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Devant une voyelle :

I et II. Noasca al bèsias1 i krèpoùŋ koualkeḍta...
I bésias a krapoù.n d viādjo...
Grosc. al vatchas ou mòiroù.nt keiki bot...

Ceres.

les bêtes crèvent quelquefois, (quand

elles ont mangé trop de trèfle').

Ceres.: al moūchias a roù.ntoù.nt...

Grosc. al mousias ou roù.ntoù.nt...
Mondr.: al moūsas ou va.nt a.nt...

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les mouches déchirent (les toiles d'araignées').

Ceres.: alz úvas a sò.n doūsas.

Grosc.: laz ṛvas soù.n doūsas

Mondr. alz vas ou soù.n bèlas doūsas.

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Chute syntaxique de l's devant une consonne:

On aura remarqué dans les exemples qui précèdent la forme de l'article au féminin pluriel devant des mots qui commencent par une consonne. C'est l, al, al, al, formes variant selon la rapidité du discours et selon l'entourage phonétique. Il ne peut pas y avoir de doute sur la genèse de ces formes illas, en passant par las > las, a abouti à la (ou la) que nous trouvons à Piamprato. Ensuite a absorbé l'élément vocalique dont il était suivi, quitte à le détacher de nouveau comme voyelle prosthétique. L's s'est conservé devant voyelle (laz > Iz> alz), voir l'exemple, les raisins sont doux'.

L'étroite liaison entre l'article et le substantif nous fait comprendre pourquoi l's, dans ce cas, ne réapparaît jamais, comme cela arrive assez souvent dans les exemples d's devant une consonne qui suivent".

Noasca al doū roūas dal kartoun i souŋ routas
Ceres. al doua rougs dal kartoun a son routas

1 Il se pourrait que par inattention j'eusse noté s au lieu de ≈ dans cet exemple et dans ceux qui suivent. 2 Je ne parle pas des mots commençant par s impur, qui doivent être considérés à part. - Je mets entre parenthèses I's des formes que j'ai entendu prononcer différemment selon que le discours a été lent ou rapide. 4 Pron. lente: sò.nt.

Grosc. al doua róas dou kär ou soùŋ routas
Mondr. al douas roūas1 dou kartoun souŋ routas

les deux roues du char sont cassées'.

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Noasca al tchambè tòrsas

Ceres. al a al tchamba(s) tòrsas

Grosc.: altchambas astortas (plus vieux: värtches) Mondr. Cf. tchambaz astòrias)

, il a les jambes tordues'.

Ceres. mi.ndjì parkè t a fạm
Grosc. mi.ndji kat a fam
Mondr. mi.ndji parkè t a dja fạm

6

mange, puisque tu as faim'.

Ceres.: parkè t loù fãy(s) piourar
Grosc.: parka t loù fäis pioùrā
Mondr.: parket lou fay pioura

pourquoi le fais-tu pleurer'?

Quoiqu'elles ne rentrent pas dans le cadre étroit de ce travail, je ne puis m'empêcher de citer ici les formes syntaxiques de la troisième personne du singulier du verbe être. La forme pleine est as à Noasca et à Ceresole, èst à Groscavallo et à Mondrone (cf. at à Piamprato):

à

Ceres.

la fna al as isia mour due

la femme a été mordue'.

Grosc.: est un maste difṛtchìl
Mondr.: est un masté difitchil

c'est un métier difficile '.

J'ai noté assez souvent un premier affaiblissement en ast

1 A Balme, dernière commune de la vallé d'Ala, dont le patois est

peu près identique à celui de Mondrone, j'ai obtenu: doña roñas.

2 Cp. sta fnas ces femmes-ci', sla fnas ces femmes-là '.

3 Balme: doua(s) fumelas.

à Groscavallo, par ex. al i ast ala durmi, elle est allée se coucher'.

Un second degré d'affaiblissement est représenté à Groscavallo par as, à Mondrone par st et at:

Grosc.: läiva i as proufou.nda, le fleuve est profond'. Mondr. i st alặ durmṛ

sali ki ou s at astarmă...1

il s'est caché (derrière l'armoire').

L'étape finale de Groscavallo et de Mondrone coïncide avec celle de Ceresole; on en jugera par les exemples sui

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On voit que la forme verbale a fini par disparaître complètement.

