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chapitres et maisons religieuses du département, avaient été déposés au Palais, dans le local des archives de l'ancienne chambre des Comptes, en vertu des lois des 5 novembre 1790 et 5 brumaire an V.

Ainsi, je n'ai pas la prétention de publier toutes les Chartes intéressant les prieurés de St-Robert et des Ecouges qui peuvent se trouver encore dans les divers dépôts publics ou dans diverses collections particulières. J'ai profité presque uniquement des ressources que j'avais sous la main. Le peu de loisir que j'ai eu à consacrer à ce travail ne me permettait pas de me livrer à de plus amples recherches. Je désire qu'un autre trouve de nouvelles Chartes inédites, relatives à ces deux maisons, et les publie à son tour. J'en serais vraiment heureux. En attendant, j'espère qu'on me saura bon gré de n'avoir pas ajourné indéfiniment l'impression des documents importants et intéressants qui étaient à ma portée. Ces monuments n'auraient peut-être jamais vu le jour, si j'avais attendu le moment où j'aurais pu assurer que rien de ce qui reste des anciens parchemins et papiers de ces deux monastères ne m'avait échappé. Au fait, je ne pense pas qu'il en reste beaucoup en dehors de ceux qui sont déposés à l'Evêché de Grenoble.

Mais il y a une grande différence entre les Chartes du prieuré de St-Robert et celles de la Chartreuse des Ecouges.

Les Chartes originales de St-Robert n'existent plus, à l'exception du testament de la dauphine Béatrix, duchesse de Bourgogne et comtesse d'Albon, no 3, p. 4. Nous n'avons plus que des copies assez récentes, et la plupart rassemblées dans un registre in-folio manuscrit qui porte le titre que nous avons conservé à notre Cartulaire de St-Robert Instrumentarium prioratus sancti Roberti.

Ce volume, qui n'est pas complet, a été écrit il y a envi

ron 150 ans.

Au contraire, presque toutes les Chartes originales des Ecouges nous sont parvenues, toutes sur parchemin, à l'exception de la requête d'Humbert d'Acquin, prieur commendataire, no 65, p. 238, et de quelques Chartes anciennes qui ne se trouvent plus que dans un Recueil sur papier, fait au XVe siècle, et dont il ne reste que les seize derniers feuillets.

J'ai adopté l'ordre chronologique des Chartes comme le plus rationnel. Je me suis appliqué à reproduire servilement le texte que j'avais sous les yeux, soit que ce texte fût un original, soit qu'il fût une copie. On ne s'étonnera donc pas si l'on rencontre, je ne dis pas des fautes de latinité le latin du moyen âge n'est pas celui de Cicéron; mais des fautes qui ne peuvent être attribuées qu'à l'inadvertance de l'écrivain ou de son copiste. On en rencontrera beaucoup plus dans les Chartes de St-Robert que dans celles des Ecouges, parce que je n'ai eu à mon service pour les premières que des copies, et des copies peu soignées. On ne copiait pas servilement, il y a 450 ans, les écrits des siècles antérieurs; on écrivait, par exemple, Joannes, quand l'original portait Johannes. On écrivait régulièrement a quand l'original n'avait qu'une e simple ou un e cédillé. Dans ce cas, je ne pouvais avoir la prétention de rectifier un texte perdu; j'ai reproduit exactement la copie. Cependant, pour les Chartes originales que j'avais sous les yeux, on me reprochera peut-être une inconséquence au sujet de l'a. Après avoir reproduit avec l'e simple la Charte 3 du Cartulaire de St-Robert (le testament de Béatrix), je n'ai pas suivi la même méthode pour le Cartulaire des Ecouges. Si c'est une faute, je la confesse. J'ai cru devoir suivre l'exemple que m'avait donné, après l'impression du Cartulaire de

St-Robert, et avant celle du Cartulaire des Ecouges, M. le comte de Monteynard, dans sa belle publication du Cartulaire de Domêne.J'ose alléguer deux autres raisons: la première, c'est que j'ai trouvé dans les premiers actes du Cartulaire des Ecouges, l'e cédillé, et, à mon avis, l'e cédillé est un véritable æ, et il m'a semblé qu'il était moins exact de le traduire par un e simple que par un æ; la seconde, qu'après avoir ainsi commencé, et étant arrivé à la Charte 8 (le bref du pape Adrien), où il n'y a plus d'e cédillé, j'ai cru pouvoir conserver l'uniformité, en en prévenant le lecteur au bas de la Charte.

On verra par la lecture des Chartes des Ecouges, qu'il y a un assez grand nombre de copies anciennes ou vidimus, que nous n'avons pas reproduites après avoir publié les originaux; nous avons fait exception en faveur de quelques vidimus qui, par la singularité de la forme, offraient de l'intérêt.

