Page images
PDF
EPUB

c'est baisi-baisa; la 2°, c'est berci-berça; la 3e, c'est batti-batta

(B, passim).

Voir d'autres proverbes sous maryā, fèna, èpão.

Hist., Tiré de maritare, à l'aide du suffixe-aticum, qui a servi, au haut moyen âge, à désigner une quantité d'impôts ou taxes, voir Meyer-Lübke, Gr. rom. II, § 482. Le dict. vieuxfrançais de Godefroy enregistre deux exemples du sens de << donation matrimoniale, bien de l'époux ». Cfr. Du Cange: mariagium et maritagium. Les matériaux nous manquent pour élucider le rapport qui existe entre les sens 1 et 2. Sous 2, on pourrait distinguer les acceptions suivantes : action de se marier, noce, état qui en résulte, que l'allemand rend par trois mots: Heirat, Hochzeit, Ehe. Nos patois possèdent aussi noce(s), qui cependant nous paraît être d'un emploi plus rare qu'en français.

Encycl. 1. Avant 1874, les bans se publiaient du haut de la chaire, avant le culte, pendant trois dimanches consécutifs, comme cela se pratique encore en pays catholique. La formule était il y a promesse de mariage entre.... Généralement, ni les contractants ni leurs parents n'assistent à la publication. Moyennant la dispinsa1, qui consiste en une certaine somme d'argent, on peut obtenir qu'elle n'ait lieu que deux ou qu'une fois. L'obtention d'une dispinsa, procurée par l'évêque ou par le curé, est également nécessaire, lorsque les époux sont trop proches parents. En patois, les bans s'appellent les annonces, ou les cries (Valais); pour publier, on se sert des expressions (nous francisons) publier, crier, lire les annonces, annoncer.

2. La nouvelle constitution fédérale (1874) a institué l'obligation de se présenter devant un fonctionnaire civil, qui prend l'inscription, devant deux témoins, et qui l'affiche dans un lieu public: pilier, tableau exposé à la mairie ou maison d'école, etc. La bénédiction du mariage par le pasteur ou curé n'est plus obligatoire, mais elle est très rarement supprimée. On nomme en Valais les sourds ceux qui ne se marient pas à l'église. Bien qu'il soit d'introduction récente, les patois se sont approprié le

1 Les variantes dialectales sont données sous dispinsa.

nom de l'officier d'état-civil. Ils le déforment souvent en disant: officier civil, du civil, l'état-civil, ou le civil tout court; officier de mariage (B Malleray). L'hostilité que toute nouvelle loi rencontre souvent parmi le peuple s'est traduite en toute sorte de sobriquets donnés au nouveau fonctionnaire: maquignon des demoiselles, soudeur d'enfant, colleur d'amour (apèzdārè d'amour, Alpes vaud.); marya, marieur (Vd Longirod); maryatsè, dim. de mari (F Lessoc); tsavaly, cheville (V Vernamiège); curé civil, curé de Berne (V); pontife (F Montbovon), rabbin (pron. rābi, N Cerneux-Péq.). Mais le nom ironique qui a fait le plus fortune est celui de pètaboson, que Dénéréaz a inventé pour l'un des premiers officiers d'état-civil du canton de Vaud dans l'anecdote publiée dans le no 9 du Conteur vaudois de 1876. Il y est question de fiancés qui se chamaillent pour savoir s'ils donneront la préférence au pasteur de l'endroit, surnommé pèť'en-l'air, ou à l'officier d'état-civil, affligé du sobriquet de pèta-boson (boson buisson, l'explication de crève-buisson, donnée par Mme Odin, est erronée). Ce nom s'est très répandu dans le Gros-de-Vaud et jusqu'aux frontières du canton, pas au delà. Il a été employé par des personnes qui n'en connaissaient pas l'origine, et est devenu un vrai appellatif, voir sous pètaboson. Mme Odin le cite comme tel, sans en noter le sens humoristique. Il se peut, en effet, qu'il ait été employé sans malice. Ce cas, assez rare, où l'on assiste à la création et à la propagation d'un terme patois, mérite qu'on s'y arrête.

