Contes moraux, Volume 2

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chez Louis Chambrau, imprimeur-libraire, 1763 - 487 pages

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Page 158 - Au fond, quand un homme est allé admirer de belles actions dans des fables, et pleurer des malheurs imaginaires, qu'at-on encore à exiger de lui ? N'est-il pas content de luimême ? Ne s'applaudit-il pas de sa belle âme ? Ne s'est-il pas acquitté de tout ce qu'il doit à la vertu par l'hommage qu'il vient de lui rendre ? Que voudrait-on qu'il fît de plus ? Qu'il la pratiquât lui-même ? Il n'a point de rôle à jouer : il n'est pas comédien.
Page 170 - L'illusion n'y seroit pas, si l'imitation n'étoit pas vraie. Quand est-ce, en effet, que cesse l'illusion? Dès qu'il échappe au poëte ou à l'acteur quelque trait qui n'est pas dans la nature , c'est-à-dire quelque trait qui contredit ou qui force le caractère. Ainsi le plaisir que nous fait la bonne comédie dépend de la vérité des peintures; et son utilité est fondée sur le mépris qu'elle attache au vice , et sur la répugnance qu'a le vicieux à se voir en butte au mépris. Si le bien...
Page 165 - Celui-ci s'endurcit contre les cris de la nature; celui-là foule aux pieds tous les droits de l'humanité. Il n'ya pas un méchant au théâtre qui , dans l'intimité d'une confidence , ou dans quelque monologue , ne se trahisse , ne s'accuse , ne se présente aux spectateurs sous l'aspect le plus odieux; et les auteurs ont porté cette attention au point de sacrifier souvent la vraisemblance à l'utilité morale.
Page 221 - Prenez un jeune débauché au dénoûment de l'Enfant prodigue ; s'il est attendri , s'il a versé des larmes , il est vertueux , au moins dans ce moment. Il a partagé les regrets , la honte , les remords de son semblable ; il a goûté avec lui le plaisir de détester, aux pieds d'une femme honnête , sensible et généreuse, le crime de l'avoir trahie.
Page 203 - Genève qu'il serait indifférent d'être peuplée d'hommes ou de femmes. Qu'une république entourée de républiques rivales et toujours prêtes à l'accabler , s'exerce sans relâche à défendre sa liberté menacée ; qu'elle renonce à tous les arts, pour ne s'occuper que de l'art de combattre; qu'elle endurcisse, par une discipline austère, les mœurs de ses citoyens, dont elle se fait un rempart; c'est une nécessité...
Page 200 - Les femmes ont-elles les organes moins délicats que nous, le coup d'œil ou l'oreille moins juste, le sentiment en général plus lent ou plus confus? Est-ce l'exercice et l'étude qui leur manquent? Il s'ensuit que nous avons sur elles , à cet égard , l'avantage de l'éducation; mais si M. Rousseau...
Page 191 - ... agitée entre la crainte et la pitié , sera donc ce qu'il lui plaira. Mais si l'amour y est peint comme il doit l'être, terrible et funeste dans ses excès, respectable et touchant dans ce qu'il a d'honnête, de vertueux, d'héroïque, ce tableau de l'amour sera une leçon morale...
Page 166 - ... que trop aisé d'être moins froid et plus pressant. On a vu comment M. Rousseau s'y est pris pour nous prouver que la tragédie allume en nous les mêmes passions dont elle prétend inspirer la crainte , et qu'elle nous conduit aux crimes dont elle veut nous éloigner. Les mœurs de la comédie lui semblent encore plus dangereuses, en ce qu'elles ont avec les nôtres un rapport plus immédiat. « Tout en est mauvais et pernicieux . tout tire à conséquence...
Page 180 - C'est au peuple qu'il faut apprendre à se défier du charlatan. Voilà, selon moi, tout l'art de Molière , et je ne conçois rien de plus utile aux mœurs. « Mais , reprend M. Rousseau , voulant exposer à la risée publique tous les défauts opposés aux qualités de l'homme aimable , de l'homme...
Page 172 - ... la vertu. De toutes les combinaisons possibles dans le mélange et le contraste des mœurs, Molière s'est donc attaché à la seule qui soit utile. Il a pris des gens de bien...

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