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mis de passer à r. un pré appelé Bornicon déjà à record (v. rekor) mais dont la dernière herbe appartient à la commune (Colloque d'Orbe, 3 mai 1787). — Nom propre vaudois provenant sans doute de quelque lieu-dit.

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Etym. Dérivé ancien de recordum à l'aide du suffixe diminutif -on, cfr. grandzon, brinton, etc.; la forme rǝkordzon, attestée 5 fois dans des régions très différentes embarrasse. Si l'on ne veut pas, avec M. Gauchat, la tirer de *recordio, ionis, « action de récolter le regain », mot qui serait devenu masculin à cause de son synonyme rekordon, on peut songer à une influence de kordzon (kordjon N, B), bretelle de hotte' (Bridel). qu'on emploie à côté de kordon, bretelle de hotte' (Blonay), quoique la distance sémantique soit assez considérable. On trouve aussi plantson, bien attesté pour le Valais, à côté de plyanton.

rakordyon s. m. troisième coupe d'herbe (V Martigny).

Etym. Dérivé de rekor + suffixe français -ion (d'origine douteuse) qui alterne quelquefois en français avec -on, cfr. fanion et fanon, croupion et anc. fr. cropon, peut-être aussi anc. fr. corion, cuir et coron, bout (de cuir?)'. La Suisse romande emploie ce suffixe plutôt pour des êtres vivants: bêtion, gation, gápion, etc.

rəkordin s. m. troisième coupe d'herbe (G, Savoie Const. et Dés.; seulement dans les prairies artificielles, G Laconnex). Etym. Semble être *recordinum, à moins que ce ne soit l'adjectif rekordin substantifié. Les parlers genevois et savoyards, qui ont aman à côté de amin, ne permettent pas de trancher la question.

rékordè s. m. troisième coupe d'herbe (Vd Penthalaz, Blonay).

rokordonā v. repousser en parlant de l'herbe du regain, le pra rkórdnan (F Sugiez).

2. vouaină s. m. B (Ajoie, Delémont).

voèină (Charm.) vouainè (Saint-Brais, Atlas).

I. troisième herbe coupée (plus rarement pâturée) 2. petite récolte de regain.

poèr da vocina m., sorte de poire mûre à l'époque des regains.

Etym. Tiré de vouayïn à l'aide du suffixe -ittum.

rvouèyïn s. m. troisième coupe d'herbe (B Charmoille). Dérivé de vouayïn, pour re v. rekor.

rouainè v. faire le second regain (B Epauvillers).

Dérivé de r[Jouayïn.

3. rəgin.nè s. m. troisième herbe d'un pré (N; Vd fr. pop. écrit reguinet).

Dérivé du français importé regain.

rəgingin.nè s. m. quatrième coupe d'herbe (N Brazel).

Dérivé de regain par un curieux redoublement de la syllabe radicale, emprunté peut-être au langage enfantin, cf. fanfan, bonbon, glinglin, etc.

En dehors de ces diminutifs de rekor, vouayin et ragin, les patois emploient pour la 3e coupe, très isolément il est vrai, plusieurs expressions composées :

dari rkouó s. m. N, propr., dernier regain '; rèr vouayïn s. m. B, propr., arrière regain '; trèjyema prija s. f. (V Vernamiège) et trèzyèmå kopå s. f. G.

B. PATURE D'AUTOMNE.

1. repé s. m. (F, Vd, N, B).

rèpé (F), répé (Vd Blonay), rapé (Vd passim, F Sugiez, N Béroche, B, alternant avec rapè), fr. pop. de F repais (seulement au sens 2). cfr. repā.

1. repas, 2. troisième (ou dernière) herbe quand on la fait pâturer (surtout F, moins usité Vd Jorat), 3. pâturage d'automne (F).

1. a la Sint-Antin.nou, la rèpé d'on mouin.nou, a la Tsan

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dèlaza, la rèpé dè l'épāza, à la Saint-Antoine (17 janvier) le repas d'un moine (petit repas), à la Chandeleur le repas de l'épouse, se dit en parlant des jours courts et longs. in kanpanya i gran dzò on få chi repé, à la campagne, pendant les jours des grands travaux, on fait six repas (F Broye). in syèl ǝrpé, un faible (frugal) repas (B Epauvillers). S'emploie souvent, comme en français, pour repas de cérémonie' (baptême, noce, enterrement, etc.). Le vrai mot patois pour, repas' est souyə, v. ce mot. 2. ly a on bon repé sti an, il y a une belle quantité de , repas' cette année F, souvent employé au pluriel au sens de place à repais'. lèy a dzo dè bi rèpé, il y a déjà de beaux repais (F). bata le vatse i repé (Gruyère), ce dernier emploi marque le passage au sens 3. on tsan a rèpé (F), est un pâturage d'automne. Occasionnellement, le mot s'emploie pour la deuxième herbe d'un pré qu'on ne fauche pas, par opposition au rekor qu'on fauche (F, Gér. Dup., cfr. repā et paturon). Pour les droits de la communauté sur le repais, v. parkou, Encycl. - 3. cfr. repa. - Homonyme repé (Durheim et Savoy écrivent repè) m. saule (Bridel).

