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forme

IDÉE

(all. Käsereif)

moule .

(pour les petits fromages)

rogner.

rognures.

cave à fromages

saler

celui qui sale.

crasse

(sur le fromage)

EQUIVALENTS PATOIS

ratsa f. (Vd, F, V); cercle (partout) — V zèr
m.: rond m.

fètouira f. (V, Vd); forme (Vd), fouérmat f.
(B); moule (Vd, G) — Vd mouno m.
B bætǝtyin m. (all. Bottig).

rogner (partout); (re)parer (Vd, V); - Vd
barba; byordzi

Bourler.

V ravona, patsyœ

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rognures (Vd, V, N); para f. (Vd, G), repa-
ron (V); rive, rəvon m. (Vd, V, G, F); œl f.
(N, B); baves, bavure (F, B) - Vd bord;
byordzè f. pl. ; fils; cordons; maton m pl.;
rabibe f. pl.:
V queues; courroies ;
patsa f. F limbes.

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cave (partout); grenier (Vd, V, F); sètor m. (Vd, V); chambre, tsanbron m. (Vd, V, N); fromagère (Vd, G) V fruitière; salle; cellier.

saler (partout)

a la mouèrɔ.

Vd mettre le sel F metr

saleur, salare (partout) - V tsijarin - F chala-fra; gouverna-fra.

mordzǝ f. (Vd, V, F); mouèra f. (Vd, V) — V gouma f., mousse; crasse; chemise; rapa f., F rama f.

kra m.

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LES NOMS DES VENTS

DANS LA SUISSE ROMANDE

(Suite.) Voir Bulletin X (1911), p. 46.

Encore la vaudaire.

On se rappelle que j'avais rattaché l'origine du mot vaudaire au nom géographique Vaud, supposant que ç'avait été d'abord un terme de bateliers savoyards, lequel se serait dans la suite propagé au-delà de son premier domaine. A l'occasion d'un petit séjour fait en automne 1913 à Saint-Gingolph, dans le but d'y recueillir le vocabulaire spécial des pêcheurs, je n'ai pas manqué de m'informer aussi des noms des vents usités dans la contrée. La vaudaire y est très connue. A ma question si elle venait du canton de Vaud, on me répondit: Pardon, monsieur, elle vient du Valais. Cette réponse ruinait absolument mon étymologie, la réalité s'y opposant. Si un nom géographique formait la base du mot, Vaud devait être remplacé par Valais, et je pensai immédiatement à la forme médiévale de ce nom, qui est Vallesia et dont on avait pu tirer (aura) vallesaria, « vent du Valais ». Mais cette base semble ne pouvoir donner que vauzaire. Avais-je donc fait entièrement fausse route et fallait-il en revenir à vaudai, nom du diable?

Ce qui finit par me dérouter, fut la forme phonétique que vaudaire prend à Saint-Gingolph, ainsi qu'au grand village de Meillerie, situé plus à l'ouest, et bien plus important pour la pêche. On y dit: la vovaire. Impossible désormais de partir d'un radical vald, où al ne fait pas obstacle, puisque caldaria aboutit à tsodaire, mais dont le d ne saurait en aucune façon se transformer en un v.

Pourtant je ne me décourageai pas. Croyant bien tenir cette fois mon étymologie, je ne renonçai pas à vallesaria, quitte à mettre la phonétique locale d'accord avec le fait que la vau

daire a pour patrie le Valais, ce qui est vrai pour le canton de Vaud aussi bien que pour la Savoie.

Ici, je suis obligé d'entrer en quelques détails de phonétique et de faire même un détour avant d'arriver à une conclusion. En expliquant l'origine probable du mot suisse romand cetour, cellier, M. Jeanjaquet cite la règle que nos patois font passer s à (spirante sourde interdentale) toutes les fois qu'elle était précédée d'une ǹ ou d'une : insimul > invinblyo (pat. frib. par exemple), pulvis + a > puva, etc. Cet ancien ✈ a été remplacé par ƒ dans les patois bas-valaisans, qui prononcent infinblo, pœufa, etc. (Voir Bulletin IX, p. 31). Les exemples de ce cas ne manquent pas1: falsa devient en gruyérien fóða, l'ancien haut allemand milzi > məva, in summo > invon, etc. Dans son excellente étude sur le patois du Val d'Illiez, p. 116, n. 2, M. Fankhauser augmente la liste de quelques noms de lieux: mondèrvin Montsalvens, in vənavǝla = En Sonlaville, chinvalè = Semsales, choouvivouè ➡ Saussivue (de salsa aqua), tous en Gruyère.