=

Pour « être,affiché » au pilier public, les patois se servent aussi de tournures comiques, comme être pendus (à Leysin: pädoló), être dans la boîte, dans la cage, le treillis (à cause du treillis de fil de fer dont l'affiche est protégée dans certains endroits).

3. Autrefois, du temps des trois bans, le second ban était souvent célébré, chez les gens aisés, par une petite fête organisée par la jeunesse du village. Le fiancé versait quelque finance, et la fiancée préparait un café avec force gâteaux et friandises (Vaud).

4. Adieux du père. Selon le Conteur vaudois 1902, no 14, au moment où la jeune fille quittait le toit paternel, son père, ou quelque autre parent, aurait eu coutume de lui adresser le couplet:

Plliora! plliora! pourra ball' Pleure! pleure! pauvre belle

épãosa!

T'as bin dè quie tant plliorâ.
La maison de ton père
Tè faut la quittâ!
Bézè lo coumacllio,
Polo premi [!] iadzo,
Bézè lo tiu đảo pot
Po lo derrai dzo!

épouse !

Tu as bien de quoi tant pleurer.
La maison de ton père,
[II] te faut la quitter!
Baise la crémaillère,
Pour la première fois ;
Baise le fond du pot,

Pour le dernier jour!

Le Recueil Corbaz, p. 204, donne une version plus authen

tique :

Pliaura poura épausa,
Poura malhirausa,

Bèse lo coumachlio
Po lo dèrai iadzo.
Passa lo lindai (seuil)

Po lo dèrai pas,

Jamé dé ta via

Te ne chai revindri (Tu ne reTant à ton prevai. viendras ici jusqu'à ton ?)

Dans son bel article De quelques rites de passage (Rev. de l'hist. 'des religions, 1910), auquel nous aurons encore l'occasion de renvoyer, M. van Gennep mentionne une vieille chanson que jouait en Savoie le ménétrier, en tête du cortège nuptial, et qui commençait d'une façon analogue: Pleura, pleura, ma poura épeusa, etc. (la suite différente). Notre chanson pourrait avoir quelque rapport éloigné avec ce couplet. Voir la litt. indiquée en note, p. 37, n. 4. Le souvenir de cette litanie du ménétrier ne s'est pas perdu dans les campagnes genevoises, et l'on nous cite ce début de sa chanson: vain (viens), vain, maliræusa, vain.

5. Le costume des époux ne présentait autrefois rien de particulier. Voile blanc (de tulle ou de mousseline) et couronne de fleurs d'oranger sont d'introduction récente. Comme on les considère comme un symbole de virginité, ils ne sont pas portés par une veuve qui se remarie ni par une fille qui ne s'en

