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vante, avec le chapitre de son église cathédrale: il lui fut donné par ce dernier d'ajouter à ses fiefs le château d'Aurel et d'autres localités fortifiées que ses chanoines ne pouvaient défendre; il leur cédait les églises de Mens, de SaintSaturnin et de Saint-Laurent, ses droits sur celle de Roussas (sauf la prérogative de présenter les prêtres, un cens annuel au synode de mai et les procurations accoutumées), enfin plusieurs dîmes (').

Revenu en la possession de l'évêque, le château d'Aurel fut un nouveau sujet de discorde avec Aimar II de Poitiers; il s'agissait en outre de la bastide de Guillaume Peloux, de la villa de Ponet détruite par Guillaume Adhémar, du château de Saint-Ferréol, de la motte de Bourdeaux, de la tour d'Espenel et du château de Comps. Bournon, évêque de Viviers, fut le médiateur de la paix entre les parties, en juin 1210 (*): le château d'Aurel et la bastide de Guillaume. Peloux restèrent à l'évêque de Die, à la condition de payer deux mille sols viennois à Aimar de Poitiers, qui demeura possesseur des autres fiefs, sous la charge d'en faire hommage à l'église; Humbert lui remit en outre tous les dommages qu'il lui avait causés, moyennant une somme égale de deux mille sols (3).

Au comte Aimar et à l'évêque Humbert succédèrent Guillaume et Didier, entre lesquels surgirent de nouvelles contestations; elles furent terminées par la médiation d'amis communs, parmi lesquels Soffroy, abbé de SaintChaffre et plus tard évêque de Grenoble. Guillaume conserva le château de Quint et la bastide de Pontaix, avec son droit de péage, passa quittance à l'évêque d'une créance de dix mille sols sur le château de Mirabel, et fit remise de la

1 Tit. Dien., ch. XVI, De permutatione castri de Aurello et de Taalosco, p. 41-3.

2 Il le fut, vers la même époque, de concert avec Bernard Chabert, évêque de Genève, entre les chanoines de Saint-Barnard et les bourgeois de Romans (Cartul. de St-B., ch. 387).

3 Tit. Dien., ch. XXI, De compositione Humberti Diensis episc. et Ademari de Pictavia, super castro et bastia Aurelli et de Cums et de So Ferreolo et de Paoneto, p. 49-51.

procuration annuelle qu'il percevait sur les hommes de Ponet (1).

Pour donner aux yeux de ses sujets plus de prestige à son autorité, l'évêque Didier se rendit à Bâle, en novembre 4244, auprès de Frédéric II, roi des Romains; le diplôme qu'il en obtint reproduit les dispositions de celui de l'empereur Frédéric Barberousse aux fiefs qu'il possédait déjà, le prince ajoutait celui de Quint et tout ce qu'Aimar II de Poitiers avait dans le diocèse de Die, avec l'autorisation de fortifier le château construit près de Die in monte Podonis (2). Didier fit en même temps adresser par Frédéric une lettre au comte de Valentinois, par laquelle il lui notifiait l'adjonction du château de Quint aux anciennes possessions de l'évêque, lui réitérait la défense de percevoir aucun droit de péage dans le diocèse de Die, d'élever des fortifications près des routes, au préjudice des voyageurs et de l'église, et l'invitait en terminant à ne pas se faire écrire une seconde fois à ce sujet (3).

De retour dans son diocèse, l'évêque Didier se trouva en présence des terribles difficultés qu'il s'était proposé de conjurer et que nous développerons bientôt.-Guigues Bérenger, fils de Raymond, fit à son tour revivre la vieille querelle de sa famille avec l'église de Die, relativement aux châteaux de Follans et de Prébois; par sentence d'arbitres, le seigneur fit abandon complet et perpétuel de ses prétentions, et l'évêque lui rendit ces domaines à titre de fief et sous promesse d'hommage-lige; l'acte fut passé en 1218, à Die, dans le cloître de Notre-Dame, près du puits (*). Didier fit, deux ans après, une concession de même na

1 Tit. Dien., ch. XXVIII, De compositione episcopi Desiderii et Villelmi de Pictavia super castris de Mirabello, de Pontays, de Paoneto et de Quinto, p. 60-1.

2 Tit. Dien., ch. II, Privilegium Frederici regis Romanorum II1 indultum Desiderio Diensi episcopo, p. 8-11.

3 Tit. Dien., ch. III ter, Epistola ejusdem regis ad Ademarum Pictavensem, p. 17-8.

4 Tit. Dien., ch. XXX, De compositione episcopi Desiderii et Guigonis Berengarii, super castris de Foillas et de Pratibuxo, p. 63-4.

ture à Bertrand de Mison et à son fils: il leur donna le château de Recoubeau en franc fief, et ils durent le soutenir en toute occurrence, excepté contre Raymond d'Agoult (1).

Bertrand, successeur de Didier, eut, grâce à sa fermeté, un épiscopat plus paisible. Il dut cependant, peu après sa consécration, le 30 juin 1224, entrer en arrangement avec Guillaume Artaud, au sujet de la terre qui avait appartenu à Hugues d'Aix, neveu de Guillaume, et dont il avait été fait hommage à Didier, comme le prouvèrent les dépositions des témoins, en dépit de ses assertions contraires. Le doyen du chapitre de Die et Raimbaud d'Ozasèche, choisis pour arbitres, reconnurent les justes prétentions du prélat et condamnèrent Guillaume à se reconnaître son vassal et à le secourir de placito et de guerra (2). —Bertrand acheta ensuite, le 10 juin 1227, de noble dame Almonde, sœur de Raymond de Mévouillon, les châteaux de Gensac et de Barnave, avec leurs mandements et toutes leurs appartenances; il les paya seize mille sols, monnaie de Vienne ou de Valence, dont six mille sols viennois comptant et le reste suivant qu'il était stipulé dans un acte séparé qu'on ne connaît pas autrement (3). Almonde renonçait en même temps à ses droits éventuels sur les terres d'Hugues d'Aix, son fils, dont il vient d'être question; elle s'engageait de plus à obtenir l'assentiment de ses autres enfants, Rostaing de Sabran et Alix, à cette vente: ce qui eut lieu, au commencement de 4230, de la part de Rostaing qui promit d'observer à perpétuité, lui et ses successeurs, les stipulations de l'acte (*).

