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DE L'IMPRIMERIE DE FIRMIN DIDOT,

IMPRIMEUE DU RO1, DE L'INSTITUT ET DE L

RUE JACOB, No 24.

MARINE.

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CHEZ VERDIÈRE, LIBRAIRE-ÉDITEUR,

QUAI DES AUGUSTINS, N° 25.

1819.

NEW YORK

MÉLANGES

DE PROSE.

DISCOURS

DE MARMONTEL

A L'ACADÉMIE FRANÇAISE,

Lorsqu'il y fut reçu à la place de M. de Bougainville, le jeudi, 22 décembre 1763.

MESSIEURS,

Lorsque des hommes qui ont éclairé leur siècle, illustré leur patrie, enrichi et consacré la langue par des ouvrages immortels, obtiennent l'honneur d'être assis parmi vous, il vous apportent leur gloire en échange de vos suffrages; et le nouveau lustre qu'ils donnent à l'académie, se joint à l'éclat qu'elle répand sur eux.

Mais le talent faible et timide qui vient se jeter dans vos bras, que vous daignez y recevoir, et

Mélanges.

I

à qui vous rendez l'espoir et le courage, vous doit tout avant d'avoir rien mérité; et moins vous avez exigé de lui, plus vous avez droit d'en attendre. Ma reconnaissance envers vous, messieurs, n'est donc pas le tribut d'un moment; c'est le devoir de toute ma vie : je l'emploierai à justifier mon ambition et vos espérances. Heureux, si je pouvais adoucir vos regrets sur la perte de l'homme de lettres dont je viens occuper la place!

Dans ses écrits, comme dans ses mœurs, tout fut louable, et rien n'annonçait le vain desir d'être loué. Avec les talents qui rendent célèbre, il n'aspira qu'à l'honneur d'être utile.

Sans lui le poëme de l'anti-Lucrèce serait peutêtre encore étranger parmi nous. Ce poëme, écrit en latin, était une espèce d'injure faite à notre langue par l'un des hommes qui la parlait avec le plus de grâce et de facilité. M. le cardinal de Polignac regardait la pompe et l'harmonie des vers latins, comme un avantage qu'il était dangereux de laisser à son ennemi; et pour l'attaquer, il prit les mêmes armes.

M. de Bougainville osa croire que la vérité dans tout son éclat, pouvait se passer de l'illusion; que les deux objets les plus sublimes où l'intelligence humaine pût s'élever, la religion et la nature, n'avaient pas besoin, pour nous attacher, du faible artifice des vers. A ce prestige il substitua le charme d'une prose nombreuse, et il eut soin d'y réunir la précision, la clarté, la justesse,

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