Quoique le devoir de l'éditeur d'un Cartulaire soit uniquement de fournir un texte fidèle à ceux qui s'occupent d'histoire, et qu'on ne saurait raisonnablement exiger autre chose de lui, je ne refuse pas de donner ici une esquisse historique des deux Maisons dont je publie les archives. M. l'abbé Clerc-Jacquier, curé desservant de St-Andréen-Royans, auteur de plusieurs notices historiques, sur Moirans, sur la Côte-St-André, sur Parménie, etc., a bien voulu se charger de ce travail, et mettre à mon service son zèle et son talent. Je lui en témoigne ici ma reconnaissance. Je le remercie aussi de m'avoir préparé les matériaux des deux tables de noms propres qui terminent cette publication.

Prieuré de Saint-Robert.

L'amour de Dieu créa le prieuré de St-Robert, près Grenoble. L'humanité, qui est l'amour des hommes, l'a transformé, de nos jours, en un hospice, où les soins les plus intelligents sont prodigués à la plus triste des infirmités humaines. Caritas! charité ! Telle devrait être la divise de cette maison.

Ce fut le comte Guigues dit le Vieux qui, avec son fils Guigues le Gras, fonda le prieuré de St-Robert, dans le mandement de Cornillon, vers l'an 1070. Des Bénédictins, dépendants de la riche et célèbre abbaye de la Chaise-Dieu, en Auvergne, y furent installés. Le prince-fondateur devint moine de Cluny et mourut cinq ans après. Son fils, Guigues le Gras, fut enterré dans l'Eglise de St-Robert, vers l'an 1080.

De concert avec sa mère Béatrix et avec Béatrix sa femme, le dauphin Guigues-André, cédant aux instances du prieur, Guillaume de Bocsozel, confirma les priviléges de St-Robert, et les augmenta même considérablement, pour mettre le prieuré à l'abri de la perversité humaine et le récompenser du bien qu'il faisait autour de lui. Le même prince lui octroya de nouveau, en 1223, l'exemption de toute charge fiscale, et la faculté d'acquérir des fiefs, sauf le cens annuel dû au Dauphin, complétant le privilége par celui d'une liberté entière et solide, plenariam et inconcussam libertatem. (Chartes 1 et 2.)

Dans son testament de l'an 1228, la mère de GuiguesAndré légua en outre à St-Robert trois cents sous (ccc solidos) pour anniversaires. (Ch. 3.)

L'une des dernières Chartes du 3o Cartulaire de St-Hugues nous apprend qu'un prieur de Cornillon ou de StRobert, nommé Pierre, fut témoin, avec Bernard, prieur de St-Laurent de Grenoble, au désistement que firent les Liotard entre les mains d'Hugues II, évêque de Grenoble, des réclamations qu'ils avaient soulevées à propos d'une convention intervenue entre St-Hugues et Guillaume Liotard leur père. La Charte ajoute que ces deux témoins avaient facilité les voies à cet accord qui eut lieu vers l'an 1240.

En 4269, le prieur Guichard d'Argentaud ou de l'Argentière, demanda au Dauphin Guigues, fils de GuiguesAndré, le renouvellement des priviléges de son prieuré. Le Dauphin s'empressa d'assurer aux moines de St-Robert tous leurs droits, toutes leurs franchises, et il en avisa ses châtelains, afin qu'ils eussent à les faire respecter. (Chartes 5 et 6.)

St-Robert, nous l'avons dit, dépendait de l'abbaye de la Chaise-Dieu. Oblo, son abbé, vint en 1292, le visiter officiellement. Le prieur, Hugues de Monte-Calvo, lui exposa les besoins de son vestiaire en particulier, et le supplia d'y affecter les revenus de Ste-Hélène-du-Lac, en Maurienne, de la chapelle de St-Robert en Genevois, et de StMartin d'Hostun et Eymeu, dans le diocèse de Valence. Ces maisons dépendaient déjà de notre prieuré, et la mesure, d'ailleurs, ne devait se réaliser qu'à la vacance de chacune d'elles. Sa prière fut exaucée. (Ch. 7.)

Les Plantées étaient alors un hôpital sur la commune de Voreppe et près du Fontanil. La Grande Chartreuse l'avait remis, avec ses biens et ses charges, aux mains de la prieure de Parménie, cédant, en cela, aux prières instantes du dauphin Humbert Ier, et surtout de Guillaume, évêque de Grenoble. Mais la distance et la clôture empêchaient la prieure et le vicaire de Parménie de gouverner et de sur

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