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duire en pierre et en marbre, afin de perpétuer ainsi le souvenir de la solennité pour laquelle elles avaient été élevées, et honorer la mémoire du général ou de l'empereur qui en avait été l'objet. C'est ordinairement sur les grandes voies publiques, soit à l'intérieur, soit à l'extérieur des villes, que les arcs triomphaux étaient placés; quelquefois aussi on en élevait à l'entrée des ponts ou du forum.

La France possède plusieurs arcs de triomphe : ce sont ceux de Saint-Rémi, d'Orange, de Cavaillon, de Carpentras et de Reims.

L'arc qui existe près du village de Saint-Remi, et à côté du tombeau dont nous avons eu occasion de parler pag. 125, était probablement situé sur une voie antique. La partie supérieure de ce monument n'existe plus; mais on peut juger par la partie inférieure ce que devait être son ensemble; et par l'exécution des détails, il est permis de croire que sa construction appartient à une époque florissante de l'art. Il est percé d'une seule arcade dont l'archivolte est supportée sur de petits pilastres, comme à tous les arcs de triomphe qui existent en France; cette archivolte est décorée de feuillages sculptés, empruntés à la végétation du pays; les deux piles de l'arc sont ornées aux angles de colonnes engagées, entre lesquelles sont représentées en bas-relief des figures de prisonniers, hommes et femmes, liés à des arbres auxquels sont suspendus des trophées d'armes. Les tympans de l'arc conservent la trace de Renommées; la voûte est richement décorée de caissons. Faute de documents, nous nous abstenons de toute conjecture sur le personnage auquel il était dédié. Dans le dessin que nous en donnons, on a rétabli par des lignes ponctuées la partie qui est détruite. ( Voyez le monument dans son état actuel, 1855, p. 168).

Reims, dont le nom vient de Remus, qui était celui d'un roi gaulois, était une des villes les plus importantes des Gaules. Lorsque César vint y porter ses armes, c'était une des principautés de cette contrée; ce titre lui fut confirmé par ce général, qui lui donna le second rang après la capitale des Autunois.

Il y avait anciennement onze grands chemins qui aboutissaient à Reims : c'est sur l'une de ces voies qu'était élevé l'arc de triomphe qui existe encore aujourd'hui sous le nom de porte de Mars, dans les murs même de la ville. Ce monument, qui servait encore de porte à la ville au neuvième siècle, a été depuis enterré, et n'est encore qu'en partie découvert. Il se compose de trois ouvertures en arcades à plein cintre reposant sur le même imposte, quoique celle du milieu soit un peu plus grande que les deux autres; c'est le seul exemple qu'on connaisse dans l'antiquité d'une semblable disposition. Entre chaque arcade sont deux colonnes engagées qui supportent une architrave non interrompue; entre ces deux colonnes sont des médaillons avec des têtes sculptées en saillie; l'entre-deux des colonnes, au-dessous de ces médaillons, est occupé par une décoration architecturale qui figure des espèces de niches à fronton, dans lesquelles sont sculptées diverses figures en basrelief; parmi les attributs encore visibles, on remarque des caducées et des enseignes. Au milieu des voûtes formées par les trois arcs, on remarque trois sujets intéressants: l'un représente Romulus et Rémus allaités par la louve ; l'autre, Jupiter et Léda; et le troisième, les Saisons. La partie supérieure étant détruite, on l'a supposée rétablie par des lignes ponctuées.

Quelques auteurs ont prétendu que ce monument triomphal avait été élevé en l'honneur de César; mais il suffit, pour démentir cette assertion, qui n'est d'ailleurs basée sur aucun fondement, d'examiner l'exécution des détails de cet édifice : il porte évidemment le caractère de la décadence complète de l'art : aussi sommes-nous bien plus près d'adopter l'opinion de ceux qui pensent qu'il fut élevé en l'honneur de l'empereur Julien, lorsqu'en 360 il revint à Reims après avoir défait les Germains. Quelques uns l'attri

