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Il est difficile que toutes ces raisons ne prennent pas de grands avantages sur notre jugement dans la question dont il s'agit...

L'Assemblée nationale doit laisser la cause du sieur TALMA aux termes des lois ecclésiastiques. Celles-ci ne confondent point, dans cette espèce, l'innocent avec le coupable; et le curé de Saint-Sulpice est en règle dès que le sieur TALMA ne se présente à lui, pour recevoir le sacrement de mariage, que dans l'aveu de la profession consacrée par l'Église alors cet aveu tient lieu de preuves, et vaut, à l'égard de sa partie, un jugement particulier dont elle n'a pas à se plaindre, parce qu'elle s'en prend à la loi même qui subsiste et que son exécuteur ne peut ni interpréter ni changer. Mon avis particulier est donc sur la question présente :

Que, abstraction de l'état du sieur TALMA, ainsi que de toute autre profession dans la société, tout mariage soit valable aux yeux de la loi, par la seule déclaration qu'en feront les parties dans la forme que la loi même leur prescrira; qu'en conséquence, les empêchements de mariage relatifs aux causes purement civiles et politiques soient réglés par la loi ellemême, de manière que ni l'Église, ni la puissance civile n'en accordent de dispense à personne dans aucun cas, laissant au surplus, pour tout ce qui ne regarde que l'administration religieuse du sacrement, les ministres de l'Eglise dans le droit et la liberté de la régler, comme ils trouvent meilleur pour le salut des âmes et la plus grande gloire de Dieu : Cæsaris Cæsari, Dei Deo.

Partant, il n'y a lieu de délibérer sur l'affaire du sieur TALMA.

Prévoyant sans doute l'issue de sa requête, Talma avait consenti à renoncer à son titre de comédien, qu'il s'était empressé d'échanger contre celui de bourgeois de Paris: il est, en effet, ainsi qualifié dans son acte de mariage — qui fut de la sorte purement civil, et un des premiers, sinon le premier, qui ait été célébré conformément à la nouvelle Constitution.

Talma habitait, à l'époque, rue Chantereine, dans la même maison et, nous pouvons le déclarer sans trop nous avancer, dans le même appartement que sa future femme.

La bénédiction nuptiale fut donnée aux époux, le mardi 19 avril 1791, en l'église Notre-Dame de Lorette, par le vicaire Lapipe.

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Douze jours plus tard, le 1 mai, Talma présentait à la même église deux enfants jumeaux, que le susdit Lapipe baptisa, sous les noms de Henri-Castor et de Charles-Pollux, déclarés «< nés de la veille » (1).

Castor et Pollux succombèrent en bas âge, à la phtisie pulmonaire. Quelque temps auparavant était mort (2) un autre fils de Talma, de deux ans plus âgé que ses frères jumeaux, et qu'on avait affublé du vocable de Tell; l'histoire ne dit pas s'il se prénommait Guillaume.

La perte de ce fils aîné fut vivement ressentie par sa mère, qui ne se releva jamais complètement du coup qui l'avait frappée. Elle vécut néanmoins encore quelques années, et sa mort ne survint qu'en 1805; depuis le 6 février 1801, Julie Carreau avait cessé de s'appeler Madame Talma.

Dr CABANES.

(1) Copin, op. cit.

(2) Le 31 mars 1791, d'après les uns; le 3 avril, d'après les autres.

NOTULES

PARIS NOUVEAU.

Le prolongement de la rue de Rennes et l'établissement d'un pont devant la relier à la rue du Louvre continuent à être l'objet de maintes conversations dont on trouvera l'écho tant dans les procès-verbaux de la société que dans ceux de la commission du Vieux-Paris.

Il faut respecter l'Institut, c'est entendu; on ne saurait non plus toucher à la pointe occidentale de la Cité. Peut-être après avoir cherché le compliqué, l'illogique, adoptera-t-on la solution bien simple qui consisterait à prolonger la rue de Rennes jusqu'au quai Malaquais et là, à remplacer la passerelle assez laide du pont des Arts par un pont plus monumental qui, en obliquant légèrement ou en se courbant déboucherait à la rue du Louvre en écornant, peu ou point, le jardinet placé devant la colonne du Louvre.

M. FÉLIX RÉGAMEY ET L'ENSEIGNEMENT DU DESSIN.

Notre collègue, dont on a pu lire plus haut l'attachante étude consacrée à Horace Lecoq de Boisbaudran, s'est fort empressé durant ces derniers mois. Il a organisé au Cercle de la Librairie une intéressante exposition de dessins d'écoliers. japonais. Plus récemment, il a pris la direction de cours de dessin qui ont lieu à l'hôtel des Sociétés savantes.

Comme Lecoq de Boisbaudran, M. FÉLIX RÉGAMEY s'efforce d'exercer la mémoire des élèves en leur faisant répéter en l'absence du modèle ce qu'ils ont eu le loisir d'étudier en présence du modèle. Le programme du professeur tient en quatre formules: Copie rigoureuse; Interprétation; Dessin de mémoire; Composition.

Les personnes que la question intéresse liront avec fruit la brochure-programme que M. Félix Régamey a publiée sous ce titre L'ENSEIGNEMENT du dessin, ce qu'il est, CE QU'IL DOIT ETRE (1). Celles qui ont visité l'exposition du Cercle de la Librairie voudront se documenter plus complètement en lisant cette autre plaquette : LE DESSIN ET SON ENSEIgnement aux écoLES DE TOKIO, qui élucidera elle aussi plus d'un point obscur de pédagogie artistique.

COMMISSION DU VIEUX-PARIS.

Jeudi, 16 janvier 1902. - Intéressante discussion sur le prolongement de la rue de Rennes. Il est incidemment parlé de l'ancien hôtel de Maurice de Saxe qui porte aujourd'hui le no 5 du quai Malaquais.

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Jeudi, 13 février. Lettre de M. Roujon autorisant l'apposition d'une plaque indicatrice sur la porte de la chapelle de la Vierge de l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés, réédifiée dans le jardin de l'Hôtel de Cluny.

Continuation de la discussion sur le percement de la rue de

Rennes.

Jeudi, 10 avril. Intéressant rapport de notre collègue, M. Duprez, architecte de la 5 section, sur la topographie de l'ancienne abbaye de Saint-Germain-des-Prés et les vestiges encore existants de ses bâtiments. M. Duprez a joint à son rapport deux plans qui, de l'avis de M. Salmersheim, « ont une importance capitale ».

Jeudi, 15 mai. — Rapport de M. Duprez sur une fouille effectuée dans la cour d'une maison particulière sise rue du Cherche-Midi, 2. Le mur découvert appartient à l'ancienne église des Prémontrés.

Discussion relative à la réédification, dans le square de SaintGermain-des-Prés, des anciens vestiges de la chapelle de la

Vierge.

CH. S.

(1) En vente à l'atelier Félix Régamey, 28, rue Serpente.

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Les membres de la Société historique du VIe arrondissement sont priés d'adresser au comité C les renseignements qu'ils pourraient avoir :

1° Sur les divers bataillons (sédentaires ou de marche) de la Garde Nationale dans le VI arrondissement pendant le Siège de Paris (1870-1871).

2o Sur les divers incidents ou opérations militaires auxquels ces bataillons ont pris part soit dans l'intérieur de Paris, soit en dehors des remparts.

(1) V. le Bulletin de 1900, p. 373.

Le gérant: Charles SAUNIER.

Typographie Firmin-Didot et C. Mesnil (Eure).

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