n'aurait pas cédé son terrain avant même de construire ou en cours de construction, de façon qu'il n'y ait pas eu lieu de dresser, à proprement parler, l'acte de vente d'une maison. Quoi qu'il en soit, le 6 octobre 1650, Jacques de Hillerin était propriétaire de l'immeuble qui nous occupe car, par acte signé chez les notaires Leguay et Saint-Waast, il faisait donation de « sa maison » de la rue des PetitsAugustins à son neveu Messire Pierre de Hillerin, chevalier, seigneur de La Guérinière et de Bucq, conseiller, maître d'hôtel ordinaire du roi, demeurant à Paris, au cloître Notre-Dame, paroisse Saint-Jean-le-Rond. La maison est désignée comme sise à Saint-Germain-desPrés-lès-Paris, rue des Religieux Augustins réformés et consistant en un corps d'hôtel, cour, écurie, puits mitoyen entre ladite maison et le jardin de l'hôtel où demeure <«<ledit sieur donnant », tenant d'une part audit jardin, d'autre aux dits religieux Augustins, aboutissant par-derrière aux jardins de l'hôtel de Brienne et par devant sur ladite rue, en la censive de l'abbaye dudit Saint-Germain. Ainsi qu'il résulte de cet acte, Jacques de Hillerin habitait alors la grande maison du quai Malaquais, mais comme nous savons d'autre part qu'au mois de mai précédent il avait fait donation de cette grande maison à un autre neveu, Jean de Hillerin (1), nous ne serons pas étonnés de lui voir conserver, pour se loger lui-même, l'usufruit de la maison qui nous occupe aujourd'hui. Cette donation était chargée, outre la clause restrictive d'usufruit, de deux autres charges accessoires : (1) Voir mon étude sur « l'hôtel de Transylvanie ». 1° 40 livres tournois de rente à payer à l'Hôtel-Dieu de Paris aux quatre fêtes, Pâques, la Pentecôte, la Tous-saint et Noël. Le donateur se donne même la peine de déterminer d'avance les clauses de rachat de cette rente. 2o 10 livres tournois de rente qui seront « aumonez >> tous les ans, le lendemain de la Saint-Martin, jour de l'ouverture du parlement, aux pauvres prisonniers de la Conciergerie du Palais. Jacques de Hillerin faisait cette donation « pour la conservation du nom et armes de sa maison », et l'acte comportait en plus une clause de substitution de mâle en mâle « pourvu qu'il soit en la religion catholique apostolique et romaine et non autrement ». L'exclusion des filles est absolue. Il semble que ce rigide et pieux conseiller-prêtre ait conservé une dent contre les filles d'Ève, causes de tant de fautes et de crimes, comme il en a tant vu au confessionnal ou au Palais. A défaut d'enfants mâles de Pierre de Hillerin, le donateur leur substitue Mre Charles de Hillerin, chevalier, seigneur de La Touche Hillerin, aussi neveu, et après lui sa postérité mâle. A défaut de postérité mâle de Charles de Hillerin, le donateur lui substitue Jean de Hillerin, sieur de Bazoges, conseiller du roi au parlement de Paris, aussi son neveu et après lui ses descendants mâles. Un acte analogue avait été passé pour la maison du quai Malaquais, de sorte que pendant tout le dix-septième siècle et le commencement du dix-huitième, les deux immeubles (9 quai Malaquais et 6 rue Bonaparte) demeurèrent entre les mains de la famille de Hillerin dont les diverses branches les possédèrent tour à tour par droit de substitution. Le 16 octobre 1664, le conseiller Jacques de Hillerin mourait âgé de quatre-vingt-seize ans et ses neveux entraient en possession de l'immeuble dont il n'avaient jusque-là que la nue propriété. Nous savons qu'en 1689 la maison était occupée par un locataire, M. de Creil (1), qui était probablement Jean de Creil, seigneur de Soizy, d'abord conseiller au parlement de Metz, nommé maître des requêtes en 1670, intendant à Rouen de 1672 à 1677 et qui mourut le 1er mars 1697 âgé de soixante-cinq ans. Saint-Simon parle de lui à propos d'un important procès relatif à la duché-pairie de M. de Luxembourg, en 1694, et dans lequel M. de Creil-Soizy fut rapporteur. Le même Saint-Simon conte aussi que sa veuve << si connue pour sa beauté et sa vertu » prêta un jour sa maison pour y faire venir Mme de Lesdiguières que la cour voulait endoctriner afin de lui faire épouser M. de Mantoue, l'hôtel de Duras où cette belle veuve habitait n'ayant point semblé assez calme et assez retiré pour un semblable entretien. La tentative du reste échoua. En 1720, la branche Hillerin de Boistissandeau possédait les deux immeubles et ce fut seulement alors, par acte du 20 avril de