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1666, Etat du gouv. d'Aigle, p. 14). Chaque communier avait droit à tant de pâquiers, dont le nombre pouvait se modifier par les successions. En cas de partage, le, pâquier' pouvait se diviser en fractions. Aujourd'hui, les, pâquiers' de montagne, devenus indivisibles, sont vendables, comme des actions. (Pour d'autres détails, v. Blonay sous patyi). Le mot est fréquent comme nom de lieu sous la forme Le Pâquier (Paquier) dans Vd, F, N, sous la forme de Pâquis dans Vd et G, où c'est le nom d'un quartier de la ville, ainsi qu'à Annecy (Const. et Dés. sous páqui), et sous les formes Paqueys (Vd Yvorne), Paccais (Vd Chessel), Paquais (V Colombey); v. Jaccard. De là le nom de famille Dupasquier en Suisse et en France.

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Hist. Le mot correspond sans doute au français pâquier (v. Littré, Supplément), qui était d'un usage beaucoup plus fréquent dans l'ancienne langue (anc. fr. et anc. prov. pasquier, prov. mod. pasquié, Mistral), presque toujours au sens de pâturage', fourrage', et qui remonte au lat. pop. pascuarium (formé du radical pasc(u), que fournissaient les adjectifs pascuus, pasqualis,+arius). Quant au suffixe -arius qui ne donne ye en Bas-V qu'après une ancienne palatale (berjye = berger, mais ovrèi, ovri = ouvrier), il paraît que dans notre mot la palatale secondaire a produit le même résultat que l'ancienne. Toujours est-il que les formes romandes, y compris celles de la Savoie à part peut-être celles du Valais peuvent aussi bien représenter pasquis (de pascu + īcium) ou pasquil (de pascu ilem). Si le dernier, attesté en anc. fr., semble assez rare, pasquis, fr. mod. páquis était très fréquent; c'est un de ces dérivés en -is comme pâtis, pâturage', fouillis, taillis, éboulis, glacis, etc., qui s'emploient de préférence pour une étendue de terrain'. Ce qui témoigne de la fréquence du mot en français romand, c'est que souvent déjà en 1441 le mot patois paki a été francisé en páquis, cfr. Les Pâquis à Genève1 et à Annecy. Aussi le sens spécial de Herbstweid ne

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1 On a cependant hésité entre Paquis, attesté pour 1712, et Paquiers de l'année 1777, formes que je dois à l'obligeance de M. Muret.

peut-il être invoqué en faveur de pâquier (qui a sûrement ce sens en Valais), puisque déjà un écrivain français du XVIe siècle, Olivier de Serres, semble employer le mot pasquis dans le sens en question 1. Notons la francisation curieuse du mot par paquet, que donne le correspondant de Praz-deFort (V). Elle repose sur la prononciation identique en Valais de patyè, pâquier' et paquet. — Onomasiologie. A l'exception de la périphrase derair èrba dernière herbe' (Vd), tous les termes romands pour, pâture d'automne' remontent d'une façon ou d'une autre au radical latin de pascere paître', v. repé, repā, patoura.

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3. patoura s. f. pâture (partout).

patoura (Vd), padoura (F, V), padara (F Gruyère, Vd Blonay), patara (Vd Ouest, F Estavayer), patèra (Vd Vaugondry, Ormonts, accent variable), padura (Vd Pays d'Enhaut), patoura (Vd Joux), patūra (G), pätüra (ü intermédiaire entre ou et u, V Entremont, Evolène), pasara (F Lac), pặtur (N), petur, rarement petur (B).

1. pâture (Vd-B); 2. troisième herbe d'un pré lorsqu'on la fait pâturer (dans tout le Haut-Valais).

1. Férǝ la patoura, préparer la nourriture du bétail (Vd). A la montagne, le libre parcours du bétail, la « vaine pature », s'ouvre le jour de la Madeleine (22 juillet), dans le bas il est permis deux mois plus tard (29 septembre) (Pierrehumbert, Mus. neuch. 1909, p. 52). Y allai broiyain le quïu comme in buë de péture, elle allait tordant le c.. comme un boeuf de pâture (Raspieler, Paniers, 647).

Hist. Du latin pastura, pâture. Dans les cantons de N et de B, le mot, peu vivace, est remplacé, au sens général, par

1 Voici ce passage curieux ... il (le père de famille) la (la prairie) fauchera deux fois, voire trois.... Et finalement sut (= sur) l'entrée de l'Automne reproduira elle du pasquis de telle abondance, qu'elle suffira pour bien entretenir son bestail durant grande partie de l'Hyver selon la propriété du climat (Théâtre de l'Agriculture, éd. 1639, p. 238).

sanæ, serni (N) et par tchinpouè (B). On emploie en outre montanya et intsótǝnadzo. v. ces mots.

paturon ș. m. V

paturon (Chamoson, Leytron), patåron (Martigny).

deuxième herbe d'un pré qui a été pâturé, par ext. pâturage d'automne; li vatsè son bouènè i paturon, les vaches sont bonnes à lait quand elles sont aux pâturages d'automne (V Leytron).

Le sens

Hist. Dérivé de pastura + suffixe roman -on. français de ce mot (partie de la jambe du cheval, etc.) paraît inconnu aux patois romands. Onomasiologie: les termes valaisans pour deuxième pâture d'un pré' varient d'une vallée à une autre, il n'y a pas de terme général et consacré, on dit: rebyolon, rebyolin, refretson, redzeton, reprise; comme on voit, c'est toujours l'idée d'une nouvelle poussée d'herbe qui a servi de point de départ. E. TAPPOLET.

TEXTES

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Deux chansons populaires fribourgeoises.

PATOIS DE PRAROMAN.

Bien qu'on ait déjà publié d'importants recueils de chansons populaires patoises du canton de Fribourg1, nous en tenons encore un assez grand nombre d'inédites en réserve. En voici deux, transcrites d'après le système orthographique du Bulletin. La première contient, sous une forme allégorique, un sens caché qu'il serait intéressant de rechercher. L'air en a été utilisé par M. Emile Lauber pour la musique du drame populaire Chalamala, de M. le Dr Thurler, représenté à Bulle en 1910. La seconde rentre dans la nombreuse catégorie de chants se rattachant aux visites nocturnes que font les garçons aux filles, selon une vieille coutume, et qui ont, sinon d'autres mérites, celui d'être autochtones.

1 Voir surtout Nouvelles Etrennes fribourgeoises, années 1865-1898; Romania, t. IV (1875), publication de J. Cornu; F. Hæfelin, Les patois romans du canton de Fribourg, 1879; notre collection de la Gruyère illustrée, livr. IV-V, 1894, les Chants du Rond d'Estavayer, 1894, et Nos chansons, par J. Bovet, 1911.

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triolé, Krè chi l'är - ba dě - ri me!

rall.

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Que l'herbe croisse derrière moi!

II. Ils m'y ont tout pris excepté un grain de blé,
Qui m'y est resté.

III. J'ai mis ce grain sur mon char,
Je l'ai mené au moulin.

IV. Le meunier qui me l'a moulu
M'en a pris la moitié.

V. J'en ai pu faire sept petits pains

Et tout le levain.

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