Orne-t-elle de ses appas? Foulé par sa danse légère, Quel gazon fleurit sous ses pas? Quel est le fortuné bocage
Que ses accents font retentir? Quelle fontaine a le plaisir De lui retracer son image?
Pour le mariage de mademoiselle D. L. S., célebre a G. chez madame M.... son amie.
DIEUX des hameaux, venez, rassemblez-vous.
L'Hymen, l'Amour, l'Amitié vous convie.
Enfin l'Amour, abjurant sa folie, A de l'Hymen appaisé le courroux : C'est l'Amitié qui les réconcilie ; Et c'est ici le lieu du rendez-vous.
Plus de dépit, plus de coquetterie, Plus de caprice, et plus d'étourderie : Foi mutuelle, et jamais de ces coups Que le beau monde appelle espiéglerie : Douceur d'agneaux, et dans la bergerie, Au grand jamais, nul accès pour les loups. Dieux des hameaux, etc.
De l'âge d'or cette belle féerie,
L'accord parfait des penchants et des goûts, Se reproduit: Suzanne se marie;
Son cœur lui-même a choisi son époux :
Mortel heureux, s'il en fut dans la vie! Une ame tendre, un esprit sage et doux, Où l'enjoûment à la bonté s'allie, Et mille attraits, et mille encore, et tous Sont les trésors que l'hymen lui confie. Dieux des hameaux, etc.
A tes côtés, fille aimable et chérie, Vois ce bon père, honoré parmi nous, Lui qui des arts éclairant l'industrie Fut quarante ans utile à sa patrie, Et dont la gloire a fait tant de jaloux! Vois cette mère, agitée, attendrie, Verser des pleurs si touchants et si doux; Vois ton amant embrasser leurs genoux. Que de tourments pour les yeux de l'envie! Dieux des hameaux, etc.
Amours, posez la couronne fleurie Sur ce front calme où siége la pudeur. Ah! si les lys expriment la candeur, Jamais couleur ne fut mieux assortie.
Mais épargnez la tendre modestie
De la victime : elle est chère à son cœur, Cette vertu qui protégea ses charmes; Cette vertu, qui n'est pas sans alarmes, Court aujourd'hui les dangers les plus grands. Ne hâtez pas ses soupirs et ses larmes : Il faut toujours respecter les mourants.
BOUQUET
A madame la comtesse de S***.
Semble faite exprès pour charmer ; Et mieux que le galant Ovide, Ses yeux enseignent l'art d'aimer Adélaïde.
Ah! que l'empire semble doux ! Qu'on me donne un nouvel Alcide, Je gage qu'il file aux genoux
Fuyez le dangereux accueil;
Tous les enchantements d'Armide Sont moins à craindre qu'un coup-d'œil D'Adélaïde.
Met d'ame et de goût dans son chant!
Aux accents de sa voix timide, Chacun dit: Rien n'est si touchant Qu'Adélaïde.
Quand l'Amour eut formé les traits,
LE BANQUET DES SEPT SAGES,
Couplets de Marmontel pour le jour de la fête de M. l'abbé Morellet.
AIR Chansons, chansons.
SUR l'art de penser et de vivre
On a rempli maint et maint livre De vains caquets;
Mais l'on reconnaît les vrais sages
Bien moins dans leurs plus beaux ouvrages Qu'en leurs banquets.
C'est là qu'oubliant leurs systêmes, Et parmi les voluptés mêmes
Sachant choisir,
Au sein de leur joyeuse troupe, Ils faisaient circuler la coupe Du doux plaisir.
Si de l'un d'eux c'était la fête, Les autres couronnaient sa tête De pampres verts;
L'amitié pour lui rendre hommage Empruntait l'aimable langage Du dieu des vers.
Elle célébrait sa franchise, Sa fierté modeste et soumise Aux lois du sort;
Sa vertu doucement sévère, Son esprit et son caractère Toujours d'accord.
Un portrait non moins véritable Faisait voir chez lui l'homme aimable Dans le savant;
Et la louange était complète,
Lorsqu'on y joignait l'épithète De bon vivant.
Lui-même alors plein de l'ivresse Qu'inspirent le dieu du Permesse Et les amours,
Dans une ode voluptueuse
Du chemin d'une vie heureuse Traçait le cours.
Mais où retrouver ces modèles, Et dans ses vives étincelles Ce feu sacré;
Sans l'aller chercher en l'Attique,
Je vois cette sagesse antique Chez notre André.
Des philosophes de la Grèce, Il a su prendre avec adresse Tout le meilleur;
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