L'arc qui existe à Orange (Arausion), est situé en dehors de la ville, sur la route de Vienne. Ce monument est complétement isolé et a été récemment restauré. Il est percé de trois arcades, dont une grande au milieu et deux petites de chaque côté : celle du milieu est surmontée d'un fronton, et le tout est couronné d'un attique dans lequel profilent des piédestaux destinés sans doute à supporter des trophées de bronze. Les sculptures qui décorent les différentes parties de cet arc représentent des armures, des agrès et des attribuent à Probus, qui donna une paix générale en 277. buts nautiques. Malgré la difficulté qu'on éprouve à fixer l'époque de l'érection de ce monument qui ne porte aucune inscription, on peut du moins affirmer que l'opinion suivant laquelle il avait été dédié à Marius, est la moins admissible de toutes; tandis qu'au contraire l'imperfection de la sculpture, la superfluité et le style des ornements, tendent à faire croire que cet édifice appartient à la décadence de l'art.

On voit à Carpentras, dans l'intérieur d'une cour, les restes très incomplets d'un arc de triomphe, où l'on distingue des sculptures représentant des trophées d'armes et des figures d'esclaves. Ce monument était composé de deux piles décorées de colonnes engagées, et d'une seule arcade qui est ruinée un peu au-dessus de l'imposte. On peut juger, d'après l'exécution des sculptures et des ornements, qu'il appartient à la décadence de l'art romain. Ménard pense qu'il a été élevé en l'honneur de Septime-Sévère; mais nous croyons qu'il est bien postérieur à cette époque. L'arc qu'on voit à Cavaillon appartient également aux derniers temps de l'empire. Ménard en attribue l'érection à Constantin, mais sur de simples conjectures. Ce monument est très intéressant en ce qu'il est percé sur ses quatre faces, disposition tout-à-fait inusitée dans les arcs de triomphe, et qui pourrait peut-être faire croire que c'était plutôt un monument honorifique situé en dehors d'une voie. Les angles des piles sont ornés de pilastres dont les faces sont décorées d'ornements; sur les tympans de l'arc sont sculptées des figures de Renommées d'un travail très imparfait. La partie inférieure de l'arc de Cavaillon est tout-à-fait enterrée.

Il existait à Reims un autre arc de triomphe à l'entrée de la rue Barbastre: il était connu sous le nom de porte Basée; il a été démoli.

Les derniers monuments que nous venons de décrire, quoique intéressants dans leur ensemble, sont loin d'être parfaits dans l'exécution de leurs détails; ils appartiennent évidemment à cette époque où, la puissance romaine commençant à décroître, les arts étaient tombés dans une décadence complète. Les productions de cette époque sont reconnaissables par le peu de soin apporté dans la construction et dans le choix des matériaux d'une part, et de l'autre par la profusion des ornements et des sculptures, dont l'exécution, confiée sans doute à des artistes du pays, était généralement imparfaite.

Colonnes historiques.

Les arcs de triomphe ne sont pas les seuls monuments commémoratifs que les Romains aient laissés sur le sol de la France. On trouve aussi des colonnes historiques dont le but était de perpétuer le souvenir d'un fait isolé, ou d'honorer la mémoire d'un citoyen illustre. - Dans le siècle dernier à Suel, département du Nord, on en a trouvé une qui a été détruite. En Bourgogne, à peu de distance de Beaune, près d'un village nommé Cassy-la-Colonne, on voit encore un monument de ce genre. Cette colonne s'élève sur deux piédestaux superposés, de forme prismatique; le piédestal inférieur est simple et couronné de moulures; le second est richement sculpté; sur chaque face est une figure entière, et le couronnement est très riche; le.fût de la colonne est divisé en losange dans sa partie inférieure, et

décoré de feuilles dans sa partie supérieure; un chapiteau | dgerd, réfugié à Holwan, tenta une seconde fois le sort des orné de têtes allégoriques surmontait le tout; il a été enlevé et se trouve dans une ferme des environs.