Postérieurement à la réunion des Tituli Dienses,

1 Tit. Dien., ch. XXIX, De feudo de Ricobello, p. 62-3.

2 Tit. Dien., ch. XXXIII, De compositione Bertrandi episcopi Diensis et Willelmi Artaudi super dominio terræ Hugonis d'Ays junioris, p. 68-9. 3 Tit. Dien., ch. XXXI, De acquisitione castrorum de Gensiaco et de Barnava, p. 65-7.

4 Tit. Dien., ch. XXXII, De laudamento Rostagni de Sabrano super eisdem castris, p. 67-8.

l'évêque Humbert IV, dont le pouvoir était menacé dans sa ville épiscopale, se rendit, en septembre 1238, auprès de l'empereur Frédéric II qui faisait alors le siége de Brescia. Ce prince l'accueillit avec bienveillance et lui fit délivrer des lettres-patentes qui reproduisaient la teneur du diplôme accordé par son aïeul, Frédéric Barberousse, à l'évêque Pierre II et confirmaient celui qu'il avait luimême concédé à Didier, en 1244 (1). En même temps, sous forme de lettre, il manda à l'évêque de Die d'abolir dans sa ville épiscopale les faux poids et les fausses mesures qui s'y étaient introduits et de rétablir ce qui était conforme à la légalité ou à l'usage, d'asseoir les impôts selon la justice et l'utilité des citoyens, d'empêcher, sous peine d'amende, toute réunion illicite et de prohiber sévèrement les conventicules et les conspirations contre l'autorité (2).

L'absence de toute série postérieure d'actes authentiques relatifs à l'église de Die nous force d'arrêter ici le résumé de ses annales, que nous avons essayé de tracer, à l'aide des Tituli Dienses, pendant une courte période du moyen âge; elle nous dissuade même de les poursuivre jusqu'à la réunion du diocèse de Die à celui de Valence, en 1275. On sait qu'à partir de cette époque l'histoire des deux églises devient commune, et qu'elles ne reprirent leur existence individuelle que quatre siècles après, en 1687, pour la perdre de nouveau par la Constitution de 1790.

SII. Cartulaire de la ville de Die.

La ville de Die possédait, au commencement du XVII siècle, des archives riches et importantes. Elles furent inventoriées à cette époque, et le répertoire qui fut rédigé à

1 Tit. Dien., ch. III, Confirmatio privilegiorum a Frederico imperatore Il• indulta Humberto Diensi episcopo, p. 12-5.

2 Tit. Dien., ch. III bis, Epistola ejusdem imperatoris ad eumdem, p. 15-6.

cette occasion en fait foi; c'est d'ailleurs, pour cette localité, le plus ancien monument de ce genre dont nous ayons connaissance. Il est intitulé: « INVENTAIRE general des » papiers, tiltres et documents de la com(munauté de » Dye, auquel a esté procedé comme cy appres en suite de » conclusion prinse en conseil, du vingt septiesme de>>cembre mil six cents quatorze, par les soubsinés à ce ➤ commis, assavoir par M'me Pierre Caty docteur et ad (vo)»cat et s Louys David, consuls modernes, me Pierre. » Guillet et s' Pierre de La Morte, anciens consuls, m* Louys ▷ Serre tresorier moderne, M' m' Gaspar Rambaud cha>> noine de l'eglise cathédrale de Dye, noble Jean Faure » conseigneur de Vercors, M m Claude Poudret advocat, » M' Aymar Dupuys notaire dudit Dye; et a esté commencé » le vingt neufviesme decembre susdit et poursuivy des » susdits papiers et tiltres trouvés dans la maison consu»laire comme sensuit: Et premièrement............. » Il constate en somme la présence de 130 chartes en parchemin, dont la plus ancienne est de l'année 1217, un grand nombre de registres et une foule de pièces de procédure en papier (1).

Un nouveau récolement des mêmes archives eut lieu en 1758, ensuite d'une délibération du conseil de la communauté de la ville de Die, en date du 25 avril de cette année, par laquelle elle avait « trouvé bon de faire procéder au » dépouillement général de ses archives, pour parvenir » avec plus d'avantage à la vérification de ses dettes et » pour mettre un arrangement dans les papiers qui les » composent. >> On députa à cet effet MM. J.-P. Lagier de

1 L'original de cet Ancien Inventaire des papiers, titres et documents de Dye, 1615, forme un cahier de papier de format in-4°, dont XLU feuillets sont écrits; on lit à la fin : « Ainsin procedé par nous commis susdits et parachevé le present audit Dye, dans ladite maison consulaire aux archives de laquelle les susdits papiers et tiltres ont esté remis, ce vingt > deuxiesme decembre mil six cents quinze; et en foy nous sommes soubsinés Cati consul, Rambaud David consul, Vercors, Poudret, Dupuys, » Guillet, de La Morte, Serre tresorier, Planet notaire. » Il fait partie du cabinet de M. Morin-Pons.

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