pas complétement la querelle et ne mit point un terme définitif à ces réclamations de famille. Nous voyons en effet, le 10 octobre 1479, Guigues de Sassenage, qui avait épousé Béatrix, fille de Sibylle, femme de Raymond Bérenger, faire cession de ses droits à la succession du chanoine Raymond, sous l'arbitrage de son frère Jean de Sassenage, évêque de Grenoble, et du prieur de la chartreuse du ValSainte-Marie il reçut pour ce fait, de l'évêque Robert, 3000 sols viennois et donna pour garant de son serment Taillefer, comte de Grenoble (1). Comme on l'a vu, ces donations avaient été faites à l'église et à l'évêque de Die en commun. L'administration de ces biens et le partage de leurs revenus donnèrent lieu, à ce qu'il paraît, à quelques difficultés; car, en 1183, l'évêque Robert et le doyen Jarente, représentant le chapitre, se partagèrent entre eux les châteaux, les villages, les domaines, les fiefs, en un mot tout ce qu'ils possédaient dans le Trièves, provenant de l'aumône du clerc Raymond Bérenger; après avoir fait deux lots, on les tira au sort (divina favente clementia cessit...). L'évêque eut Prébois et son mandement; à l'église échut Thoranne et Tréminis, avec leurs mandements: le fief de Raymond restait indivis entre les parties; les deux contractants se promettaient alliance et secours mutuels (2). Les contestations dont les Tituli Dienses nous ont conservé le récit n'ont pas toujours pour objet le possessoire : l'évêque avait encore parfois à régler les redevances qu'il percevait sur les abbayes non exemptes et les diverses chapellenies. Ainsi, le 24 mars 1187 (n. st.), l'archevêque de Vienne Robert, dont nous avons déjà rencontré l'action médiatrice, amena une transaction entre l'évêque de Die, Robert, et les moines de Saint-Marcel-lès-Sauzet, au sujet des églises de Châteauneuf-de-Mazenc: les revenus curiaux 1 Tit. Dien., ch. X, Item de dono Raymundi Berengarii, p. 30-2. 2 Tit. Dien., ch. XIV, De Divisione possessionum ac feudorum episcopi et ecclesia Diensis in Triviis, p. 36-8. seraient partagés et les chapelains, nommés par l'évêque, devraient prêter serment au prieur de Saint-Marcel; c'était alors Bernard de Brozeto, qui agit dans cette affaire du consentement de l'abbé et du couvent de Cluny dont il dépendait ('). Parmi les abbayes de la dépendance de l'évêché de Die, la bulle d'Alexandre III mentionne, on l'a vu plus haut, celle de Saint-Médard: c'est ce qui explique la présence, parmi les Tituli Dienses, de la charte XXIII. En 1187, Guillaume Saramand, du consentement de sa mère et de son épouse, donna à cette église, alors simple prieuré, toute la terre des Archimbaud et l'en investit entre les mains du prieur Guillaume de Royas il se réservait la possession d'une partie, sous le cens de cinq setiers de froment à la mesure légale de Crest (*). C'est à cette époque, croyons-nous, qu'il faut rapporter une lettre d'Henri VI, roi des Romains, à Aimar II de Poitiers, à Raymond d'Agoult et autres seigneurs, leur interdisant de lever aucun péage dans tout le diocèse de Die au préjudice du prince-évêque, sous peine de cent livres d'or et d'encourir les effets de sa royale indignation ("). — Le comte de Valentinois, batailleur ambitieux et acharné, ne pouvant se créer une petite souveraineté en-deçà du Rhône qu'aux dépens des églises de Valence et de Die, passa sa vie à guerroyer, sans commisération pour les intérêts pacifiques des faibles et des pauvres, et nous le verrons plus d'une fois encore disputant à l'évêque de Die la possession de biens sur lesquels il ne pouvait alléguer que le droit du plus fort. Guillaume d'Aurel, Guillaume Peloux et Albert de Montclar avaient terminé leurs différends au sujet de territoires dont leurs amis communs avaient fait une équitable division; l'un d'eux, Guillaume d'Aurel, vendit ensuite sa 1 Tit. Dien., ch. XIX-XX, De compositione S' Marcelli de Sauzei super ecclesiis Castri Novi Dalmatiensis,p. 47-9. 2 Tit. Dien., ch. XXIII, De dono terræ Archimbaudensis facto ecclesiæ de Brisano, p. 52-3. 3 Tit. Dien., ch. VII, Epistola Henrici Romanorum regis super strata episcopatus Diensis, p. 23. part sur le château dont il tirait son nom à l'église de Die, A l'exemple de son généreux prédécesseur Raymond- L'ordre de Saint-Ruf, fondé à Avignon au xr siècle, 1 Voir, sur la signification de ce mot, la note 2 de la p. 41. 2 Tit. Dien., ch. XV, De divisione partium castri et mandamenti de 3 Tit. Dien., ch. XXV, De dono Petri Cornillani apud Aurellum, p. 55-6. B laire. Le cardinal Bernard, légat du Saint-Siége, fut, le L'évêque Humbert, bien assuré du concours en temps 1 Voir, sur cette charte qui fait partie de notre Codex diplomaticus or- 2 Tit. Dien., ch. XXVI, De compositione ecclesiarum de Crista, p. 57-9. 4 Tit. Dien., ch. XVIII, De compositione ecclesiarum de Taulignano, puissants, et ses regards se tournèrent vers les Dauphins de Viennois; l'acte d'alliance qu'il contracta le 4 octobre 1201 offre les caractères et l'importance d'une notice historique. Silvion de Crest tenait en fief ab antiquo, de l'église de Die et de son évêque, le château de Beconne, Saint-Benoît et ce qu'il pouvait avoir à Saillans: il en devait hommage et fidélité, avec obligation d'opérer la remise de toutes les fortifications dans les quatorze jours après en avoir été requis; il avait en outre la charge de porte-bannière de l'évêque, et devait placer devant lui, à table, les premiers plats, le jour où il faisait son entrée solennelle dans sa ville épiscopale, après sa consécration. Silvion était aussi feudataire de l'église et de l'évêque pour Crest, Lambres, Divajeu, Aouste, Saint-Médard, et pour tout ce qui lui appartenait depuis Crest jusqu'à Saillans. Du consentement de son chapitre, l'évêque Humbert transmit ce dernier fief, pour lequel hommage-lige lui était dû, à Béatrix, comtesse d'Albon, et à son fils le dauphin André, à charge de lui en prêter, à lui et à ses successeurs, hommage et fidélité comme au seigneur principal. A leur tour, la comtesse et le dauphin lui firent donation, ainsi qu'à son église, du château de Montclar, de la villa du MonastierSaint-Julien et de leurs droits sur les châteaux de Véronne et de Suze possessions dont l'évêque leur fit incontinent rétrocession, en les dispensant de la remise des fiefs. Humbert obtint enfin d'eux la promesse, confirmée par serment, d'être secouru en toute occurrence. L'acte fut passé entre Romans et Peyrins, au lieu de Presle (1). L'évêque Humbert fit ensuite deux échanges: l'un, le 13 mars 1202 (n. st.), du consentement du prieur et du chapitre de Sainte-Croix, avec le prieur de Saint-Marcel du Chastel, par lequel il reçut, contre divers cens, une vigne dite de la Confrérie (2); l'autre plus important, l'année sui 1 Tit. Dien., ch. VIII, De feudo comitis Dalphini, p. 24-7. 2 Tit. Dien., ch. XXIV, De permutatione Humberti Diensis episcopi et ecclesiæ S' Marcelli de Castello, p. 54-5. |