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d'un Cèdre. Elle est inconnue dans la chaîne extérieure, et occupe sur l'intérieure une zone moins élevée de 1000 pieds que celle du sapin argenté (Abies Webbiana). On rencontre vers ce niveau un assez grand nombre de plantes subalpines des genres Leycesteria, Thalictrum, Rosa, Gnaphalium, Alnus, Betula, Ilex, Berberis, Rubus, etc., des Fougères, des Anémones, des Fraisiers, le Bambou alpin et des Chênes.

Plus haut, notre voyageur vit des Genévriers se mêler aux Sapins argentés. Ces arbres furent bientôt remplacés par des Rhododendrons toujours verts, répandus sur les pentes en immense profusion et entremêlés çà et là de buissons de Rosiers, de Spiræa, de Genévriers nains et de petits Bouleaux, de Saules, de Chèvrefeuilles, d'Epines-vinettes et d'une espèce de Sorbier.

A 3660 mètres, la végétation était presque uniquement constituée par une multitude d'espèces de Rhododendrons qui formaient sur les pentes escarpées une zone continue de 340 mètres de largeur. Un petit Andromeda éricoïde s'y faisait aussi remarquer, et sur les bords du chemin le botaniste put cueillir deux plantes émigrées de sa patrie lointaine, le Poa annua et la Bourse à pasteur.

A 3965 mètres, le sol se trouva partout dur et gelé, et à 6570 mètres la neige couvrait les flancs de la montagne, et s'élevait à près d'un mètre de chaque côté du sentier.

Le voyageur atteignit enfin le sommet de la passe située à €114 mètres au-dessus du niveau de la mer. Il trouva encore à y récolter plusieurs espèces de Composées, de Graminées et un Arenaria. L'espèce la plus curieuse était le Saussurea gossypina, qui forme de grandes massues, revêtues d'une laine blanche et très-douce au toucher, hautes de 3 décimètres environ. L'espèce de couverture donnée par la nature à cette plante est à peu près exceptionnelle dans l'Himalaya, les genres alpins qui y sont le plus répandus, tels que Arénaires, Primevères, Saxifrages, Fumeterres, Renoncules, Gentianes, Graminées et Cyperacées, ayant un feuillage parfaitement nu.

L'année suivante, le docteur Hooker, dans l'une de ses ascensions vers la frontière du Tibet, recueillit au-dessus de 4650 mètres, sur une des crêtes de l'Himalaya, 200 espèces de plantes

parmi lesquelles se trouvaient 10 Crucifères, 20 Composées, 10 Renonculacées, 9 Alsinées, 10 Astragales, 8 Potentillées, 12 Graminées, 15 Pédiculaires et 7 Borraginées.

Enfin, le 9 septembre 1849, notre botaniste arriva à l'apogée de la flore de l'Himalaya en atteignant sur le mont Donkia une élévation de 7054 mètres. La limite inférieure des neiges perpétuelles est ici à 6945 mètres environ. L'Arenaria rupifraga est la seule phanérogame que l'on rencontre encore à cette hauteur; le Festuca ovina, un Saussurea et une petite Fougère (Woodsia), s'approchent pourtant assez près du sommet, où l'on voit plusieurs Lichens et quelques Mousses stériles.

Ainsi, les Mousses et les Lichens, c'est-à-dire les imparfaites tribus du règne végétal, sont les dernières plantes qui apparaissent dans les régions qui servent de confins au domaine de la vie. Citons une fois encore, pour clore dignement ce livre, les paroles du grand Linné : « Les derniers des végétaux vivent seuls dans la dernière des terres. »

FIN.

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