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La collaboration qu'Eugène Müntz a prêtée à notre Société est sans doute bien peu de chose, comparée à la place qu'il occupait dans le monde savant. Telle qu'elle fut, elle n'en doit pas moins nous être précieuse. Il nous a donné son concours dès l'origine de la Société; il a constamment fait partie du Conseil d'administration, et nos collègues l'ont vu assister à nos séances lorsque le formidable labeur auquel 11 s'était astreint lui laissait quelque répit. J'ai souvent causé avec lui, dans cette belle bibliothèque de l'École des BeauxArts qu'il ouvrait si libéralement aux chercheurs, de l'avenir de notre Société, de son but, de ses espérances, et j'avais de lui la promesse qu'il nous donnerait quelque jour une conférence sur un sujet pris dans notre histoire.

<< Cher Monsieur, m'écrivait-il le 5 février 1899, j'ai compulsé mes notes, tous ces jours-ci, mais hélas! n'y ai trouvé aucun thème se prêtant à une lecture courte, intéressante et populaire. Ne doutez pas, du moins, de ma bonne volonté. Je serai charmé à l'occasion de me mettre à vos ordres. >>

Sa mort prématurée n'a pas permis que sa collaboration devint ainsi plus intime, et c'est un nouveau regret à ajouter à tous ceux que nous cause sa perte.

<< Ceux qui l'ont approché savent quels furent la douceur de son abord, la modération de son caractère, la bienveillance de ses façons, la sûreté de ses renseignements, l'à-propos de ses conseils. Ceux qu'il aimait ont connu la bonté de son coeur. Tout ce qui lisait, en France et en Europe, a mesuré l'étendue de ses connaissances et l'excellence de sa critique. »

Ces quelques lignes empruntées à la notice que M. Dimier lui a consacrée dans la Gazette des Beaux-Arts, disent sobrement les qualités de notre illustre collègue. J'atteste qu'elles expriment la pensée de tous ceux qui ont connu Eugène Müntz, qui ont profité de ses avis et qui conserveront fidèlement le souvenir des services rendus par ce savant aimable à l'érudition et aux érudits.

Félix HERBET.

LES BATAILLONS DE MARCHE DE LA GARDE NATIONALE DU VI ARRONDISSEMENT PENDANT LE SIÈGE DE PARIS (1870-1871).

On a bien raison de dire qu'il est difficile d'écrire l'histoire, et je n'aurais jamais cru qu'en cherchant à vous tracer le récit succinct que le comité m'avait fait l'honneur de me demander, j'allais me trouver aux prises avec de véritables obstacles.

Notre bulletin avait, dès l'an dernier, fait appel aux souvenirs et à la bonne volonté de nos sociétaires; il faut être indulgent à raison des occupations qui nous tiennent les uns et les autres : aucun d'eux n'a répondu. Heureusement, une note publiée dans l'Intermédiaire des Chercheurs et Curieux, du 20 octobre 1902, nous a valu une communication anonyme, tout à fait intéressante.

Les archives du département de la Seine, qui ont leur siège, quai Henri IV, me paraissaient le quartier général tout indiqué des renseignements les plus officiels et les plus complets. J'y ai rencontré le meilleur accueil, et pu trouver quelques documents utiles, notamment le tableau imprimé des bataillons de la garde nationale de la Seine, publié en 1870, pendant le siège, chez Paul Dupont.

Notre municipalité m'a communiqué la liste des anciens tambours qui participent au legs fait en faveur de

l'ex-onzième légion : j'ai écrit à l'un d'eux: il est venu me voir, ayant encore quelques rares souvenirs sur le 18° bataillon, dont la formation est antérieure à 1870, mais se refusant même aujourd'hui à connaître les numéros des bataillons créés après le 4 septembre. « C'était, me dit-il, des gens auxquels on ne parlait pas. » Cette réponse qui s'inspire sans aucun doute, à 33 ans de distance, des rivalités ayant existé entre les tambours des anciens bataillons et ceux des bataillons nouveaux, m'a paru assez piquante pour vous être rapportée, mais ne m'apprenait rien de ce que je désirais.

J'aurais dû personnellement pouvoir apporter ma contribution, puisque j'habite l'arrondissement depuis 1867: mais le hasard fit que je suivis un de mes amis, pendant la durée du siège, au 106° bataillon, qui dépendait du VII• arrondissement.

Du moins, j'ai eu la bonne fortune de rencontrer l'un de nos concitoyens ayant fait successivement partie du 84° et du 19o bataillon: il a bien voulu me raconter ses impressions qui me seront du plus grand secours. J'ajouterai que notre Bibliothèque possède un charmant petit volume intitulé: Le 18° bataillon aux tranchées, publié en 1871 par AUGUSTE ROUSSEL, et que l'Illustration du 31 décembre 1870 a reproduit un article publié par Théophile Gautier dans le Journal Officiel, sur la Statue de neige, au bastion 85; j'aurai ainsi fait connaître toutes mes sources.

On excusera ce long préambule : il explique comment l'auteur de cette notice ne peut songer à apporter ici qu'une toute petite contribution à la modeste page d'histoire qu'il faudrait consacrer à nos bataillons de marche.

Le décret du 11 janvier 1852 avait prononcé la dissolu

tion de toutes les gardes nationales de France, en fixant les bases d'une réorganisation nouvelle à laquelle il ne devait être procédé que « selon les circonstances ». La circulaire ministérielle du 14 janvier 1852 disait aux préfets qu'il fallait rechercher « moins le nombre que le bon esprit des gardes nationaux ». Lorsque le second empire crut utile à sa politique de réorganiser la garde nationale à Paris, il créa 60 bataillons, animés de ce « bon esprit », et répartis, semble-t-il, entre les arrondissements, sans leur correspondre exactement.

Le tableau officiel des bataillons de la garde nationale publié en 1870, pendant le siège, n'attribue que les 18° et 19 au VI arrondissement; peut-être le 20°, attribué au VII arrondissement et le 21°, attribué au Ve arrondissement, ont-ils également compté dans leurs rangs une partie de nos concitoyens.

((

Dès le mois d'août 1870, à la suite de nos premiers revers, les demandes d'inscriptions se multiplièrent dans notre arrondissement dans le quartier de Notre-Damedes-Champs, par exemple, des artistes peintres ou sculpteurs, des architectes, des professeurs, qui n'avaient point <<< le bon esprit » suivant la formule de 1852, témoignèrent de leur désir de prendre part à la défense : ils improvisèrent au rez-de-chaussée de notre mairie, un bureau de recrutement pour la garde nationale: il en fut de même. dans les autres quartiers. D'ailleurs, la loi du 12 août 1870 réorganisa les gardes nationales dans toute la France, en faisant revivre une loi de 1851, abrogée en 1852.

Les anciens cadres furent bientôt insuffisants, et c'est ainsi que successivement, au fur et à mesure des inscriptions, on créa, en outre des 60 bataillons anciens déjà considérablement augmentés par les recrues récentes, 200 ba

taillons nouveaux, numérotés de 61 à 260, dont 29, il faut

le dire, ne furent point armés.

Le VI arrondissement eut pour sa part, toujours d'après

CHARLES SAUNIER père (1815-1889)

Croquis fait aux remparts d'après un garde national du 83 bataillon.

le tableau imprimé, les 83, 84, 85°, puis le 115o, puis encore le 193o, et enfin le 249°, ce dernier non armé.

Le même tableau donne le nom du commandant, l'effectif et l'armement pour chaque bataillon l'indication peut ne pas être complète surtout pour les commandants, s'il y a eu des mutations :

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