Page images
PDF
EPUB

deux autres logements, l'un à une dame veuve Villefranque pour soixante francs par an, et l'autre à la baronne de Morat pour le même prix (1). Ces modestes locataires, acceptées ainsi évidemment par faveur ou charité, n'en étaient pas moins de caractères difficiles et, en 1843, plusieurs rapports constatent les plaintes réciproques qu'elles adressent au commandant du Génie chargé de la gestion de l'immeuble (2). Celui-ci est forcé de menacer d'expulsion la dame Baudry-Duhamel qui paraissait la plus turbulente et allait jusqu'aux voies de fait avec ses co-locataires.

Cependant ces petites locations continuèrent jusqu'en 1847, époque à laquelle la démolition des vieux bâtiments du Bon Pasteur fut décidée pour construire à la place une prison militaire. L'autorité militaire enjoignit à ses locataires de déguerpir, ce qui leur parut fort dur, et quelques loyers restèrent impayés. Le receveur des Domaines chargé de la perception avisa le lieutenant-colonel directeur du Génie qu'il allait exercer des poursuites contre les retardataires. Mais celui-ci, moins rigoureux, proposa, dans un rapport au ministre, de faire remise des soldes minimes restés dus par les locataires (3), et les dames de Morat, Villefranque et Baudry-Duhamel ne furent pas inquiétées.

Dès le 25 août 1847, paraissait dans le Moniteur universel un article faisant l'éloge de la construction de la nouvelle prison militaire destinée à remplacer celle de l'Abbaye (4).

Cette nouvelle prison, y lisait-on, beaucoup plus spacieuse que celle qui existe aujourd'hui, est construite sur le nouveau

(1-2-3) Coll. pers.

(4) Moniteur universel du 25 août 1847.

système cellulaire. On doit y introduire tous les perfectionnements dont ces établissements ont été pourvus successivement, jusqu'ici tant sous le rapport de la sûreté que sous celui de la salubrité. Le bois est remplacé partout par le fer, si ce n'est dans quelques parties du bâtiment de l'adminis

"tration.

Les événements de 1848 retardèrent sans doute les travaux, car la prison ne fut achevée qu'à la fin de 1851. Le 22 septembre on lisait dans le Moniteur (1) :

On termine les travaux de la prison militaire rue du ChercheMidi en face l'hôtel des Conseils de guerre.

Cette prison forme un quadrilatère rectangle à deux et trois étages autour d'une grande cour coupée en deux par un mur. Cette prison a été bâtie par le Génie, en pierre meulière taillée à pans irréguliers et non par assises horizontales suivant l'usage de nos architectes.

La nouvelle prison est édifiée sur l'emplacement de l'an-cienne manutention des vivres que le maréchal Soult a transférée au quai de Billy...

Aujourd'hui il ne reste donc plus aucun vestige de l'ancienne et charitable maison du Bon Pasteur..

(A suivre.)

P. FROMAGEOT.

(1) Moniteur universel du 22 septembre 1851, no 265.

LETTRE RECTIFICATIVE

Mon cher Président,

Permettez-moi de vous signaler dans le Bulletin de la Société (1er semestre 1912), dont je viens de recevoir un exemplaire, deux petites erreurs que je souhaiterais voir rectifier dans la publication du second semestre.

1° (A la page 28) = procès-verbal du vendredi 26 janvier 1912, du comité D.

Le procès-verbal indique, in fine, pour le prochain ordre du jour M. DEMOMBYNES : Anecdotes sur Ninon de Lenclos. - Or, je n'assistais point à la séance du 26 janvier 1912, et c'est évidemment par suite d'une méprise que je ne m'explique point que j'ai pu être indiqué comme devant faire une communication à la séance du mois suivant.

=

2o (A la page 29) procès-verbal du vendredi 23 février 1912, du comité D.

Le procès-verbal porte notamment : « M. DEMOMBYNES Conte une anecdote peu connue sur Ninon de Lenclos... etc... »

Et plus loin: << Une conversation s'engage entre les membres présents sur divers sujets concernant le VI arrondisse

ment ».

J'ai très nettement le souvenir, en effet (j'assistais ce jour-là à la séance) d'une conversation générale au milieu de laquelle fut prononcé le nom de la grande amie de Saint-Evremond, la « divine », comme il l'appelait; et je me souviens que nos collègues furent assez aimables pour me laisser conter la petite anecdote qui me revint en mémoire. J'étais loin de pré

voir qu'elle me valût le grand honneur d'un compte rendu officiel le procès-verbal relatant la conversation » était suffisant. Mais puisque je suis imprimé tout vif, laissez-moi, du moins, rétablir l'anecdote telle que je la connais, et que je l'ai dite, car le procès-verbal ne l'a point fidèlement transcrite. Voici L'exempt est chargé par la Reine de laisser à Ninon le choix du couvent où elle doit être enfermée. Il exécute les ordres qu'il a reçus : Ninon de lui répondre en choisissant un couvent de moines! Et le pauvre exempt, tout décontenancé, devant cette riposte imprévue de retourner vers la Reine, qui se mit à rire et fut désarmée pour quelque temps. Plus tard, Ninon de Lenclos fut internée aux Madelonnettes, sans que cette fois on lui eût laissé le droit de choisir sa prison : c'est que Bois-Robert tenta l'escalade. Elle fut ensuite transférée à Lagny, où la reine Christine de Suède l'alla voir, fut émerveillée de son esprit, et contribua, sans doute, à la faire élargir.

Veuillez excuser, mon cher président, cette lettre beaucoup trop longue. Le souci de la vérité, je le regrette, n'a point su me donner cet art exquis: la concision.

Votre affectueusement dévoué,

DEMOMBYNES.

NOTULES

INCONSÉQUENCE.

Qu'une construction pittoresque, telle l'une des tourelles de la rue Hautefeuille, ou celle de la rue Vieille-du-Temple, demeure malgré spéculateurs et démolisseurs, vite des gens graves, de «< hauts, distingués fonctionnaires » cherchent un texte pour en permettre la démolition.

Mais qu'une verrue ridicule, enlaidisse une belle voie, compromette même la circulation, c'est merveille de voir avec quel soin les mêmes gens s'ingénieront à en assurer la conservation. Passez boulevard Raspail, côté impair, entre la rue du Cherche-Midi et la rue de Rennes, vous y verrez l'éperon d'une vieille masure qui empiète sur la voie moderne. Or, en dépit des règlements concernant les façades soumises à l'alignement, cet éperon a été replâtré, consolidé, tout comme s'il s'agissait d'y encastrer, à titre définitif, une plaque de marbre à la gloire de parvenus notoires."

COMMISSION, DU VIEUX PARIS.

Samedi 30 mars 1912. Au cours de son rapport sur les récentes fouilles archéologiques, M. Charles Magne rappelle l'existence au musée Carnavalet de trois stèles hébraïques remontant au XIIe siècle et provenant d'un cimetière de la rue Pierre-Sarrazin, occupé maintenant par la librairie Hachette. Il y avait à l'entour une juiverie importante, et un

« PreviousContinue »