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ASTOUIN (Louis), poète-portefaix de Marseille, était une de ces riches organisations provençales qu'une chaude et prodigue nature multiplie et féconde jusque dans les couches populaires des sociétés du Midi. Sorti des rangs du peuple, Astouin se fit lui-même tout ce qu'il était; à l'aide de facultés extraordinaires, il se donna tout: instruction, fortune, influence. Et ce qui le caractérisait plus noblement encore, c'est que, malgré tout le lustre jeté sur son nom par de sages écrits et des poésies, malgré l'éclat, plus grand encore, que son nom reçut en 1848, lorsqu'il fut élu représentant du peuple dans les Bouches-du-Rhône par 37,528 suffrages, il tenait à l'honneur de conserver, non-seulement le titre, mais encore l'exercice de sa profession de portefaix, A l'Assemblée constituante, Louis Astouin votait avec la partie modérée de l'opinion républicaine. Par son excellent esprit, par la force de son caractère, par sa popularité, par la prépondérance, enfin, qu'il exerça autour de lui, il mérite d'être comparé au célèbre artisan romain qu'on a vu jouer un si beau rôle dans le grand drame de la régénération récente de la papauté. Astouin a été le Cicervaccio de Marseille (1). Cependant, le jeune représentant ne fut pas réélu. Les améliorations terre à terre et raisonnables ne pouvaient être bien appréciées dans une époque aussi tourmentée, et les hommes qui y travaillaient tenus pour incapables et mis de côté. Astouin subit avec une dignité parfaite l'arrêt de l'opinion, et reprit son métier sans plus de peine que s'il ne l'eût jamais quitté. Mais c'était une grande consolation aux plus durs travaux que d'avoir la muse avec soi; car Louis Astouin appartenait à cette classe laborieuse qui a donné aux lettres les Reboul, les Pierre Durand, les Poncy. La révolution lui a su gré d'avoir exercé son intelligence dans les courts loisirs que lui laissait sa profession, et elle l'en récompensa. Louis Astouin était poète, et ses poésies, qui ont du nombre et de la correction, et qu'animent des sentiments élevés, prouvent que son âme était à la hauteur de la position qu'il a occupée. On remarque principalement les vers écrits par lui, pendant son internement à Besançon, car à la suite des événements politiques, il s'est trouvé quelque temps éloigné de son pays. Ces vers, qui n'ont rien d'amer, renferment seulement de douces plaintes sur l'exil, et des aspirations vers la nature, dont le poète est un chantre sonore et harmonieux. Astouin donnait l'exemple du dévouement, qu'il recommandait aux autres. Un jour de novembre 1853, revenant, trempé de sueur, de son travail ordinaire, Astouin voit la foule courir au bord du canal et crier au secours. Il s'informe; on lui montre l'endroit où un enfant venait de tomber et de disparaître. Sans se déshabiller, sans tenir compte de l'état de transpiration où il se trouvait, il se jette à l'eau, il plonge et ramène l'enfant, qui est ainsi sauvé d'une mort certaine. Malheureusement, sa santé s'altéra sensiblement à partir de ce moment, et il succomba dans les derniers jours d'août, à l'âge de 33 ans, le jour anniversaire de sa naissance. On a de Louis Astouin :

I. Irlande (l) à l'Angleterre. (Poésie). Paris, Chézeau et Braulard, 1854, in-8 de 8 pages.

II. Rome, poème en deux chants (en vers), précédé de la Voix de Dieu (en prose). Paris, Curmer, 1854, in-16 de 6 feuilles 314.

(1) Un vétéran de la presse (M. Lelarge de Lourdoueix fils), Profils critiques et biographiques des 900 Représentants du peuple (1848, in-18). Corbon, « Estafette ». H. Lucas, feuilleton du « Siècle », du 22 novembre 1854.

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III. Gerbes d'épis, poésies. Marseille, de l'impr. de Barlatier-Feissat, et se trouve à Paris, chez Dentu, Palais-Royal, 1854, in-12 de 13 feuilles 113. IV. Loisirs poétiques (les).

Volume cité par les journaux qui se sont occupés d'Astouin, mais que nous n'avons pas trouvé annoncé dans la « Bibliographie de la France ». On a dit aussi que l'auteur préparait un troisième recueil de poésies lorsque la mort le surprit.