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Hist. Dérivé du latin repascere qu'on retrouve dans plusieurs parlers méridionaux au sens de repas': prov. anc. et mod. repais; gascon repaich, etc. (v. Mistral sous repas). Il y a deux explications également possibles: 1. On peut faire remonter ces formes à un *repascum, comme le fait M. Gauchat (Dompierre, 18), pour la voyelle cfr. fé, faix' de fascem (Dompierre); pasc(u)um, pâturage' existe en latin classique, il a donné pasco, pascolo, pâturage' en italien et pasch en roumanche (Pall.). Pour le re v. rekor. 2. on peut les considérer comme formations postverbales de repaître, la 3o pers. de l'ind. prés. est repais en prov. mod., repèich en gasc. (Mistral), rapé en romand; de croître, l'anc. fr. faisait un substantif crois accroissement', aujourd'hui croît, décroit, etc. cfr. débat, soutien, gain. Pour être difficile à expliquer, cette formation est très fréquente en français (v. Nyrop, Gram. hist. III, § 540, etc.). Si elle n'est pas attestée pour le masculin, elle paraît

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l'être pour le féminin par l'anc. fr. paisse f., pâture' (Godefroy) de (re)paisser (re)paître'. Nul doute que le premier sens de ce mot, comme aussi de repā, ne soit celui de pâture '; il aura été appliqué aux repas de l'homme sens très répandu aujourd'hui sous l'influence du mot français repas. Les domaines géographiques de repé et de repă (Alp. Vd et Bas-V, G) sont nettement séparés.

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Encycl. au sens 1, v. sous dédzon.nā, dinā, sɔpā, etc.; au sens 2, v. rekor.

repā s. m. (Vd Alpes, V, G).

rèpā (Alp. Vd), rapā (Bas-V, Val d'Illiez, Entremont, Bagnes), rǝpå (G), rpå (N, mot français non patoisé), repār (Paysd'Enhaut, à côté de repã), repair (forme écrite et isolée à Château-d'Ex, influence de repais'?), repasu forme mal latinisée d'un doc. frib. de 1394, v. rekor, Hist.

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1. troisième (ou dernière) herbe d'un pré quand on la fait pâturer; 2. repas.

1. kin byo rǝpā! quelle belle herbe d'automne! (V); mədzı lo rapā, brouter le, repât' (Vd Rossinière).

Emplois occasionnels: deuxième herbe lorsqu'on ne la fauche pas (opp. rekor V Entremont); pré qui donne cette herbe (ib.); pâturage d'automne (ib.); par exception: 3e herbe lorsqu'on peut la faucher (Vd Ormonts, où en 1822 on a fauché ́ six charges de repât' au Rosex). 2. l'amè lè bong rèpā, il aime les bons repas (V Anniviers).

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Hist. Dérivé du lat. pastus, fourrage, pâture', dont it. pasto, prov. anc. et mod. past, anc. fr. past, fr. mod. pât, certaine nourriture pour chiens ou oiseaux', etc. Pour le préfixe, v. rekor. On trouve déjà repast en anc. fr., d'où le fr. mod. repas; pour la variante orthogr., v. appât à côté de appas. La forme des Alp. Vd présente un r anorganique qui n'est pas rare en francoprov.; cfr. klar,clef', tablard pour trablyṛ, clédard pour clédas (v. Gauchat, Mél. Chabaneau, 871). Ajoutons coutelar et cadenar que donne Humbert, Gloss. genevois. -repé et repā

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sont des cas intéressants de rétrécissement technique du sens d'un mot général pour fourrage', cfr. pất,nourriture pour chiens', astur. cebu, foin' de cibus, nourriture', all. bernois spis, fromage', de Speise, etc.

2. pākį s. m. pâquier (fr. pop.).

Vd Est, Leysin, F, Bas-V, G; pätyi (Vd Jorat, Blonay, F); patyè (Bas-V, Vd seulement Dum.); påki (G); pasquier ou pascuis 1441 doc. vd.

1. pâturage; 2. troisième (ou dernière) herbe d'un pré lorsqu'on la fait pâturer; 3. surface d'herbe nécessaire à la nourriture d'une bête pendant l'été (Vd).

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1. Terme général au même titre que patur adzo et montanya (il faut mener les bêtes au patyi, Vd Blonay), avec tendance toutefois à désigner un pâturage destiné à telle espèce de bétail li fayè son venyué in tsan su lo patyè di vatsè, les brebis sont venues paître sur le pâquier' des vaches (V Prazde-Fort); patyè di modzon (ib.); páquier traduit par Rinderweide' (F Kuenlin, Dict. II, 224); patyi e vi = aux veaux (F La Joux). Le Coutumier du Pays de Vaud de 1616 mentionne páquier commun, qu'il traduit par Allmend. Leysin appelle patyi un pâturage clôturé de peu d'étendue. A Liddes (V), le mot tend à disparaître.

2. Après le sens général, celui de pâturage d'automne est le plus abondamment attesté pour tout le territoire occupé par le mot, c'est un vrai synonyme de repé à F et de repa en Bas-V, mot dont il diffère surtout par la nuance, géographique' (sens 1) et par l'emploi juridique (sens 3) du mot. C'est ici qu'on

peut ranger les anciens noms de lieu: 1441 pratum dou Pasquier (près Villeneuve, Arch. cant. vaud., Cartulaire Bouvier), etc. 1669 prèz à Pasquier (F, papiers Mynsiez) = pré qui donne du, pâquier '.

3. léi-y-a bin déi patyi su da montanyè, il y a place pour beaucoup de têtes de bétail sur ce pâturage (Vd Blonay). Le système de ces évaluations du terrain est ancien (attesté pour

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