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armes. Battu à Djalulah, puis à Nehavend, dans cette journée que les Arabes proclamèrent la Victoire des Victoires, il ne put défendre les approches de l'ancienne Persépolis. Vaincu, fuyant devant des ennemis implacables, lezdgerd errait au hasard dans les provinces de Kerman, da Sedgestan et du Khorasan. Croyant trouver encore des sujets fidèles dans les habitants de Merw, il entra dans cette ville. Ici nous laisserons parler l'historien Ahmed de Coufa. Sa narration nous offre, sur la fin malheureuse du prince Sassanide, des détails précieux que l'on chercherait inutilement ailleurs.

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Lorsque les habitants de Merw apprirent que Iezdgerd,

Je suis un pauvre homme, et vais tout seul par les che- | abandonnant la Perse, était arrivé dans leur ville, ils accamins. Plût à Dieu que je fusse encore une fois franchement | de joyeuse humeur!

Dans la maison de mes bons parents, j'étais un gai compère; les soucis amers sont devenus mon partage depuis qu'on les a portés en terre.

Je vois fleurir le jardin des riches, je vois la moisson dorée. Mon sentier, à moi, est stérile; c'est celui où l'inquiétude et la peine ont passé.

Je traverse en rongeant mon mal la troupe joyeuse des hommes; je souhaite à chacun le bonjour de toute l'ardeur

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blèrent d'injures ce malheureux prince; ils voulaient même se saisir de sa personne et le massacrer. Mais ils écrivirent à Thendjathakh, roi des Turks. « Le roi de Perse, lui man>> daient-ils dans leur lettre, fuyant devant les Arabes, est » arrivé auprès de nous. Loin de favoriser son parti, nous préférons ton amitié à la sienne. Nous désirons que tu te >> rendes auprès de nous, afin que nous puissions nous dé>> barrasser de lui et te livrer la ville. »

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» Aussitôt que Thendjathakh eut reçu la missive des habitants de Merw, il se dirigea de ce côté, et arriva près de Merw suivi d'une armée nombreuse. Iezdgerd, inform de son approche, s'échappa seul, pendant la nuit, du palais où il s'était réfugié. Aucun de ses pages et de ses serviteurs ne l'accompagnait, aucun ne savait la route qu'il avait prise. Errant au hasard, le malheureux monarque aperçut enfin une lumière sur les bords de la rivière qui arrose Merw. Il y dirige ses pas, et voit un meunier occupé à faire marcher son moulin. Il s'approche de lui: - Je suis un homme malheureux, s'écrie-t-il; poursuivi par un ennemi! Accorde-moi un asile chez toi pendant une nuit, et demain je te comblerai de tant de richesses que tu deviendras pour Entre dans cette maison, lui réjamais libre de soucis. pond le meunier, et restes-y. Iezdgerd se rendit au moulin, et éloignant de son esprit toute réflexion et toute inquiétude, il s'endormit. Les esclaves du meunier, le voyant reposer et sommeiller si imprudemment, levèrent sur lui le baton, et l'en frappèrent jusqu'à la mort. Puis ils le dépouillèrent de tous ses ornements d'or et d'argent, de sa couronne et de ses vêtements, et, le saisissant par les pieds,..

Au moment où les Arabes, exaltés par les idées fanati-ils le traînèrent jusqu'au Mourgab, où ils le précipitèrent. ques d'une religion nouvelle, s'élançaient à la conquêté du monde que leur avait promis Mahomet, la dynastie des Sassanides, après une glorieuse période de 417 ans, n'avait pour représentant qu'un prince à peine sorti de l'enfance. Dans ces circonstances difficiles, où les armées d'Omar enlevaient la Syrie et la Palestine à Héraclius et envahissaient l'Egypte, le sceptre de Khosroës était trop pent pour la main de cet adolescent qui se nommait Iezdgerd: le grand peuple qu'il commandait, jouissant de ses victoires et des bienfaits d'une civilisation avancée, devait se retremper par son contact avec les Arabes.

