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cuisson, ne se rencontre pas au delà du faubourg SaintVictor, de la rivière de Bièvre, de l'Observatoire et ue Saint-Germain-des-Prés. De Saint-Médard à la manufacture des Gobelins, on ne rencontre plus que la poterie de l'époque chrétienne, époque de décadence dans l'art de la terre cuite à pâte dure; à ce moment, la forme change, la poterie rouge sigillée devient rose et se décolore aisément; l'éclat rouge, si vif, si brillant n'existe plus, la couverte ou vernis de l'époque gallo-romaine, éclate à l'humidité et ne protège pas la pâte; le pot à anse apparaît; il est d'un usage très pratique sous cette forme, mais la terre est cuite à une température insuffisante, quelques types dénotaient encore un sentiment artistique chez le potier. Les vases à libations prennent des formes allongées à goulots étroits; les poteries ne portent plus que très rarement le sigillum de l'officine. En revanche, apparaît la peinture décorative en blanc à reliefs sur fond noir, gris ou rouge brique; ce genre de décoration se compose de filets et de quelques ébauches de rinceaux très simples, placés entre des filets parallèles.

Quelques-unes de ces poteries, ainsi que celles de l'époque gallo-romaine, présentent des décors exécutés en creux, sortes de grafiti, qui règnent autour de la panse des

vases.

Les poteries païennes, chrétiennes, et mérovingiennes de notre pays présentent chacune un changement dans la forme, dû aux divers conquérants, fléaux de la Gaule: les premières, parce que l'art gaulois avait emprunté quelques formes aux Romains; les secondes, parce qu'elles tombèrent dans une sorte de décadence dans l'art de préparer la terre, dite sigillée, à pâte dure et brillante; et les troisièmes parce qu'elles subirent le contre-coup des conflagra

tions terribles de la tourmente mérovingienne, époque de sang, qui ne pouvait amener que la décadence, le retour à la barbarie de toutes choses de la vie industrielle.

Nous ne voulons pas dire que nos ancêtres ne possédaient pas un art, un type tout particulier à notre nation; nous voulons démontrer qu'à partir de notre contact avec les divers conquérants les poteries de forme ssphériques ou ovoïdes se modifièrent dans leurs proportions si gracieuses, ainsi que la préparation de la terre, la couleur et la cuisson.

Nous pouvons affirmer que les potiers parisiens connaissaient encore à l'époque chrétienne ou de décadence (Ive et v° siècles) un émail stannifère franchement vert, très fusible, mais adhérant mal sur la terre cuite de notre région; en voici la preuve :

En 1884, lors de nos recherches archéologiques, boulevard de Port-Royal no 6, nous rencontrâmes une sépulture chrétienne contenant un squelette bien conservé auprès duquel se trouvait à la hauteur de la tête de l'humèrus droit, une bouteille en terre à ondulations et à goulot étroit, couverte d'un émail vert (fig. 53), s'écaillant au contact de l'air; ce genre d'émail était connu des Grecs, ainsi que l'affirme une coupe qui figure dans notre collection et quelques poteries exposées au Musée du Louvre (galerie italo-grecque). La fabrication de l'émail vert, trouvée vers la fin de l'époque galloromaine, fut perdue pendant la sombre époque du moyen âge; cela tient probablement à ce que chaque potier travaillait isolément, et peut-être encore parce que l'industrie du potier disparaît au moment de la tourmente mérovingienne. Il se pourrait également que le manque de contact entre ouvriers de cette profession fût encore une

cause de la perte du procédé; ce ne fut que neuf siècles plus tard, vers le premier tiers du xiv° siècle, que l'émail stannifère vert commença à rendre la poterie imperméable, et à lui permettre de contenir des liquides, sans leur communiquer un gout terreux détestable.

Quelques squelettes furent rencontrés à l'angle formé par les rues Hautefeuille et de l'École-de-Médecine du

६. ६ . Fig. 53.

côté du mur latéral droit de la chapelle, point central du périmètre de l'établissement des Prémontrés.

L'absence complète de tout mobilier funéraire auprès des restes humains, le manque de patine qui se remarque toujours sur les ossements antiques, ou tout au moins imhumés depuis cinq ou six siècles, un crâne enveloppé d'un lambeau d'étoffe verte, sorte de lainage bien conservé nous permettent d'affirmer que ces sépultures appartiennent au moyen âge.

Les seuls vestiges gallo-romains, poteries, bronzes, objets

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divers en os furent recueillis sous l'ancien Muséum de l'École de Médecine, construit par l'architecte Gondouin.

Non loin du trottoir de la rue de l'École de Médecine, et en partie sous la chapelle du collège de Prémontré, nous rencontrâmes une construction de forme circulaire, exécutée en beaux moellons bien taillés; elle mesure 6 mè

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tres de diamètre avec plus de 8 mètres de profondeur au-dessous des trottoirs de la rue. Cette sorte de grand puisard était traversé aux deux tiers de son diamètre, par une grosse muraille appartenant au mur latéral droit de la chapelle de Prémontré (fig. 54, 55 et 56).

La destination première de cette construction ne nous

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