ses doigt minces son éternelle cigarette. C'était le temps. où, grâce au talent de M. Poincaré, l'académie des Goncourt ayant gagné son procès, et fait enfin valider les testaments d'Edmond de Goncourt, venait de choisir Huysmans comme premier président de cette association d'hommes de lettres. M. Poincaré, pressenti par Alphonse Daudet, avait mis son grand talent de parole au service des légataires attaqués. Ceux-ci choisirent, dans leurs premières réunions qui eurent lieu rue de Babylone, le bon lutteur Durtal, comme chef de file. Dans ses dernières années, le romancier revint encore plus près de nous. Il est mort le 12 mai 1907, rue SaintPlacide, no 31, dans l'appartement avec balcon, au 5o étage, à droite sur la rue. C'est là qu'il souffrit sa longue et cruelle maladie. Ses obsèques ont eu lieu à Notre-Dame des Champs, le mercredi 15 mai. C'est une figure un peu déconcertante, mais sympathique, probe et profondément originale. Elle mérite qu'on ne l'oublie pas (1). F. FOIRET. (1) On vient de donner le nom de Rue Huysmans à une voie nouvellement ouverte sur le VI arrondissement, entre le boulevard Raspail et la rue Duguay-Trouin, sur l'emplacement de l'ancienne habitation de Victor Hugo. Les maisons de cette rue se construisent rapidement, il y règne en ce moment une activité de ruche en travail. LA RUE DU CHERCHE-MIDI ET SES HABITANTS (Suite) Nos 23 à 31 (anciennement nos 107 à 115, puis 791 à 795, puis 25 à 33). Jusqu'à la Révolution il y avait là une seule grande propriété dont l'histoire ne peut être divisée et ne doit former qu'un chapitre fort long. Ensuite viendra une deuxième période, postérieure au lotissement et à la vente par le Domaine national des différentes fractions de ce même immeuble. PREMIÈRE PÉRIODE. Louis Le Barbier. Communauté des Augustines de Notre-Dame de Laon. Marie de Rohan. Couvent des Bénédictines de Notre-Dame de Consolation dit du Cherche-Midi. Religieuses, Pensionnaires et Locataires à vie. Mlle de Chemerault. - Marquis et marquise d'Hauterive. Me de Royan. La comtesse de Verrue. La princesse Ragotzi. lars. Moras. Agnès de Vil- Louise de la Tour d'Auvergne. La Présidente Ferrand. La princesse d'Armagnac. Monseigneur de Conzié. - - Marquise de Wignacourt. - Marquise de Plumartin. - Mme Marin de La Haye. - Marquise de Montmirail. Marquise de Châtillon. Marquise de Soisy. Miles de Dreux. Expulsion des Religieuses. Jusqu'au xviie siècle, il n'y avait ici, entre la rue Cassette et la rue du Cherche-Midi que des terres en culture, des jardins fruitiers, et deux ou trois petites chaumières. En 1628, un grand spéculateur en immeubles, Louis. Le Barbier, déjà propriétaire de deux arpents et demi environ sur la rue Cassette, acquit les quatre arpents contigus donnant sur la rue du Cherche-Midi. C'était un important personnage (1) ayant les titres de «< contrôleur général des bois de l'Isle de France », puis, plus tard, de << conseiller et maître d'hôtel du roi »; il construisit les Halles du faubourg Saint-Germain et les boucheries Saint-Honoré et Montmartre, fut acquéreur d'une partie de l'hôtel de la reine Marguerite, entreprit la construction du Pont Rouge dit aussi Pont Barbier, etc. En 1641 dressant un état de ses biens, il se disait possesseur d'une fortune de 4.835.000 livres, et, deux ans après, il mourait insolvable. Tel était, en 1628, l'acquéreur du grand terrain de sept arpents environ compris entre les rues Cassette et du Cherche-Midi. En 1634, il se trouva que des Religieuses Augustines, établies à Laon, eurent la pensée de fonder à Paris un couvent pour l'instruction des jeunes filles, sous le vo (1) Voir la notice intéressante et très documentée de M. Léo Mouton sur le n° 5 de la rue Bonaparte (Bulletin de la Société historique du VIe arrondissement, année 1908, p. 79 et suiv.) contenant de curieux détails sur Le Barbier, sa fortune et sa famille. |