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Monfieur ils font fales
125 Vegni à la Royale,
No lou cirerain,

A mou bo Pinzons;
A mé bounes lardoires;
Mou bo Champignon,
130 U petit cabaret

Parficot Fenouillet

Ma boun eau clairette
Mou bons écrelets;
Vegni és Obelons,

Monsieur, ils sont sales.
125 Venez à la Royale,

Nous les cirerons.
A mes beaux pigeons !
A mes bonnes mésanges!
Mes beaux champignons !
130 Au petit cabaret!

Persicot, fenouillette!
Ma bonne eau clairette!
Mes bons pains d'épice!
Venez aux houblons!

<«< faire » est aujourd'hui fassi. Mais fådė a existé. Voy. le placard patois de J. Gruet. Fenouillet (p. 78) indique les deux formes pour le Chablais.

128. On pourrait songer aux «lardoires », qui sont mentionnées dans Truquet, p. 197. Mais le voisinage des pinzons rend plus probable qu'il s'agit des mésanges, en patois lårdere (Hermance). DuBois rapporte qu'on dit encore aujourd'hui en Savoie qu'on vend tout sur le marché de Genève, jusqu'à des lardaires.

130. Humbert donne «cabaret, sorte de petite table », sens que connaissent aussi les dictionnaires français. A Hermance, on nous a indiqué « ustensile pour porter des verres ou des bouteilles ». Ce vers doit être joint aux trois suivants comme cri du marchand de liqueurs et de pains d'épice.

131. Blavignac, p. 189, définit le persicot « liqueur dont l'alcool avec des noyaux de pêches formaient la base ». Le mot a été admis en 1760 par l'Académie. Ménage le cite déjà dans son Dictionnaire étymologique (1692) en disant qu'il vient de la Savoie. La fenouillette est aussi une liqueur, à base de grains de fenouil.

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132. L'eau clairette, d'après DuBois, serait composée d'eau-de-vie, d'infusion de cannelle et d'un peu d'eau de rose.

133. Ecrelets, mot employé par J. J. Rousseau dans le passage déjà cité plus haut (v. 31) de la Nouvelle Héloïse, IV, 10 (voir François, p. 36) et enregistré par Littré. La forme primitive lécrelet, où l'l a été prise pour l'article, existe concurremment. Le mot est tiré, non pas de Leckerei, comme le disent Humbert et François, mais d'un diminutif Leckerli, usité dans la Suisse allemande, d'où proviennent le mot et la chose.

134. Obelon; les jeunes pousses du houblon sont comestibles. Humbert cite les phrases : « Cueillir des obelons ». « Manger des obelons en salade ».

135 Affeta de Melon

A mé prainmes herbè
Affeta ma Zerba;
A mon bo Rampon;
Dé fleurs de Lits;
140 Chanfon d'Escalade
A mou bo oublis.

[8.]

Poudre à poudrer,
Cire à cirer

Belle laine blanche

145 De rite de France;

A mon bo raté;
E belle rioutè
Bounes échalottes
E peti Yzé;

150 U bo Piracè

Tabac à fumer; Paffera Merlo Vegni é Sambero; Liaffe de Poret, 155 A mon bo Flioret; A ma bouna Sia Affeta ma Fia;

136. Praimmes C.

135 Achetez des melons!

A mes menues herbes!
Achetez ma gerbe!

A ma belle doucette !

Des fleurs de lis !

140 Chanson d'Escalade!

A mes beaux pains à cacheter!

8.

Poudre à poudrer!

Cire à cirer!

Belle laine blanche

145 De << rite » de France!
A mon beau rateau!
Aux beaux liens!
Bonnes échalottes !
Aux petits oiseaux !

150 Au beau persil !

Tabac à fumer !
Moineau, merle!

Venez aux écrevisses!

Botte de poireaux !

155 A mon beau fleuret.

A ma bonne soie!
Achetez ma brebis !

139. Les feuilles de lis, conservées dans l'eau-de-vie, étaient un vulnéraire qui ne manquait dans aucun ménage.

140. Cf. « A deux liards les chansons tant belles », Chanson, p. 219. Sur les chansons d'Escalade, cf. ci-dessus, p. 89.

147. Rioutè, liens de branches flexibles, pour attacher les gerbes ou les fagots. Cf. Humbert, rioûte; Dict. sav., riouta.

151. Les différents Cris de Paris ne mentionnent pas encore le tabac. Il était répandu chez nous dès le XVIIe siècle.

156. Sous l'influence du français, la plupart des patois genevois disent actuellement soué, choué, pour « soie ». Mais l'ancienne forme indigène sia subsiste dans quelques endroits. Le développement seta > sia est parallèle à celui de feta > fia « brebis », que nous avons au vers suivant et qui est conservé presque partout.

E bon Trebuchet;

Egru, Egru

160 Ma Semife brule Zai le fua û cû.

Aux bons trébuchets!
Aux «grus», aux « grus »>!

160 Ma chemise brûle,

J'ai le feu au c....

158. Cf. « Argent du fin trébuschet », Chanson, p. 219.

159. Gru pourrait être « gruau », mais il est plus probable qu'il s'agit de ce laitage analogue à la « séracée », dont J. J. Rousseau parle dans le même passage de la Nouvelle Héloïse, IV, 10 (ci-dessus, vers 31). Voir François, p. 43. Humbert définit « du caillé, du séret mêlé de crême ».

160-161. On peut rapprocher le passage suivant d'une chanson populaire jurassienne en patois: «<Au secours! mon cul brûle! Ma chemise s'en sent. » Arch. suisses des trad. pop. IV (1900), p. 151. Aller crier derrière la porte: «Ma chemise brûle! Qui est-ce qui l'éteindra? » est une des pénitences de « jeux de gages » que l'on connaît aussi dans le canton de Genève. C'est peut-être ce qui a suggéré à notre auteur sa conclusion burlesque.

L'édition A se termine par le mot FIN.

J. JEANJAQUET.

TABLE DES MATIÈRES

J. JUD. Les noms des poissons du lac Léman
ERNEST MURET. Effets de la liaison de consonnes avec
s finale, observés dans quelques noms de lieu
valaisans

L. GAUCHAT. Etymologies: 1. Neuch. bárnā, heureux.
2. Rom. dèsuvi, contrefaire. 3. Neuch. tioupèr,
jacinthe .

J. JEANJAQUET. Les cris de Genève.

IMPRIMERIES RÉUNIES S. A. LAUSANNE.

Pages.

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