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de la Sarthe lui prescrivant de faire une enquête discrète sur l'arrivée des de Biré dans le pays, sur leur attitude, et le motif de leur voyage. Le 31 mai, le préfet répondit au ministre de la justice :

Monseigneur,

Il résulte que ces deux individus sont arrivés au Breil le 12 de ce mois et qu'ils ont fait viser leurs passe-ports à la mairie, le 15.

Le maire de cette commune annonce qu'ils ont continué de venir passer tous les ans la belle saison à la campagne et il ne pense pas qu'aucun autre motif les y ait

amenés.

Il ajoute que cette famille a toujours été amie de la tranquillité et du bon ordre, et qu'il les croit incapables de vouloir en aucune manière les troubler.

Daignez... etc., etc.

Le Préfet de la Sarthe,
P. LAGARDE (1).

Géry de Biré ne passa point au Breil toute la belle saison comme de coutume. Les événements marchaient trop vite. Au lendemain de Waterloo, le roi était virtuellement rétabli et, dès qu'il fut une seconde fois rentré à Paris, Géry de Biré courut reprendre sa place aux gendarmes de la garde. Le 31 décembre 1815, il était placé en qualité de chef d'escadrons à l'État-Major de Paris; mais bientôt après, il était mis en demi-solde, par l'effet de l'ordon

(1) Arch. nat. · Passe-ports délivrés à Paris pour les dép de l'Ouest. — F7, 6625 (no 158).

nance du 6 mars 1817 sur l'organisation de l'État-Major de la place de Paris. Ce n'était certes pas sur sa demande, car nous savons qu'il désirait continuer sa carrière. Dans l'Extrait de Revue de l'inspection de 1819, voici les notes que nous trouvons sur lui:

Nom

Fontaine de Biré (le chr).

Prénoms: Marie-Géry.

Grade Chef d'escadrons.

Décorations: Chevalier de St-Louis.

Age: Cinquante ans.

Résidence Paris, 2o arr1.

Marié? enfants? Marié, deux enfants.

Moyens d'existence outre le traitement de non activité : De l'aisance.

Profession à laquelle il a pu se livrer depuis le licenciement :

Aucune.

Constitution physique: Avantageuse.

Est-il propre au service actif? Service actif.

Mours. Conduite : Bonnes.

Capacité, degré d'instruction théorique propre au grade : Très

instruit.

S'il est disposé à reprendre du service: Demande du service dans un régiment de hussards ou de chasseurs.

Observations: Excellent officier; à employer.

Paris, 20 nov. 1819.

Le Lieutenant général commandant la 1re division militaire. Comte DEFRANCE.

En 1820, nouvelles notes du général Defrance : cette fois il a trois enfants, ce qui semble une erreur. Sa constitution physique au lieu d'être « avantageuse» est « forte ». A côté de la rubrique «< Mœurs, conduite », deux mots sont ajoutés sur l'imprimé: «< Opinions politiques », et la réponse est : << Bonnes, dévouées ». Au lieu de « très instruit », il n'y a plus qu'«< instruit ». Au lieu de demander du service.

aux hussards, M. de Biré demande de préférence une lieutenance de Roi. Aux « Observations », il n'y a plus rien. Biré semble avoir vieilli, et l'impression du général inspecteur être moins favorable.

Cependant le 1er mars 1823, il fut nommé à la suite de l'État-Major de l'armée d'Espagne toujours avec son grade de chef d'escadron. Quand il revint en France en 1825, il fut admis à la solde de congé qui était de 2.000 francs et, en 1828, au traitement de réforme qui n'était plus que de 900 francs. Ses états de service portent trois campagnes, dont deux à l'émigration, sous le maréchal de Castries et l'autre en Espagne. Il se retira à Paris, 3, rue de Sèze et vécut aussi beaucoup à Dobert, dans la Sarthe, propriété de sa femme qu'elle avait perdue par l'émigration et rachetée à son retour. Très bien posée dans la meilleure société du pays, elle se faisait appeler la marquise de Fontenay alors qu'elle vivait avec son mari, Géry Fontaine de Biré. Elle donnait pour raison de cette petite particularité qu'étant seule héritière de sa branche, elle en relevait le nom. Elle mourut à Dobert, le 24 juillet 1842 à l'âge de soixante-sept ans. Son mari lui survécut quelques années encore et ne mourut que le 17 décembre 1849 (1), âgé de quatre-vingts ans. Né sous Louis XV, il s'éteignait sous la deuxième République, ayant ainsi vécu sous dix règnes ou gouvernements différents.

Léo MOUTON.

FIN

(1) Arch. administr. du Ministère de la guerre. Traitements de réforme, année 1828. Dossier 71 bis.

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UNE VISITE AU COUVENT DES CARMES

Le dimanche, 12 janvier 1908, un certain nombre des membres de la Société historique du VI arrondissement se sont réunis pour visiter l'ancien couvent des Carmes, sous la conduite de M. l'abbé Guibert, supérieur du Séminaire universitaire qui en occupe actuellement la plus grande partie (1).

A deux heures précises, nous franchissions la vieille porte située rue de Vaugirard, no 74, au coin de la rue d'Assas, et tout de suite après avoir dépassé le banal pavillon du concierge, nous éprouvions la curieuse impression d'être transportés dans un monde ancien, loin du Paris moderne. A notre droite, s'étend une vaste cour carrée, plantée d'arbres, bordée de vieilles constructions noircies, d'aspect monacal. Nous suivons une sorte de ruelle mal pavée, entre de hauts bâtiments, modernisés seulement à gauche du côté de la rue d'Assas pour l'Institut catholique, et nous débouchons à l'angle d'un grand jardin aux larges allées droites, garnies de buis. M. l'abbé Guibert nous y rejoint, et, dans une charmante causerie, dont l'érudition très précise est fort appréciée par les auditeurs, nous raconte sommairement l'histoire de la fondation du couvent des Carmes déchaussés.

Dès le XIV siècle, nous dit-il, il y avait à Paris un grand couvent de Carmes établi sur l'emplacement du marché de la place Maubert. La règle n'y était pas sévère, et, au début du xvir siècle, après l'heureuse réforme apportée chez les

(1) Étaient présents MM. Barbet-Massin, Chastel, Demombynes, Fro. mageot (Henri), Fromageot (Paul), Habert, Herbet, Hoffbauer, Laschett, Masson, Nocq, Raflin, Saunier, Sudre, Tartrat, et Mme Simon-Baudette.

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