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PAR M. AUGER,

SECRÉTAIRE PERPETUEL DE L'ACADÉMIE FRANÇAISE.

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LIBRAIRIE DE FIRMIN DIDOT FRÈRES,

IMPRIMEURS DE L'INSTITUT,

RUE JACOB, 56.

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VOLTAIRE.

22 May, 1890.

From the Library of

PROF. E W. GURNEY.

NOTICE

SUR LA VIE ET LES OUVRAGES

DE BEAUMARCHAIS.

PIERRE-AUGUSTIN CARON DE BEAUMARCHAIS Daquit à Paris le 24 janvier 1732.

Dans la vie comme dans les ouvrages de Beaumarchais, l'homme et l'auteur sont tellement mêlés, confondus, qu'il est presque impossible d'observer séparément ses actions et ses écrits. Il faut tout embrasser dans un même examen, dans un même jugement. Ce caractère, composé d'audace et de circonspection, d'impétuosité et de patience, de force et de souplesse, qui lui fit entreprendre et mettre à fin tant de choses si diverses dont nul autre n'aurait seulement conçu l'idée, l'a dirigé, l'a soutenu dans ses opérations commercia. les, dans ses démêlés judiciaires et dans ses travaux dramatiques. Il fit toute sa vie des plaidoyers et des pièces de théâtre chacun de ses procès prit la forme d'un drame; chacun de ses drames devint la matière d'un procès. Il lui fallut plaider pour sauver son honneur ou ses biens; il lui fallut plaider pour faire jouer ses comédies; et, quand elles eurent été jouées, il se vit encore obligé de plaider pour se faire adjuger le succès ou pour appeler de la chute : enfin il plaida sans cesse, et c'est avec raison que l'éditeur de ses œuvres y a mis pour épigraphe ce mot de Voltaire : « Ma vie est un combat. »

BEAUMARCHAIS

a

Il fallait que Beaumarchais fût extraordinaire en tout, et se signalât toujours d'une manière inusitée dans les nombreuses carrières où il se vit engagé par l'activité de son esprit ou par la fatalité des circonstances. Fils d'un horloger, et exerçant lui-même cette profession, il inventa une nouvelle espèce d'échappement : cette invention lui fut disputée; il plaida devant l'Académie des sciences, qui lui donna gain de cause: voilà son premier procès et sa première victoire.

Introduit auprès des filles du roi par un talent agréable qu'il portait à la perfection, il fut recommandé par elles à Pâris-Duverney, à la fois homme d'état et de finance, se montra sur-le-champ capable des opérations les plus vastes et les plus compliquées du haut commerce, et paya la bienveillance de son patron d'un service inappréciable : il s'agissait de déterminer Louis XV à visiter l'École militaire. Cette faveur, qui combla de joie Pâris-Duverney, créateur de cet établissement; cette faveur après laquelle il soupirait depuis neuf ans, et pour laquelle il avait employé infructueusement tous les genres de sollicitation, il la dut au zèle et à l'adresse de Beaumarchais, qui décida les filles du roi, ses protectrices, à donner à leur père l'exemple d'une démarche qu'il se crut obligé d'imiter, mais à laquelle on n'aurait peut-être jamais pu porter autrement ce monarque apathique, ennemi des occasions de paraître, et plongé dans ses habitudes voluptueuses.

Plus tard, Beaumarchais entreprit d'armer et d'approvisionner l'Amérique septentrionale, insurgée contre la métropole; et ces contrées ne furent peut-être pas moins redevables de leur indépendance aux habiles spéculations du commerçant français, qu'aux puissants secours de la France.

Quinze louis destinés au secrétaire d'un conseiller du parlement-Maupeou, et imprudemment retenus par la femme de ce magistrat, furent la cause d'un procès où Beaumarchais, déployant un genre de polémique inconnu au barreau de tous les pays et de tous les siècles, évoqua cette misérable cause au tribunal de l'Europe entière, y traduisit ses adversaires et ses juges, les immola les uns sur les autres avec l'arme du ridicule, triompha lui-même en succombant, et remporta, pour gage de sa victoire, une flétrissure morale qui le cou

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