Le lendemain, jour de l'entrée de Thendjathakh dans Merw, les habitants de cette ville se mirent à la recherche de Iezdgerd, et se répandirent de tous côtés pour le trouver. Par hasard ils arrivèrent au moulin, et demandèrent au meunier s'il avait vu Iezdgerd le roi. Je n'ai point eu de ses nouvelles, répond cet homme. Un esclave vêtu d'une robe de laine se présente alors pour répondre : un habitant de Merw s'aperçoit qu'il exhale une bonne odeur. On se saisit de lui, on le dépouille, et on découvre sur ses épaules le vêtement d'or parfumé d'essences précieuses que portait Iezdgerd. On fouilla ses compagnons, et l'on découvrit sur chacun d'eux une preuve manifeste de leur crime. La bastonnade qui leur fut appliquée leur arracha des aveux.

Par ordre de Thendjathakh, des plongeurs explorèrent le Mourgâb; le corps de Iezdgerd fut retrouvé et porté dévant le roi. A cette vue, il versa des larmes abondantes, et donna ordre d'embaumer ce cadavre avec les plantes les plus rares, et de l'ensevelir avec les honneurs dus aux personnes de sang royal. Iezdgerd, placé dans un cercueil, fut porté en Perse, au lieu où reposent les cendres des rois Keians. Quant au meunier et ses esclaves, tous furent mis à mort par ordre du roi des Turks. »

L'an 15 de l'hégire ( 656 de J.-C.), le lieutenant du calife Saad, fils d'Abou-Vacaz, envahit l'Irac. Les armées persanes, rassemblées sous les ordres de Rustem-Terokhzad, soutinrent pendant trois jours, près de Cadésie, un combat furieux. Il fallut aux Arabes, pour triompher, toute l'énergie sauvage du désert, et tout ce fatalisme qui les faisait courir à la mort comme aux délices du paradis. Les noms qu'ils ont donnés à ces trois journées de combat soat caractéristiques: la première est celle du Secours, parce que les Syriens vinrent secourir les Arabes; la seconde, celle de l'Ebranlement, parce que la monarchie des Perses fut soulevée de ses fondements; la troisième enfin est celle du Rugissement, parce qu'à l'entrée de la nuit ils s'élancè-rateurs du feu. Avec lui finit la race des princes de famille rent en rugissant à la charge qui décida la victoire.

Rustem perdit la vie dans cette horrible mêlée; et Jez

Telle fut la fin tragique du dernier rejeton des rois ade

persane, jusqu'à ce qu'Ismaël-Sofi fût monté sur le trônè. Pendant ces déplorables événements, les Arabes, pour

suivant le cours de leurs succès, s'étaient emparés de Madain, la capitale des Sassanides. Ignorants et grossiers, ils détruisirent aveuglément tous les monuments d'art que renfermait le Dôme, ou le palais de Khosroës: le tapis des rois de Perse, brodé de perles et de pierreries, fut coupé en morceaux pour égaliser le butin; la couronne, le trône, subirent le même sort. L'étendard national, le tablier de cuir du forgeron Gao, que Feridoun avait fait couvrir de pierres précieuses, fut envoyé au calife, à Médine. Les immenses dépôts de camphre qui servaient à éclairer et parfumer le palais furent pillés, et les Arabes détruisirent impitoyablement cette drogue, qu'ils avaient prise pour du sel. Mais ce que nous devons surtout regretter, c'est la dispersion de ces chroniques conservées dans les archives de Perse et de Médie, qui avaient échappé en partie aux soldats d'Alexandre, et dont il est fait souvent mention dans la Bible (Esdras, iv, 6-12. Esther, 11, 23; VI, 4; x, 3); perte irréparable, et qui laisse couverte de ténèbres la plus grande partie de l'histoire de l'ancienne Perse.

Le Régent et le Sancy. - Le diamant de la couronne de France dont on voit ici la face en grandeur naturelle pèse 436 carats.

