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cable de Saint-Joseph. Guidées par un Père bénédictin nommé Barthélemy Robin, elles proposèrent à Le Barbier de lui acheter tout son terrain, ce qui fut accepté et réalisé par acte du 13 mai 1634 passé devant les notaires. Poitevin et Mareau (1). Le contrat spécifiait que Messire Louis Le Barbier, maître d'hôtel ordinaire du roi et dame Denise Potier son épouse vendaient à la Congrégation de Saint-Joseph, moyennant 35.000 livres, « une grande place composée de deux jardins plantés d'arbres fruitiers,

distingués de murailles », contenant sept arpents et demi ou environ, avec deux petites maisons, l'une donnant sur la rue Cassette, et l'autre sur la rue du ChercheMidi, le tout tenant d'un côté à un terrain appartenant encore au sieur Le Barbier, et de l'autre au sieur Nicolas Philippe (lequel était alors propriétaire, comme on l'a vu, de l'emplacement du n° 21 actuel).

Les religieuses avaient sollicité de l'archevêque de Paris l'autorisation qui leur était nécessaire, mais ce ne fut que le 16 juillet que Monseigneur leur octroya permission de fonder un couvent de leur ordre, «< au lieu qui sera par elles acheté pour cet effet (2) », ce qui montre que l'acquisition avait été faite d'avance assez témérairement, sans que l'archevêché en fût informé. Dès le lendemain de cette autorisation impatiemment attendue, le 17 juillet 1634, la Mère supérieure, Soeur Évangéliste de SainteAgnès, et la Procuratrice, Soeur Claude de l'Incarnation, représentant la nouvelle Congrégation dite de NotreDame de Saint-Joseph, s'empressaient de prendre officiellement possession du terrain acheté. Accompagnées toujours du Père Barthélemy Robin leur directeur, elles

(1) Arch. nat., S. 4591. (2) Arch. nat., L. 1044.

pénétrèrent dans l'une des deux petites maisons, y installèrent un autel provisoire, y célébrèrent une cérémonie religieuse, et déclarèrent leur monastère fondé sous l'autorité du Père Robin, nommé par elles Supérieur général (1).

Quoique n'ayant pu payer qu'un acompte sur leur prix d'acquisition, les Dames de Saint-Joseph n'hésitèrent pas à faire construire, et même à agrandir leur propriété en achetant de Le Barbier le petit lot qui lui restait touchant au jardin des Carmes déchaussés, ce qui endetta ces imprévoyantes Religieuses de 11.000 livres de plus. En outre, conformément aux règles canoniques, il leur fut enjoint de construire, du côté des Carmes, un mur de clôture « de la hauteur de 24 pieds du rez-dechaussée sur la profondeur de 2 pieds et demi (2) ».

Puis une grave contestation s'éleva au sujet du Père Robin. Pour des motifs que nous ignorons, le 17 juillet 1640 l'Official signifia « défense aux Religieuses, sous peine d'excommunication, de continuer à recevoir, comme Directeur et Visiteur, le susdit frère Barthélemy Robin, se disant abbé de Sorèze ». Malgré cette rigoureuse interdiction, l'abbé continua de diriger le couvent, en permettant même d'usurper les droits du Prieur de Saint-Germain des Prés au point d'y recevoir une sœur « à faire profession ». Par suite de cette infraction. nouvelle, le 23 février 1644, assignation par l'official au sieur Robin et à la Supérieure de la Communauté, et sentence de défaut prononcée contre les deux défendeurs, puis réassignation et condamnation (3).

(1) Arch. nat., L. 1044.

(2) Ibid., L. 1044.

(3) Ibid., L. 1044.

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Qu'advint-il de ce grave procès? Les Dames de Saint-Joseph durent s'incliner, le Père Robin s'éclipsa, et le Prieur de Saint-Germain des Prés fut seul désormais à visiter et surveiller le couvent.

Les affaires temporelles de la communauté n'étaient pas prospères. On constatait en 1644, dans un relevé fait au couvent, qu'en dix ans, depuis la fondation, les dots versées par les Religieuses dans la caisse de la communauté s'étaient élevées à la somme de 75.083 livres, que les pensionnaires avaient payé 43.295 livres, et que les dons et aumônes avaient été de plus de 11.000 livres, soit au total 130.000 livres environ. Mais il avait été dépensé 80.000 livres en achats de terrain, constructions et installations, et 60.000 livres en frais de nourriture et d'entretien des religieuses ou pensionnaires, et en gages de domestiques. D'où, un déficit final de 10.000 livres couvert par des emprunts. Encore le passif devait-il être en réalité plus important, car ce bilan mentionnait, en note, qu'il était encore dû par la communauté les arrérages de 42.000 livres de rentes constituées (1). On marchait donc vers une faillite certaine, à moins d'un secours imprévu.

Cependant les Religieuses de Saint-Joseph avaient une clientèle de pensionnaires de toutes sortes. Elles ne recevaient pas seulement des jeunes filles à instruire, mais, en outre, leur couvent déjà surnommé le Cherche-Midi ou plus souvent le Chasse-Midi, servait de retraite à de jeunes femmes qui venaient s'y réfugier ou s'y repentir. C'est ainsi que Henry Arnauld écrivait au Président Barillon le 23 novembre 1639 (2) :

(1) Arch. nat., L. 1044.

(2) Tallemant des Réaux, t. IV, p. 445. Note de Monmerqué.

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