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Le 22 mars 1482, apparaissent des lettres patentes signées par Louis XI en son château du Plessis-lez-Tours accordant aux Abbés de Saint-Germain l'établissement d'une foire franche qui devra se tenir chaque année pendant huit jours à partir du 1er octobre, dans les mêmes conditions que celle de Saint-Denis. Voici les termes de cet acte de fondation :

Et voulons et nous plaît, que dorénavant, perpétuellement et à toujours, ladite Foire franche soit, par chacun an, tenue en la terre et lieu de Saint-Germain-des-Prés, et où lesdits supplians verront être à faire pour le mieux, durant lesdits huit jours, et que iceux Religieux, Abbé et couvent du dit Saint-Germain, en jouissent, ensemble des droits, profits et émoluments qui y appartiennent, tout ainsi que font et ont accoutumé faire lesdits Religieux, Abbé et couvent de SaintDenys-en-France, d'icelle leur Foire : Et que tous Marchands et autres gens quelconques, qui en icelle Foire afflueront et fréquenteront soient francs, quittes et exempts de toutes aides, péages et tributs quelconques, et y puissent vendre à d'autres, revendre et échanger toutes denrées et marchandises licites, et jouir et user de tous, tels et semblables droits, franchises et libertés dont ils jouissent, et ont accoutumé jouir et user, en allant, venant, et séjournant et fréquentant, marchandant à ladite Foire établie en la ville et abbaye Mer Saint-Denysen-France.

Et voulons et nous plaît, que pour tenir ladite Foire, les Religieux, Abbé et couvent de ladite abbaye, puissent faire mettre sus, dresser, construire et édifier halles, étaux et loges à l'enclos de ladite abbaye, ou autre lieu où sera tenue ladite Foire, et où bon semblera auxdits Religieux, Abbé et couvent dudit Saint-Germain, comme dit est : Car tel est notre plaisir.

Ces lettres patentes furent confirmées par les successeurs de Louis XI, avec les privilèges, franchises, exemptions

de droits qu'elles avaient assurés à la foire Saint-Germain.

Grâce à ces faveurs, les marchands s'empressèrent d'accourir en grand nombre, non seulement de Paris, mais de toutes les parties de la France et même de l'étranger. Pour les protéger contre les intempéries, Guillaume Briçonnet, abbé de Saint-Germain, fit construire ou compléter en 1511 une grande halle en pierre, entièrement couverte, contenant 340 loges ou boutiques. Les dimensions et la hardiesse de cette immense toiture, divisée en deux combles à pignons très élevés, furent l'objet de l'admiration générale; ce devint une des curiosités de Paris.

L'emplacement de la foire, après avoir quelque peu varié, se trouva ainsi définitivement fixé un peu au-dessus du chemin allant de la porte Saint-Germain à l'Abbaye, dans un grand terrain en forme de carré irrégulier confinant par derrière à l'enclos du cimetière de la vieille église SaintSulpice. On y accédait par devant près du carrefour où se voyaient le Pilori et la porte principale de l'Abbaye, d'autre côté par la rue de Tournon et la rue des QuatreVents. Tous les vieux plans de Paris en portent l'indication, depuis le célèbre Plan de Tapisserie remontant à 1540, et le Plan de Truschet datant de 1550 retrouvé à Bâle. C'était d'ailleurs l'emplacement du marché actuel en le supposant un peu agrandi sur les quatre côtés.

Le sol était de trois mètres environ inférieur à celui des rues voisines et au sol actuel du marché; on en voit encore un reste dans les petites cours basses des maisons portant les n° 8 et 10 de la rue Mabillon, et l'on a découvert en 1899 des vestiges de pavage en creusant une tranchée pour l'établissement d'un égout. Cette différence de niveau entre l'emplacement de la Foire et son entourage semble

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avoir existé de tout temps ou être au moins fort ancienne, car le voyageur anglais Lister visitant en 1698 la foire Saint-Germain observait qu'elle était installée dans une sorte de trou au milieu du faubourg, et qu'on descendait douze marches pour y entrer.

Les loges construites sous la halle comprenaient chacune une boutique et une chambre au-dessus. Elles formaient des groupes, séparés par des allées parallèles qu'on appelait rue de Normandie, rue de Picardie, rue Chauldronnière, rue Mercière, rue de la Lingerie, etc... A l'origine, les marchands de Paris devaient se réunir chaque année, en janvier, au Palais abbatial, pour l'adjudication aux enchères de chacune des loges. Mais nous verrons bientôt que l'Abbaye ayant peu à peu cédé aux particuliers la propriété du terrain et des constructions, les acquéreurs furent libres d'occuper eux-mêmes ou de louer leurs loges à leur guise.

Une ordonnance sur la police de la Foire, remontant à 1528, enjoignait aux marchands d'inscrire en grosses lettres sur leurs boutiques la nature et la provenance de leurs marchandises. Chaque rue était d'ailleurs, comme son nom l'indiquait, affectée à un genre de commerce particulier.

Enfin, les halles couvertes devenant insuffisantes, de nombreuses loges furent construites sur le terrain découvert appelé le Préau de la Foire situé du côté de la rue du Four. On y compta jusqu'à 400 loges formant aussi des rues nommées rue Ferronière, rue de Mercerie, rue de la Vannerie, rue Gaufrière, rue de Beauvais, rue du MilieuPottière, etc...

En 1570, l'importance des convois de marchandises dirigés sur la foire Saint-Germain excita les convoitises de

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