On le connaît sous le nom de Pitte ou de Regent, parce qu'il fut acheté, durant l'enfance de Louis XV, par le régent, à un Anglais nommé Pitte. Il fut payé 2 500 000 fr.; les connaisseurs l'estiment au double. Il pesait 410 carats avant d'être taillé; mais il a été réduit de beaucoup. Sa forme est en brillant; elle a coûté deux années de travail. Nous donnons encore ici la vue de profil, et en grandeur naturelle, d'un autre diamant célèbre appartenant à la couronne de France : c'est le Sancy, du poids de 55 carats.

On trouvera des détails étendus sur le diamant, années 1853, p. 265; 1855, p. 136; 1838, p. 20;— et sur les perles, 1835, p. 89; 1858, p. 599.

CHOIX DE PROVERBES TURCS.

Qui donne aux pauvres donne à Dieu.

Ne meurs pas, ô mon âne ! le printemps viendra, et avec

lui croîtra le trèfle.

Que désire l'aveugle? deux yeux.

Qui court trop vite reste en chemin.

On prend souvent le lièvre avec l'araba (chariot traîné par des bœufs).

Tout ce que tu donnes, tu l'emporteras avec toi.

On prend plus de mouches avec un rayon de miel qu'avec un tonneau de vinaigre.

Vinaigre donné est plus doux que miel acheté.
Sage ennemi vaut mieux que fol ami.

Quand l'imam s'oublie, l'assemblée perd le respect qui, lui est dû.

Qui est destiné à se pendre ne se noie pas. Ce que Dieu écrivit sur ton front t'arrivera. Bois et mange avec ton ami; ne traite point avec lui d'affaires d'intérêt.

Fais du bien à qui te nuit, tu seras aimé de Dieu et de ton ennemi lui-même.

Quiconque veut vivre en paix doit être sourd, aveugle et muet.

L'œuf d'aujourd'hui vaut mieux que la poule de demain. La femme fait la prospérité ou la ruine d'une maison. Qui pleure pour tout le monde finit par perdre les yeux. La poule du voisin nous paraît une oie. On peut donner sa tête, mais son secret, jamais. Mille amis. c'est peu; un ennemi, c'est beaucoup. Tiens pour un éléphant ton ennemi, ne fût-il pas plus gros qu'une fourmi.

Avant d'en avoir reçu l'ordre de sa mère, une fille ne doit point enlever les plats de dessus la table.

Celui-là est véritablement aveugle qui tombe deux fois dans la même fosse.

L'homme trop prudent finit par se blesser l'œil contre une poutre.

Il y a des paroles qui ressemblent à des confitures salées. Le voleur de miel se lèche les doigts.

Bien que la langue n'ait point d'os elle les brise. Rien de plus inutile que les conseils à un fou, et le savon à un nègre pour se blanchir la peau.

Nul ne profite de ce que le destin réserve à un autre. Le fou tient son cœur sur sa langue, le sage tient sa langue dans son cœur.

Donner aux riches, c'est porter l'eau à la mer. Demander quelque chose à l'avare, c'est vouloir creuser un puits dans la mer.

Le paresseux dit: Je n'ai pas la force. Pour un sage, on trouve deux fous. Qui sait beaucoup se trompe souvent. N'accepte aucun présent, car on te le redemandera, soit aux jours de noce, soit aux jours de fête. O moine! ô derviche! avec de l'or on vient à bout de tout.

Prends l'étoffe d'après la lisière, et la fille d'après la mère.

La patience est la clef de la joie

Allonge tes pieds proportionnellement à la longueur de la couverture.

Lorsque tu visites un aveugle, ferme les yeux.

Mille cavaliers ne sauraient dépouiller un homme nu. Ne te fie pas aux discours des grands, à la durée du calme de la mer, à la clarté du jour qui fuit, à la vigueur de ton cheval.

On couvre de mets la table de l'imam... Que t'importe ! L'homme à tête légère perd son bonnet dans la foule. La face du mendiant est noire, mais souvent sa besace est pleine.

Le voleur qui ne se laisse pas surprendre passe pour le plus honnête homme.

Quelquefois le vaisseau s'incline, mais la route n'en est pas moins droite.

Le coup d'œil du maître vaut pour le cheval un panse

ment.