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On peut se demander ce qui devait arriver, si n et / précédaient non un s, mais un z, quelle que fût son origine. Le paral, lélisme du développement phonétique, qu'on observe généralement dans un parler normal, livré à lui-même, exigerait que ce z évoluât vers d (spirante sonore interdentale), qui, à son tour, deviendrait v en Bas-Valais. Ce serait précisément le cas de vall(e)saria, où le s aurait eu le temps de se sonoriser avant. la syncope. Donc vaudaire > vovaire à Saint-Gingolph. Cependant cette hypothèse resterà hypothèse tant qu'elle ne sera pas appuyée d'exemples probants. Ici la série des noms de nombre 11 à 16 nous vient en aide. Undecim et quindecim notamment, qui ont dû sonner une fois ondǝzè, kindǝzė, puis ondzè, kindze, et qui ont pu facilement influencer leurs congénères, offrent encore dans plusieurs contrées la prononciation ondè, tyinde, ainsi au Val d'Illiez, à Charnex près Montreux, à Blonay,

1

1 J'écarte à dessein tous ceux où n et l étaient suivies d'un cei, ou de ti voyelle, tels que les correspondants patois de faucille, enfoncer,

«

‹ foncet », chausses, chanson, etc., bien que je sois convaincu qu'ils représentent au fond la même « loi phonétique ».

dans la Broie fribourgeoise, où ce sont les seuls mots qui présentent le son 8 (voir l'intéressant paragraphe 177 que M. Fankhauser consacre à ces formes 1). Suivant la règle posée plus haut, Vouvry dit tyinvè, sévè (16), dòvan-na, tyinvéna = douzaine, quinzaine. Saint-Gingolph a conservé anvè, dòvè. Sous cette lumière, vovaire, de vallesaria, apparaît régulier.

Reste à vaincre la difficulté de la forme vaudoise. Elle disparaît en présence des traces assez nombreuses d'une prononciation ondè, dòdè, etc., que Bridel mentionne déjà, et qui vit encore au Pays d'Enhaut et aux Ormonts. Cette façon de parler, où M. Fankhauser a certainement raison de voir une ancienne évolution d > d, était autrefois beaucoup plus répandue. Ainsi vaudaire, normal dans une partie du canton de Vaud, a pu prendre racine ailleurs, le diable (vaudai) peut-être s'y mêlant. La série des nombres 11-16 n'est pas seule à présenter le phénomène en question: pollicem, pulicem et autres se rencontrent aussi avec d. Ces mots ont tous une / ou n avant l'ancien 8 pour c. Mais le type pulicem ayant, dans notre territoire, alterné avec *pulicam (cf. espagnol pulga), il n'y a pas grand parti à en tirer. Je chercherai à remédier à cette pénurie d'exemples à l'aide des beaux matériaux accumulés au Bureau du Glossaire et dont j'ai à peine commencé à tirer profit pour l'histoire de nos parlers. Les riches collections de noms de lieux de M. Muret nous permettront également d'élucider maint problème. Voici un exemple, en attendant le nom patois d'Anzeindaz, grand alpage de la commune de Bex, est anvénda. M. Muret propose comme étymologie douteuse un nom de femme Adosinda. La filiation très probable, après ce que nous venons de voir: a(n)dəzinda > anSinda anvénda, qui explique du même coup la forme officielle avec z, paraît bien lui donner raison. L. GAUCHAT.

1 Cf. à ce propos la Contribution à la morphologie des parlers savoyards de J. Désormaux dans les Mélanges Brunot et sa critique par H. Urtel dans le Rom. Jahresbericht XI, I, 237.

2 Mais onzè, dozė, etc., sous l'empire de la langue littéraire.

LA TRILOGIE DE LA VIE

(Suite.)

III

moua 1, s. f. mort.

mouar (Vd Pays-d'Enhaut), mouă ou mouȧ (Vd Lavaux, Blonay, Vaulion; F Gruyère, Glane; N Côte-aux-Fées), mouè (Vd Vallorbe, Vallée de Joux), mouor (V Liddes), mouó (N Montagnes), moua (B Malleray), mòr (voyelle ordinairement longue, Vd Ouest, Est, Leysin; V Salvan, Lens, Anniviers; G Bernex; N Val-de-Travers; B Plagne), mo (Vd Centre; Bas-Valais, Hérens), mor (G Aire-la-Ville, Hermance; N Val-de-Ruz, Vignoble; B Montagne de Diesse), mố (G Vernier ; F Broye), móə (V Saillon ?; B Delémont, Franches-Montagnes), moža (N Cerneux-Péq.; B Ajoie). Plusieurs de ces formes trahisssent l'influence du français. moer, mouer, mor, Bridel, Gloss., la première et la troisième forme sont des additions de Favrat. Mouâ, Dumur. Modrt, Bornet. Möe, Guélat. Homonymes patois: mort, adj. et s., mors, mord(s). Synonymes: décès, fin, trépas, voir ces mots.

1. mort subie ou donnée; 2. cas de décès; 3. personnification de la mort; 4. autrefois épidémie mortifère; 5. dans des composés: substance ou plante pernicieuse.

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1 Depuis la publication de l'article-spécimen précédent, en 1911, la Rédaction du Glossaire a décidé de donner en français les mots d'entête pour lesquels la langue littéraire possède un correspondant exact de formation et de sens. Ce serait le cas ici, ainsi que pour les mots suivants. Si nous conservons l'ancien système, c'est pour ne pas changer de méthode au milieu de la série. Pour la même raison, nous n' n'introduisons pas encore les sigles destinés à abréger sensiblement la nomenclature géographique qui ont été dernièrement soumis à l'approbation de la Commission philologique.

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