juge plus digne. La virginité est aussi annoncée par une ceinture (B). On se faisait faire des habits neufs pour la circonstance, à la mode du pays. La couleur préférée était le noir. Actuellement, l'épouse s'habille souvent tout en blanc. Voici quelques détails, par cantons. Vaud: au XVIIIe siècle, et même jusque vers 1840, l'époux s'habillait volontiers en militaire, pour se marier c'était autorisé et de bon ton. Aujourd'hui: chapeau haut de forme, cravate en soie, habit de fin drap noir, parfois gilet de satin brodé de fleurs. L'épouse portait anciennement le bonnet vaudois, de velours, soie, à dentelles larges, ajourées et retombantes, « mites » à l'avant-bras, robe noire de la meilleure étoffe, bas noirs, tablier et fichu de soie, ou large châle-tapis. Fribourg: l'èpàja, avi (avait) ouna balu roba dè nanjou (nansouk), on fourdá a baveri (tablier à bavette) d'épine (?) è on motchà dè chèya (mouchoir de soie)...., ouna kouêthe a lárdze pointè (une coiffe à larges dentelles; Ruffieux, Fourdèra, p. 280, où une noce est décrite avec beaucoup de détail). Quelquefois la fiancée avait sa robe de la même étoffe que l'habit du fiancé. Aujourd'hui couronne de fleurs artificielles sur la tête de l'épouse et bouquet de fleurs, également artificielles, avec ruban, sur le chapeau ou au revers de l'habit de l'époux. Cette mode, qui vient des villes, se répand partout. Valais: Couronnes, nommées tsapélè(t), et bouquets sont aussi portés par les amis et amies de noce, souvent même le dimanche suivant. Neuchâtel : La mariée portait une robe de soie ou de laine noire, cadeau de l'époux. L'épouse lui donnait la chemise de noce, ordinairement cousue par elle. Berne: Jusque vers 1830, le marié portait l'épée et le manté (manteau de cérémonie, Plagne). L'épouse avait une couronne de buis ornée de fleurs naturelles (ib.).

6. Le rôle des garçons et demoiselles d'honneur, jadis important, a bien diminué. Ils s'appellent fé ou féy d'an.nær (fils ou fille d'honneur) ou encore tchrou d fån, « chercheur de femme dans le Jura bernois. Seul, le canton de Vaud (en partie) a conservé un terme original: tsèrmalāi, tsèrmalṛirə, voir ce mot. Un ami de noce non accompagné d'une demoiselle s'ap

[ocr errors]

pelle à Leysin fó mouətso, d'après le jeu de cartes moutso, voir ce mot. Bridel définit encore les tsèrmalai comme ceux qui devaient détourner des jeunes époux les mauvaises influences. Peut-être par des incantations; car il est probable que le mot dérive de carmen, cfr. tsèrmalèri, s. f. = sorcellerie. Jadis, le tsèrmalai et la tsermalairǝ offraient aux mariés la soupe nommée òfă, voir le § 13. Le tsèrmalāi avait aussi le droit de couper la jarretière de l'épouse. Cet usage ne se pratique plus que dans certains villages du canton de Berne. La mariée attache son bas avec un ruban de couleur rose. Pendant le dîner de noces, le garçon d'honneur se glisse sous la table et lui enlève ce ruban, le coupe en morceaux et en décore toute l'assemblée en commençant par le couple. Mme Odin décrit la scène autrement: Autrefois les gens qui se mariaient allaient à cheval. La jarretière de ruban rouge de l'épouse dépassait la robe. Le tsèrmalai la coupait et la mettait à son chapeau. Le matin de la noce, le garçon et la demoiselle d'honneur apportaient à l'épouse l'offrande de bénédiction, voir bousalè (Blonay). De nos jours, l'ami et l'amie de noces, s'il y en a, organisent la fête, habillent l'épouse, et lui font ou donnent couronne et voile.

7. Pour le cortège qui accompagne les époux à l'église, il n'y a pas d'ordre bien déterminé. L'épouse est souvent conduite par le garçon d'honneur (en ce cas, l'époux suit avec la demoiselle d'honneur), ou par son père, son tuteur, sa marraine. Quelquefois ce n'est qu'avant la cérémonie même que le père remet sa fille à l'époux, et que les anneaux sont échangés. Au retour de l'église, les mariés se donnent le bras. Pendant le trajet, il est beaucoup d'usage de tirer des salves en l'honneur du couple. On se sert de pistolets, de fusils ou de mortiers, « pour annoncer l'ouverture des hostilités », dit malicieusement l'un de nos correspondants. A l'origine, tout ce bruit devait servir à épouvanter les mauvais esprits, voir E. Samter, Geburt, Hochzeit und Tod, 1911, p. 39 ss.

8. Rien de spécial à dire sur la cérémonie elle-même. Avant de recevoir la bénédiction officielle, les époux sont sou

« PreviousContinue »