Qui apprend à jouer d'un instrument à quatre-vingts ans se fera entendre au jour du jugement dernier. Le cœur est un enfant, il espère ce qu'il désire.

BUREAUX D'ABONNEMENT ET DE VENTE, rue Jacob, 30, près de la rue des Petits-Augustins.

Imprimerie de Bourgogne et MARTINET, rue Jacob, 30

ARC DE TRIOMPHE DE L'ÉTOILE. (Voyez 1835, p. 35; 1836, p. 408; et 1837, p. 273.)

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Dieu nous garde de la guerre! Grâces soient rendues à, ceux qui ont la puissance et la volonté de maintenir la concorde entre les peuples! Rien n'est beau comme la paix. Quel insensé oserait aujourd'hui mettre la gloire des armes au-dessus de la gloire des sciences et des arts, de l'agriculture et de l'industrie? Autant vaudrait avouer que l'on préfère le mal au bien, la colère à la sérénité, la haine à l'amour, et les jours embaumés du printemps où toute la nature est calme et riante, où tous les êtres respirent et semblent heureux, à ces jours sombres et terribles où le vent déracine les moissons, où le tonnerre tue et incendie, où les fleuves débordés inondent les vallées, et portent dans la cabane du pauvre la désolation et la mort.

Soyons justes cependant envers le passé, et ne nous faisons pas d'illusions sur l'avenir. De même que dans la vie de tout homme, il y a des heures où il est nécessaire, indispensable, d'être prêt à se dévouer et à défendre sa conviction ou son honneur; de même il y a dans la vie des peuples des époques où la cause de la civilisation et celle de la nationalité commandent impérieusement la guerre. En de telles circonstances, un opiniâtre attachement à la paix est à la fois une lâcheté et une imprudence souvent suivies de plus de désastres que les guerres les plus désastreuses. Honte et malheur au pays qui laisse outrager devant lui l'humanité sans élever la voix, qui voit ses alliés opprimés et ne prend pas les armes, qui est menacé dans sa liberté et sa dignité, et ne marche pas au combat.

En 92, la France, au milieu des funestes dissensions qui la déchiraient, entendit tout-à-coup à ses frontières frémir | les armes de l'étranger. C'était le sacrifice qu'elle s'imposait pour la cause de la civilisation que l'on voulait punir; c'était sa noble confiance dans les destinées nouvelles qu'elle annonçait au monde, que l'on voulait noyer dans son sang; c'était sa liberté que l'on voulait étouffer au berceau. Elle comprit, et jeta un cri qui souleva en un seul jour tous ses enfants. Demi-nus, demi-armés, sans s'inquiéter du nombre et de l'habileté de leurs ennemis, ils s'élancèrent en chantant, se précipitèrent sans art, sans discipline, et furent vainqueurs.

Celui des bas-reliefs de l'arc de l'Etoile que nous reproduisons aujourd'hui figure ce généreux élan, ce sublime enthousiasme de nos pères. La scène se décrit d'elle-même; l'expression est belle, le mouvement entraîne, la pierre crie et marche. On a seulement à regretter que l'artiste ne soit pas resté fidèle à la vérité du costume, et ait cru qu'il était besoin d'ajouter des ornements d'invention à la grandeur simple et poétique du sujet. Ce n'est pas impuissance, sans doute; c'est erreur.

superstition universellement répandue, que toutes les invocations des ennemis contre une ville n'avaient de force et de puissance qu'autant que son véritable nom y était exprimé. Le nom propre et secret de Rome était Valentia, mot latin qui signifie force, comme le mot grec Roma. C'est à cet usage que se rapporte le passage suivant de Macrobe: « Les Romains voulurent conserver secrets le nom du Dieu » sous la tutelle duquel était Rome, et le nom latin de la » ville. » Les peines les plus sévères étaient portées contre quiconque violait ce secret. ( Mémoires de l'Académie des inscriptions et belles-lettres.)

INDUSTRIE DOMESTIQUE.
(Voyez les tables de 1837 et 1838.)
LES PLUMES.
(Premier article.)