ATTERBOM (Pierre-Daniel-Amédée), le plus célèbre des poètes suédois contemporains, naquit le 19 janvier 1790, à Arbo, village de la province de Linkiœpin, dans l'Ostrogothie, où son père était pasteur. A l'âge de neuf ans, il fut envoyé au gymnase de Linkiœping. Là il consacra ses loisirs à la lecture des classiques allemands, qui lui inspirèrent une telle admiration, qu'il finit par trouver insupportables la plupart des écrivains modernes de sa patrie. En 1805, Atterbom se rendit à l'université d'Upsal; et vers 1807, il y forma, avec plusieurs jeunes gens qui partageaient son goût exclusif pour la littérature allemande, une société critico-littéraire, sous le nom d'Union de l'Aurore (Aurora ostrogôtiska-förbundet). Le but de cette association était d'affranchir la littérature suédoise du pédantisme académique et de la servile imitation des formes françaises, qui, depuis Gustave III, avaient effacé ou amorti les inspirations les plus heureuses. Atterbom fonda, en 1810, de concert avec Palmblad, le Phosphore (Phosporos), revue littéraire, qui a donné son nom à l'école phosphoriste, dont Atterbom était le chef. Cette revue fut continuée jusqu'en 1813. Elle était destinée à propager les principes littéraires et philosophiques de MM. A.-G. Schlegel et Schelling. Les organes du parti académique, parmi lesquels se distingua par son satirisme le Journal de tout le monde », attaquèrent vivement les rédacteurs du Phosphore; mais ceux-ci trouvèrent bientôt un puissant auxiliaire dans « le Polyphème », autre recueil périodique; et cette polémique, conduite de part et d'autre avec beaucoup de talent, amena peu à peu le triomphe complet de l'école moderne. Pendant les années 1817 et 1818, Atterbom fit un voyage en Allemagne, où il se lia avec Schelling, et en Italie, où il connut le poète Rückert; en Danemark. De retour dans son pays, il fut choisi (1819) par Charles XIV pour enseigner la langue et la littérature allemandes au prince royal (aujourd'hui roi de Suède), qui à cette époque, faisait ses études à l'université d'Upsal. Nommé, en 1821, Privat docent à l'université d'Upsal, Atterbom occupa successivement les chaires d'histoire (1821), de philosophie (1824) et d'esthétique (1835-1850). Il avait été élu membre de l'Académie suédoise, en 1840, à la place de Ling. Atterbom est mort à Stockolm, le 21 juillet, à l'âge de soixante-cinq ans. Nous connaissons de lui, en suédois :

I. Almanach poétique de la Suède, pour les années 1812-1822. Upsal, 1819-22, 9 vol. in-12.

Beaucoup de morceaux de poésie d'Atterbom se trouvent dispersés dans les différents volumes de cet Almanach duquel il a été un des plus zélés rédacteurs.

On y trouve entre autres pièces le Couronnement de Pétrarque, et une grande quantité de stances et de couplets, sous le titre: les Fleurs (Blommorna).

Les poésies d'Atterbom sont pleines de grâce et de sentiment, et passent pour être les plus harmonieuses qui existent en suédois.

II. Ligue des rimeurs (la), drame tungouse (en prose).

Opinion de la nouvelle école sur l'Académie suédoise et sur le bon goût. III. Xenies, recueil de pièces fugitives.

IV. Oiseau bleu (l').

Fragment d'un grand drame romantique.

V. Fête d'Oscar (la), le 1er décembre 1819. Upsal, 1820, in-8.

VI. Discours (en vers) sur la mort de Kernell (littérateur suédois, mort à Erfurt en 1824).

VII. Ile du bonheur (l') (Lycksalighetens Ö, Sagospel i fem äfventyr). (Tome 1er).

« Le plus grand poème d'Atterbom, et son œuvre de prédilection. C'est une allégorie, sous forme dramatique, d'après un conte populaire, mais c'est l'allégorie de toute la vie humaine. C'est là qu'Atterbom a jeté à pleines mains tous les trésors de sa riche imagination, toutes les nuances charmantes de sa palette de peintre, toutes les mélodies de son rhythme musical ». Ce poème n'a point été réimprimé dans le « Recueil de poésies » de l'auteur (1835, 2 vol. in-8).

Il a été traduit en allemand, par H. Neus, Leipzig, 1831-33, 2 vol. in-8, et M. Xav. Marmier en a donné, en français, une analyse dans son Histoire des littératures danoise et suédoise, qui fait partie des « Voyages en Scandinavie, en Laponie, au Spitzberg et au Feroë ».

VIII. Discours pour l'anniversaire de la naissance de S. A. R. le prince héréditaire Charles-Louis-Eugène. Upsal, 1828, in-8.

IX. Études sur les systèmes de l'histoire et de la philosophie (Studier till philosophiens historia och system). (Tome 1er). Upsal, 1835, in-8.