Il y aurait lieu de préciser par des recherches dirigées dans ce sens la règle générale énoncée plus haut 2. Il faudrait pour cela d'une part varier systématiquement les phrases à demander et d'autre part écouter des conversations entre indigènes. Assez souvent, ma notation ne représente pas le premier jet, et si la méthode que j'ai suivie pour mon enquête crée nécessairement des conditions linguistiques artificielles, le danger d'obtenir des formes phoné

1 Cf. une fois à Grosc.: lou tchāout al at ista... la chaleur a été tardive cette année'.

2 Ainsi les consonnes continues semblent favoriser tout particulièrement la chute de l's qui les précède.

tiques anormales est encore plus imminent quand on se fait répéter les réponses. M. Terracini, dont l'étude sur le parler d'Usseglio1 a été entreprise avec tant de circonspection, nous renseignera peut-être plus exactement que je ne puis le faire après un séjour trop court dans les vallées en question. J'ai noté de nombreux cas où l's s'est conservé malgré des conditions en apparence favorables à sa chute. On aura remarqué que dans la phrase, les deux roues du char sont cassées' l❜s de rouas reste partout. Voici d'autres exemples: Ceres. tchasānyas krūvas

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des (les) châtaignes crues'.

Noasca al kòrnas d la vatchì
Ceres. al kornas dal vatchas

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sais-tu que (ton oncle a fait construire une maison')?

V. Les secondes personnes de l'indicatif présent à syllabe finale accentuée présentent, comme à Piamprato et ailleurs, le traitement de st à l'intérieur d'un mot:

Çeres.

kresoù

Grosc.: krès tou tè

Cf.: ...koùsat

Mondr.: tè krès toù

...koustat

...koustat (combien cela crois-tu?' coûte-t-il' (, quanto costa?")

Pral et Pra du Tour 2.

Parmi les trois communes vaudoises que j'ai visitées, Pral et Pra présentent une affinité remarquable, qui ne se restreint pas au phénomène que nous étudions. Je sépare par un point et virgule les formes de Pral de celles de Pra.

1 Arch. glott. XVII, 198 suiv. Usseglio est situé dans la plus méridionale des trois vallées de Lanzo, séparée de la vallée de Mondrone (appelée ordinairement vallée d'Ala) par une chaîne de montagnes.

Pour le langage actuel des Vaudois du Piémont, voir le travail riche et consciencieux de G. Morosi, Arch. glott. XI, 309-416; Morosi

s libre, primaire et secondaire, tombe en allongeant la voyelle précédente. Cependant cet allongement est loin de présenter la régularité que lui attribue Morosi, p. 347. Je l'ai observé surtout dans l'article. Exemples1:

2 2

I et II. la doua roua dal karous soun routa; la roua dur kär sounn routa.- doua donna3; doua dòna.— la djațîna1...: lā djalina... al a là tchamba tourzūa; al a la tchamba gärsa. -- lā moūtcha...; la moustcha... — plà là trifa; plā lă trifoula — un troupel d fea; un troupäl d fea, un troupeau de moutons'. garda la vatcha; id., etc. III. tch.anté; id. — tcha.nté; id. tcha.ntavé; id. tcha.ntǝrive; tcha.ntari (Ind. prés., Subj. prés., Ind. imp., Condit. du verbe tcha.nta, chanter').

vạ.ndé ; id. va.ndivé; va.ndiyé

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va.ndé; va.nde va.ndriyé; + (formes

correspondantes du verbe va.ndré, vendre '). IV. tcha.ntare; tcha.ntara

va.ndrè; +

sā; sa

(Fut.) etc. vă; va

à; a — si̟yé; sé — fă; fa — pò; pœ

vée; vé

volé; væ, etc.

V. S'il y a accord pour les formes affirmatives, Pral et Pra se distinguent nettement pour les formes interrogatives; voici les exemples:

a choisi le patois de Pral comme base de son étude. A page 318 suiv., on trouve un aperçu géographique et linguistique sur les Vallées auquel je n'ai rien à ajouter. Voici comment s'échelonnent, quant leur vitalité, les patois que j'ai étudiés: Pral, Pra du Tour, Bobi. Je dois mes renseignements sur Pral à M. Stefano Menusan, berger en été et maître d'école en hiver, dont l'intelligence vive et rapide m'a permis de recueillir en peu de jours des matériaux considérables. M. Menusan habite Ribba (1500 m.), hameau perdu au fond de la haute vallée de Pral, dernière commune de la vallée de Saint-Martin (vallée de la Germanasca). Ribba est le premier hameau italien qu'on trouve en venant de France par le col d'Abriès. Pra du Tour, le célèbre refuge et dernier retranchement des Vaudois persécutés, qu'Edmondo de Amicis a décrit dans les Porte d'Italia sous des couleurs quelque peu outrées, forme la partie supérieure de la vallée d'Angrogne, séparée de la partie inférieure par les contreforts du Vandalin et du Cervin. On traverse, pour y arriver, le défilé étroit que De Amicis a baptisé les Thermopyles vaudoises.

Les exemples sont en général ceux cités pour Piamprato. Je ne donne la traduction que pour les exemples nouveaux.

→ Voyelle nasale suivie d'n guttural.

3 Morosi, p. 347, § 103, donne lã fænnā.

4

A Pral, l'n intervocalique est tombé en nasalisant la voyelle précé

dente.

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