Page images
PDF
EPUB
[graphic]
[ocr errors]
[ocr errors]

Reproduction d'un dessin aux deux crayons sur papier gris, très endommagé (h. o.32, 1. 0.26).

HORACE LECOQ DE BOISBAUDRAN

ET SES ÉLÈVES

Charles Lecoq de Boisbaudran (1), fils de Marie-Marthe Bernard de Luchet et de Horace Lecoq de Boisbaudran naquit à Paris le 24 juin 1802; il y est mort, âgé de quatre-vingt-quinze ans, le 7 août 1897.

Issu d'une vieille famille du Poitou, un de ses ancêtres, Jacques Lecoq, écuyer, sieur des Roches, de Fiel Rabier et de Bois baudran, reçut la noblesse comme maire et échevin de la ville de Saint-Jean-d'Angély, par lettres royales en date du 17 mai 1624. Un arrêt de la cour des Aydes du 14 juin de la même année porte l'entérinement desdites lettres. Le blason et les armes son d'azur, au coq d'argent membré et cresté de gueules.

Parlant d'une Anglaise dont la vie incolore s'acheva sans la moindre aventure dans un coin perdu de province, Mæterlink, pour un roman, le seul livre qu'elle ait écrit, lui décerne le titre de femme de génie : « Elle avait toutes les audaces, toutes les passions, toutes les indépendances dans son âme, mais dans la vie, toutes les timidités, tous les silences, toutes les inactions, toutes les restrictions,

(1) En 1813, C. L. de Boisbaudran était contrôleur de la Loterie Impériale de Genève.

toutes les abstentions et tous les préjugés qu'elle méprisait dans sa pensée (1). »

De cette énumération qu'on pourrait appliquer aussi bien à Lecoq de Boisbaudran, le dernier mot seul serait à biffer. En effet, personne plus que lui ne fut exempt de préjugés; mais il apportait dans l'expression de sa pensée, ouverte aux conceptions sentimentales les plus audacieuses, la réserve extrême d'un esprit indépendant, pénétré du doute scientifique.

Mæterlink ajoute: «Trop souvent, c'est l'histoire des âmes trop pensives. » Génie âme trop pensive, Lecoq de Boisbaudran fut une de ces âmes-là, et un génie aussi.

Aussi bon peintre que professeur excellent, ses propos circonspects, empreints de déférence pour la pensée de l'humble interlocuteur qu'il trouvait en moi, ont marqué mon esprit d'une empreinte profonde.

Le véritable professeur, disait-il, doit écarter de ses jugements l'esprit systématique, et jamais il ne proposera à ses élèves son propre exemple, car plus il saura paraître impersonnel, mieux il assurera leur personnalité.

A ce propos, je dirai qu'obéissant à un scrupule, qui semblera sans doute exagéré, il ne laissa jamais rien voir de ses travaux à ses élèves, voulant ainsi ne pas les exposer à la tentation d'imiter sa manière; il peignit cependant jusqu'à la fin de ses jours, on peut dire secrètement. Je n'ai vu qu'après sa mort quelques-unes de ses œuvres chez un de ses parents qui en avait hérité.

Ses dernières esquisses: de nombreux portraits de luimême, attestent une puissance de touche, une largeur d'inspiration chaudement colorée, qui contrastent singu

(1) La Sagesse et la Destinée.

lièrement avec la tenue un peu rigide de sa première manière.

Admis à l'École des Beaux-Arts le 23 avril 1819, il fut élève de Peyron et de Guilhon Le Thière. Son premier envoi au Salon remonte à 1831: portrait de M. Ch. Lecoq de Boisbaudran, son père; viennent ensuite : portrait de femme; 1833. — « Une lettre d'amour »; 1834. — Un port de mer; 1835. — <«< Une religieuse »; 1837. « Le Christ à la montagne des Oliviers »> (commande de l'État); 1843. « Saint Jérôme »; 1844. Les envois cessent à partir de cette date.

[ocr errors]

[ocr errors]

E. Bellier de la Chavignerie, dans son « Dictionnaire général des Artistes français » signale encore une «< Madeleine dans le désert » peinte, en 1850.

Dans le « Dictionnaire historique et raisonné des peintres de toutes les Écoles depuis l'origine de la peinture jusqu'à nos jours »>, d'Adolphe Siret, est également cité une « Sainte Geneviève rendant la vue à sa mère ».

La plupart de ces tableaux figurent aujourd'hui dans la collection de M. le docteur Pierre Rondeau, chef-adjoint honoraire des travaux physiologiques à la Faculté de médecine de Paris, cousin de Lecoq de Boisbaudran et son exécuteur testamentaire, à qui sont dûs la plupart des renseignements biographiques contenus dans cette notice.

Une Sainte Cécile », tableau important de 2,50 sur 1,60; de nombreux dessins, études pour les tableaux qui viennent d'être cités, font partie de la même collection, ainsi que deux portraits du maître, une peinture et un pastel, exécutés par lui-même, l'un à 92 ans, l'autre à 95 ans, peu de temps avant sa mort, et l'on peut dire de cette dernière œuvre qu'elle l'emporte par sa vigueur sur le beau portrait de M. Bernard de Luchet son oncle, qu'il

« PreviousContinue »