cette année, que l'hôtel du quai, qui avait alors pris le nom d'Hôtel de Transylvanie, fut vendu par Messire Jean-Baptiste Hillerin de Boistissandeau, ci-devant conseiller au parlement de Bretagne, à dame Marie Pelard de Givry, veuve de Nicolas comte de Fontaine, maréchal de camp des armées du roi. Quant à la maison qui nous occupe, elle continua à demeurer la propriété de M. Hillerin de Boistissandeau, à telle enseigne que nous avons retrouvé dans les papiers (1) Rolles de répartition faite sur les maisons des neuf quartiers du Fauxbourg Saint-Germain en exécution de l'arrest du conseil d'état du Roy du 4 janvier 1689. (Bibl. nat. mss. fr. 11695.) que M. Paul Loyer, le propriétaire actuel, a eu l'amabilité de nous confier, un extrait de la vente à Mme Pelard de Givry, comtesse de Fontaine, concernant la servitude « altius non tollendi » dont il a été déjà parlé : M. de Boistissandeau, en vendant à la comtesse de Fontaine, consent à ce qu'elle bâtisse ce que bon lui semblera le long de la muraille qui règne sur la rue des Petits-Augustins, jusqu'au pignon de la maison dudit Boistissandeau (c'est-àdire le 6 actuel de la rue Bonaparte) à la charge d'élever un bon mur... etc., etc., de manière que le bâtiment construit n'excède point le pignon de sa maison (6 actuel). M. de Boistissandeau permet aussi de construire dans le jardin, le long du mur de séparation mais sans le dépasser (1). A cette époque l'immeuble contre lequel s'adosse à l'ouest la maison de M. de Boistissandeau ne s'appelle plus l'hôtel de Brienne mais bien l'hôtel de Lauzun. Le côté sud touche une maison qui appartient aux religieux Augustins réformés. La propriété étant demeurée dans la famille, de nombreuses années se passent sans que nous trouvions d'actes relatifs à l'immeuble. Ce n'est qu'en 1769 que nous en rencontrons un, passé devant M. Champia, notaire à Paris, entre Messire Jean-Baptiste Laurent de Hillerin, (1) Ceci nous permet de compléter nos renseignements sur l'hôtel de Transylvanie, d'établir que le jardin s'étendait depuis le corps de logis du quai jusqu'au 6 actuel de la rue Bonaparte, et de plus que le petit bâtiment à un étage qui rejoint l'hôtel de Transylvanie à la maison qui nous occupe n'était pas construit le 31 octobre 1723, date de la vente par la comtesse de Fontaine à la duchesse de Gramont, puisque c'est un extrait de cet acte de vente qui mentionne la faculté de construire dont nous parlons. Comme nous savons que la duchesse de Gramont fit beaucoup d'améliorations à l'immeuble il y a lieu de supposer que c'est elle qui fit construire ce petit corps de bâtiment. chevalier, seigneur de Boistissandeau, d'une part et les révérends père prieur, ex-provincial et prieur et religieux profès du couvent des Augustins de la Congrégation de Bourges, fondé par la reine Marguerite, d'autre part. Il y est question du rachat de la rente de 100 livres tournois instituée par les fondateurs Jacques de Hillerin, le conseiller au parlement, Jean de Hillerin seigneur de Putillier, conseiller et maître d'hôtel du roi et Hélène de Heuez, épouse de ce dernier. Ces pieux personnages avaient consenti cette rente rachetable au denier 16 pour entretenir une chapelle sous le titre de Saints Jean-Baptiste et Jacques qu'ils avaient fondée dans le couvent et pour y faire dire deux messes basses chaque semaine; l'acte primitif en avait été passé le 14 avril 1626, devant Mo Étienne Leroy notaire à Paris. Or, pour seconder les pieuses intentions de ses aïeux, M. Jean-Baptiste-Laurent de Boistissandeau portait généreusement le prix de rachat de la rente à 2.000 livres au lieu de 1.600, chiffre fixé par les fondateurs eux-mêmes; de plus il hypothéquait sa maison pour le paiement de cette somme ainsi que le montant des loyers, ce qui nous apprend qu'il la louait et ne l'habitait pas. Peut-être habitait-il la maison de la rue du Colombier (rue Jacob actuelle) que son aïeul Jean de Hillerin de Putillier avait fait bâtir en 1641 et qu'un acte de 1714 désigne comme touchant l'hôtel Notre-Dame et par derrière le mur de l'abbaye Saint-Germain-des-Prés. Dix ans après la signature de l'acte dont nous venons de parler, le 14 février 1779, M. Jean-Baptiste-Laurent de Hillerin de Boistissandeau, conseiller du roi, correcteur ordinaire en sa chambre des comptes, mourait à la campagne, à Saint-Sauveur d'Ardelay, où il était inhumé le lendemain, ainsi que le certifie Mre Ballou, curé de la pa |