BULLETIN DU BIBLIOPHILE ET DU BIBLIOTHÉCAIRE REVUE MENSUELLE PUBLIÉE PAR LÉON TECHENER AVEC LE CONCOURS De MM. ÉD. DE BARTHÉLEMY; BAUDRILLART, de l'Institut; JULES BONNASSIES; CONTENANT DES NOTICES BIBLIOGRAPHIQUES, PHILOLOGIQUES, 1883 ON SOUSCRIT A PARIS, CHEZ LÉON TECHENER, LIBRAIRE DE LA SOCIÉTÉ DES BIBLIOPHILES FRANÇOIS. 1883 BULLETIN DU BIBLIOPHILE 1883. TITON-DU-TILLET ET SON PARNASSE. LETTRES inédites DE TITON-DU-TILLET A VOLTAIRE, DE FRÉDÉRIC II, DE CRÉBILLON, DE L. RACINE, DE J.-B. ROUSSEAU, DE LE FRANC-DE-POMPIGNAN, DE DOM CALMET ET DE VANIÈRE, A L'AUTEUR DU Parnasse français. Il y avait huit ou dix jours que, dans une de mes visites à la bibliothèque de la rue de Richelieu, je m'étais arrêté curieusement devant le Parnasse en bronze de Titon-du-Tillet, dont j'avais lu récemment une description, lorsque buissonnant à travers mes autographes, le hasard me fit mettre la main sur une demi-douzaine de lettres inédites, toutes intéressantes, l'une de Titon à Voltaire, les autres de Frédéric II, de Crébillon, de L. Racine, de Le Franc-de-Pompignan, de Dom Calmet et du P. Vanière à Titon-du-Tillet. Ces lettres pleines de détails, celles-ci, sur le Parnasse français et son auteur, sur les Commentaires du théâtre de Corneille et l'éducation de la petite-nièce du poète, élevée à Ferney, par les soins de Voltaire; celles-là, sur les rapports de Titon-du-Tillet avec les écrivains de son temps; cette autre, sur le Prædium rusticum du P. Vanière, sur ses travaux, ses ouvrages faits et ses ouvrages à faire, sur 1883. 1 le procès de la Société de Jésus, à l'occasion du testament de l'Archevêque de Narbonne, m'ont paru dignes d'être publiées. Mais j'ai pensé que quelques lignes d'explication sur ces lettres elles-mêmes, sur les circonstances qui les entouraient, sur les hommes qui les ont écrites et sur ceux à qui elles s'adressaient n'étaient pas inutiles; je n'ai pas voulu les imprimer sans commentaires, et je me suis dit qu'avant de les offrir aux lecteurs du Bulletin, il fallait leur faire quelque peu de toilette. I. Everard Titon-du-Tillet a dû la célébrité de son nom à l'exécution de son Parnasse, aux divers ouvrages consacrés à la description de ce monument, à son amour des lettres et des arts, à ses relations avec les illustrations de son temps, et à l'accueil empressé qu'il leur faisait dans sa coquette maison de la rue Saint-Antoine. Fils d'un Directeur général des manufactures d'armes du Roi, tour-à-tour à demi avocat et capitaine de dragons, propriétaire à 15 ans d'une compagnie d'infanterie et maître d'hôtel de la duchesse de Bourgogne, Marie,. Adélaïde de Savoie, puis enfin commissaire provincial des guerres; riche d'un patrimoine héréditaire, généreux Mécène des hommes de lettres et des artistes, il nourrit et développa au milieu d'eux le projet de son Parnasse. Sa première pensée avait été de l'élever, monument grandiose, sur l'une des places publiques de Paris, mais l'exécution, dans de pareilles conditions, n'eût pas demandé moins de deux millions, qu'il n'avait pas. Il lui fallut ramener son projet à des proportions plus modestes, et se contenter du modèle en bronze, légué au Roi par son auteur, et conservé dans l'une des salles de la Bibliothèque Nationale. |