Les plumes sont la plus riche parure que la nature ait donnée aux animaux. Il n'y a que les écailles dont certains poissons sont revêtus qui puissent leur disputer la supério– rité pour l'éclat et la magnificence des couleurs. Mais tandis que ces écailles n'ont qu'une durée éphémère, se ternissent dès qu'on les sort de l'eau, et demeurent pour l'ordinaire, durant toute la vie de l'être qui les porte, dans des profondeurs inaccessibles aux rayons de la lumière, et où nul regard humain ne les peut aller chercher pour les contempler et les admirer, les plumes au contraire, teintes par le soleil de ses plus vives nuances, semblent faites pour les conserver éternellement. Non seulement, semblables à des fleurs mouvantes répandues en tous lieux, dans les bois, dans les campagnes, sur les rivages, elles circulent incessamment en pleine lumière, tant que vit l'oiseau qu'elles décorent; mais lors même que celui-ci n'existe plus, ou qu'on les lui a enlevées, elles ne perdent rien de leur fraîcheur native, résistent au temps qui fane si promptement toutes les fleurs, et jouissent comme l'or d'une richesse impérissable. Il est donc tout simple que les hommes se soient emparés pour leur profit des plumes des oiseaux, en faisant, bien entendu, leur choix parmi les plus belles. C'est un goût si naturel, qu'on le trouve en vigueur, non seulement dans les anciens temps, surtout chez les peuples du Midi, mais chez toutes les tribus sauvages qui habitent des pays où il y a des oiseaux à plumes brillantes. Lorsque l'industrie n'a pas encore développé toutes les ressources de la teinture pour la création des belles couleurs, il n'y a pas de meilleur dédommagement de cette pénurie que les objets teints par la nature elle-même; et parmi ceux-là, les plumes, à cause de la solidité de la cou

leur rôle dans la parure des populations civilisées ne fût beaucoup plus considérable qu'il ne l'est, s'il n'y avait tant de moyens de remplacer leur effet. C'est pourquoi, et on a peutêtre tort, on ne fait usage que des plus belles; de sorte que les plumes sont toujours une chose de luxe, et ne servent qu'aux toilettes opulentes, quand elles pourraient sans peine embellir, par une ornementation élégante, celles de toutes les classes.

Un jour, si le temps, qui n'épargne rien, mutile et disperse l'arc gigantesque, si les débris en sont jetés et enfouis pêle-leur, sont au premier rang. Aussi n'est-il pas douteux que mêle dans la poussière des siècles, et si un homme appartenant à une civilisation que nous ne saurions prévoir, retrouve par hasard des restes de cette sculpture parmi les ruines, que pensera-t-il en voyant ces casques, ces cottes de maille, ces riches fragments d'armures ciselées ? Pourrat-il imaginer que ce sont des Français du dix-neuvième siècle que l'on a voulu représenter, ou, en admettant que la tradition historique du monument soit conservée et ne lui laisse aucun doute, n'aura-t-il pas du moins une idée singulière et fausse de nos mœurs, de notre manière de nous vêtir et de notre climat? Habiller en Romains ou en chevaliers du moyen âge nos pauvres conscrits de la république, n'est-ce pas aussi étrange que si un historien prêtait aux généraux de 92 des harangues mêlées de mots empruntés aux Latins ou aux ménestrels?

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Outre ce service, qui a certainement sa valeur, puisqu'il se rapporte en quelque façon au principe du beau, les plumes en rendent un autre plus modeste, mais plus utile. Données par la nature aux animaux pour les préserver du froid, les hommes n'ont pas manqué de se les approprier pour en tirer le même avantage; joint à cela que leur souplesse et leur élasticité les rendent merveilleusement propres à former des couches moelleuses. Aussi l'art de la literie trouve-t-il dans les plumes les plus précieux éléments. Depuis celles de premier choix que le commerçant va lui chercher jusque sous les cercles du pôle, jusqu'aux plus communes, dépouille des oiseaux de basse

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