X. Recueil de poésies. Tom. I et II. Upsal, 1835, 2 vol. in-8.

C'est le recueil des poésies de l'auteur, qui étaient restées jusque là éparses dans différents journaux et dans « l'Almanach poétique de la Suède», cité plus haut. « Ces deux premiers volumes renferment des odes, des élégies d'un style et d'un rhythme varié, comme le souvenir d'enfance, le rêve d'amour, l'émotion de joie ou de regret qui les a produites. Mais souvent il ne sait pas concentrer son émotion; il joue avec sa lyre. Ses chants alors ressemblent aux variations d'un thème musical; ils sont légers et gracieux, mais ils manquent de force ».

« Une des parties notables de ses œuvres, c'est une série de petits poèmes sur les fleurs, et à laquelle il a donné le titre de Blommorna. Toutes les fleurs sont là dépeintes, non pas avec la sécheresse minutieuse du botaniste, mais avec le sentiment poétique qui les prend, ou dans la tradition qui se rattache à elles, ou dans l'idée symboliques qu'elles expriment, et leur donne la vie, le mouvement, la pensée. Quelques-unes de ces compositions, comme par exemple celles qui peignent le lis, le myosotis, ont toute la fraîcheur, tout le charme d'une idylle. D'autres, telles que la violette, sont tendres et mélancoliques comme une élégie; d'autres enfin, telles que le malorten, ont un caractère dramatique. Mais il en est plusieurs qui sont maniérées, faites avec effort, et surchargées d'idées philosophiques et d'images abstraites ».

<«< Il manque encore à ce recueil d'Atterbom plusieurs poésies lyriques très estimées, entre autres les traditions anciennes, les imitations des chants populaires, qu'il publia dans son «Almanach poétique » sous le titre de Harpe du Nord. C'était le premier essai qui se faisait de ce genre, et le poëte l'a tenté avec un plein succès. Nul mieux que lui n'a su pénétrer dans l'es

prit de ces chants primitifs, et nul mieux que lui n'a su reproduire sur une toile moderne les couleurs pleines d'éclat et leurs images naïves ».

XI. Discours prononcé dans la réunion de la Société biblique suédoise. Stockholm, 1839, in-8.

XII. Discours de réception à l'Académie suédoise. Ibid., 1840, in-8. XIII. Bardes (les) et les Scaldes suédois. (Svenska Siara och Skalder). Upsal, 1841 à 1849, 5 vol. in-8.

Ouvrage fort important pour l'histoire littéraire de la Suède, et que l'on considère comme le chef-d'œuvre d'Atterbom.

XIV. Sur les affinités scandinaves, et Une excursion d'étudiants d'Upsal à Copenhague (Om Skandinaviske foreningen och Student uttaget infran Upsala till Kopenhamm). Upsal, 1844, in-8.

XV, Discours commémoratif sur le roi Charles-Jean, prononcé au nom de l'Université d'Upsal, le 31 mai 1844. Upsal, 1844, in-8.

Dans son Histoire des littératures danoise et suédoise, qui fait partie des Voyages en Scandinavie, en Laponie, au Spitzberg et aux Fœroë », M. Marmier a écrit, dans la partie relative à la Suède (p. 442 et sniv.) un chapitre, le IV, qui est intitulé: Littérature romantique. - Franzen. Les Phosphoristes. Atterbom, Stagnelius, Vitalis, dans lequel le talent d'Atterbom est justement apprécié. Nous avons tiré profit de ce chapitre pour l'article que nous donnons ici.

AUGER (l'abbé Jean-Baptiste-Armand), ecclésiastique non moins érudit que pieux, naquit à Saint-Valery-en-Caux, en octobre 1783; il fit avec une grande distinction ses études au lycée de Rouen, et devint docteur ès-lettres et ès-sciences. En 1801, il était, en société de M. Bernard, chef d'une institution sise à Paris, rue d'Assas, institution qui prospéra et dont sont sortis des hommes qui ont occupé depuis des positions élevées. Mais Auger avait une vocation très prononcée pour l'état ecclésiastique; et, en 1814, il céda sa part de la maison de la rue d'Assas, pour aller faire ses études au séminaire de Rouen. Dix-huit mois plus tard il fut nommé vicaire au Havre. Son ancien associé Bernard étant venu à mourir, les parents des élèves de l'institution sollicitèrent l'abbé Auger de revenir à Paris se remettre à la tête de son ancien établissement; il céda, non sans peine, à leurs désirs; mais, au lieu de continuer l'ancienne maison, il en fonda une nouvelle en 1826, rue du Bac, no 88, dans un esprit plus religieux. Néanmoins, l'abbé Auger se trouvait déplacé. Il aurait voulu s'occuper de son ministère; aussi, peu d'années après, demanda-t-il à M. Frayssinous à reprendre ses fonctions sacerdotales; pour toute réponse, le ministre de l'instruction publique le nomma proviseur du collège de Versailles. Ce ne fut que vers 1830 que l'abbé Auger put enfin suivre la seule carrière qui fût de son goût. A cette époque, il fut nommé curé de Saint-Antoine de Compiègne, fonction qu'il a remplie pendant quatorze ans avec assez de zèle et de bienfaisance, pouvoir emporter les regrets de tous les habitants de cette ville lorsqu'il quitta sa cure. Ce digne pasteur, voulant laisser un bon souvenir à ses ouailles, légua à la ville de Compiègne une bibliothèque de 30,000 francs. L'abbé Auger, avait dignement rempli sa mission; il revint à Paris pour ne plus s'occuper désormais que de science et d'histoire. Il fut reçu à l'Institut historique et y lut beaucoup de mémoires et de dissertations. L'abbé Auger est mort à Paris, le 3 octobre 1854, à l'âge de soixante-dix ans et trois mois il était depuis plusieurs années vice-président de l'Institut historique.

