerait charges, emplois, bénéfices et grâces. Le duc du Maine serait surintendant de l'éducation du Roi; mais le Régent aurait le commandement de la Maison militaire. CARACTÈRE DU RÉGENT. SÉANCE DU 2 SEPTEMBRE 1715 AU PARLEMENT. SÉANCE ABOLITION DU TESTAMENT. Le 12 septembre, le petit Roi, il avait cinq ans, - alla tenir un lit de justice. Pour que la décision du 2 septembre fût valable, il DU 12 SEPTEMBRE. fallait en effet que Louis XV la validât. Il s'assit, ayant à ses pieds le duc de Tresmes, à sa droite le duc de Villeroy, son gouverneur, et à sa gauche sa gouvernante, Mme de Ventadour, assis sur des tabourets, au bas des degrés du trône; deux massiers et six hérauts s'agenouillèrent. Le chancelier Voysin parla de l'accablement où la 1. Voir Histoire de France, t. VIII, 1, p. 444. 3 |