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Les souvenirs que l'abbé Auger avait laissés à Compiègne étaient si vifs, qu'une partie des habitants sollicitèrent la famille du défunt que son corps fût inhumé près d'eux, dans la ville où il avait fait tant de bien, et la famille obtempéra à leurs vœux. Nous connaissons de l'abbé Auger :

I. Notice sur les carmélites de Compiègne. Annales du monastère de l'Annonciation des carmélites de Compiègne. Paris, Méquignon, janvier 1835, in-8 de 48 pages.

II. Échelle catholique (l'), ou Histoire de la religion chrétienne par siècles, suivi d'un Tableau des fêtes et cérémonies de l'Église; par M. l'abbé J.-B.-A. A. Paris, Vrayet de Surcy, 1847, in-12 de 7 feuilles.

Petit ouvrage composé à la demande et pour l'usage particulier de l'évêque de l'Orégon, lors de son séjour à Paris. Le prélat emporta un second ouvrage de l'abbé Auger, mais en manuscrit.

III. Mémoire sur la liberté religieuse, lu au Congrès historique de 1847. Juillet 1847. Paris, de l'impr. de René, 1847, in-8 de 16 pages.

IV. Question liturgique (la) réduite à sa plus simple expression; par un chanoine. Paris, Mme ve Thériot, 1854. 2e édition, revue et augmentée. Paris, la même, 1854, in-12 de 6 feuilles 1/3; 1855, in-12 de 5 feuilles 5/6. V. Mémoires, Dissertations et Rapports lus à l'Institut historique, et imprimés dans « l'Investigateur », journal de cette société savante.

On cite encore de l'abbé Auger une Notice sur la tolérance religieuse qui a été imprimée dans un grand ouvrage de théologie, mais nous ne pouvons indiquer lequel. Il a laissé beaucoup de manuscrits qui se trouvent entre les mains de Mme Philibert, sa sœur, femme du chef d'institution de ce

nom.

M. Jules Barbier, substitut du procureur impérial, a lu tout récemment à l'Institut historique une Notice sur l'abbé Auger qui doit être imprimée dans l'un des prochains numéros de « l'Investigateur ».

AUGIER (Joanny), médiocre auteur dramatique, après la révolution du 24 février 1848, secrétaire de M. de Lamartine et de la rédaction du « Pays » ; né le 3 avril 1813, à Lyon, où il est mort dans la première quinzaine de mars, à l'hospice de Saint-Jean-de-Dieu, où, depuis un an, il était retenu par un dérangement survenu dans ses facultés intellectuelles. Nous connaissons de lui:

I. Avec M. Labie: Jeune fille et Roi, comédie en un acte, mêlée de chants, tirée d'une Nouvelle de Mme Desbordes-Valmore. Jouée sur le théâtre du Panthéon, le 20 février 1836. Paris, Marchant, 1836, in-32 de 718 de fouille.

II. Cauchemar (le), revue lyonnaise de 1836. Vaudeville épisodique en un acte. Représenté à Lyon sur le théâtre du Gymnase, sous la direction de M. Ch. Provence, le 6 janvier 1837. Lyon, de l'impr. de Boitel, 1837, in-8 de 16 pages.

III. Avec M. Labie: Micaela, ou la Folle de Marie de Bourgogne, drame en trois actes, mêlé de chants, tiré d'une Nouvelle de M. Alph. Royer. Représenté à Lyon sur le théâtre du Gymnase..... le 28 février 1837. Lyon, de l'impr. de Boitel, 1837, in-8 de 24 pages à deux colonnes.

Troisième livraison du « Répertoire lyonnais

».

IV. Avec MM. Labie et Salvat: Le Mauvais sujet, vaudeville en un acte. Représenté sur le théâtre de l'Ambigu-Comique, le 7 juillet 1839. Paris, Gallet, 1839, in-8 de 12 pag.; ou Paris, Tresse, Vert, in-8 de 10 pages.

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