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Des héritages successifs firent passer l'immeuble entre les mains de M. Mauban, industriel, juge au tribunal de commerce, gendre de M. Boichard : il y habitait depuis. 1850, ensuite à ses descendants.

En 1921, Mme Chapelier, de cette famille, vendit la maison à M. Braud.

Actuellement, un artiste de renom vit encore dans cet immeuble c'est M. Legastelois, graveur et sculpteur, auteur de médailles représentant des célébrités contemporaines; il a exécuté dernièrement le buste de Pégoud qui se trouve au cimetière Montparnasse.

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Elle a subi l'adaptation qui en fait un immeuble de rapport; sur la solide ossature de sa maçonnerie séculaire et de ses vieilles charpentes, les époques successives ont disposé ce qui constituait à leurs yeux le confort ou la mode; on a coupé de grands locaux, groupé des pièces séparées, organisé des appartements; bien des ajustements, que l'on peut regretter, ont fait place à des dispositions plus modernes. Les étages supérieurs ont sur tout été transformés. Plus de frontons, plus de terrasses; mais le vieil immeuble, peu à peu, sert à loger plus d'habitants, à mesure que Paris grandit. Il a accepté facilement quelques inventions du progrès : l'eau, le gaz, lectricité, tout en offrant l'avantage des constructions d'autrefois pièces spacieuses, placards et dégagements nombreux. Et, à la fin de cette étude, on ne peut s'empêcher de songer à la conscience de ceux-là qui édifièrent, face aux beaux jardins de l'hôtel de Nevers, cette demeure solidement assise sur ses doubles caves voûtées, résis

l'é

tantes contre l'inondation de 1910, refuge contre les bombes, en 1918; de ceux-là aussi qui durant près de trois cents ans ont aimé, entretenu, modifié ces vieilles pierres. Si, comme le veut le poète, les choses ont une âme, celle des anciennes demeures, privilégiée, n'a-t-elle pas conservé quelques reflets d'un autrefois que l'ami du passé évoque avec joie? La satisfaction du chercheur est plus grande encore, quand il se persuade que non seulement ces façades ont frémi à la clameur des grands événements, mais qu'entre ces murs ont germé les pensées d'hommes célèbres, et que ceux-ci y trouvaient d'autre part bonheur et chagrins, sourires et soupirs si pareils aux nôtres.

Il convient de remercier ici les personnes qui ont bien voulu, par leur complaisance ou leurs excellents conseils, aider à la rédaction de cette notice (1). Si elles veulent bien estimer que nous n'avions pas en vain sollicité leur concours, nous nous tiendrons pour satisfait.

H.-A. QUÉRU.

(1) Indépendamment de M. Mouton et de M. Masson, nous citerons : M. Braud, propriétaire, M. Saffroy, libraire antiquaire, 15, rue Guénégaud, et surtout M. Pierre Préteux, qui possède sur son ancêtre des renseignements nombreux, réunis en un manuscrit fort complet et intéressant.

DEUX MARCHÉS DE 1644

POUR LA FOURNITURE DU PAIN DE GONESSE

Le pain de Gonesse était fort à la mode au xvII° siècle, ainsi qu'en témoignent plusieurs historiens de Paris. Les moulins de Gonesse donnaient de belle farine qui servait à faire un pain très blanc. Les statuts des boulangers du faubourg Saint-Germain-des-Prés, qui sont de 1659 (1), après avoir dit que les boulangers seront tenus d'avoir du pain blanc de chapitre, du pain bis-blanc ou pain bourgeois, et du pain de brode, et d'en garnir les halles et marchés publics du faubourg les mercredis et samedis, ajoutent qu'ils pourront aussi «< pour la commodité et volonté des seigneurs et autres particuliers, faire autre sorte de pain, comme pain façon de Gonesse... En cas qu'ils en portent chez les bourgeois, ils seront tenus de le couvrir d'un linge ». En outre, les boulangers de Gonesse venaient eux-mêmes apporter leur pain à ces marchés du faubourg.

Voici deux contrats par lesquels un hôtel seigneurial du quartier est approvisionné de pain de Gonesse. Je les ai trouvés dans les minutes d'un notaire du boulevard Saint-Germain.

Le 27 aôut 1644, Nicolas Adancourt, maître boulanger à Gonesse, logé en ce moment à Saint-Germain-des

(1) Métiers et corporations de Paris, par René de Lespinasse.

Prés, rue et en la maison où pend pour enseigne Les quatre vents, fait un premier marché avec Marc Chartraire, maître d'hôtel de la marquise du Vigean, absente, demeurant à Paris, rue de Tournon, pour tout le pain qui sera nécessaire à la maison de ladite dame et du marquis du Vigean son mari. On devra le lui fournir en pains de cinq livres, à raison de dix sols le pain. Le traité est fait pour un an. «< En cas que pendant ledit temps du présent marché, il arrive que le bled vienne à augmenter de prix, ledit S. Chartraire a promis augmenter le prix du pain à proportion, comme semblablement au cas que le bled vint aussi pendant ce temps à diminuer, Adancourt promet de diminuer le prix du pain aussi à proportion. >>

Le 24 septembre 1644, un mois plus tard, devant les mêmes notaires, Charles (1) et Detroyes, nouveau marché, celui-ci sans limitation de durée, entre Adancourt, le boulanger de Gonesse, et la marquise du Vigean (Anne de Neufbourg, épouse de François Poussart, marquis du Vigean, seigneur de Fors, Bazoges, Vigé et autres lieux, demeurant rue de Tournon (2). Ce marché est plus précis, il a pour objet « de fournir et livrer par chacun jour de marché en cette ville de Paris, en l'hôtel de la marquise du Vigean, la quantité de 32 pains tous les samedis et de 24 pains tous les mercredis, pour la maison dudit marquis du Vigean et de la dame son épouse, chaque pain du poids de cinq livres... en commençant le 30o jour du présent mois et continuer par chacun jour de marché...

(1) Minutes de Charles dont le successeur actuel est Me Ader.

(2) Il y a dans Tallemant des Réaulx une historiette peu bienveillante sur la duchesse d'Aiguillon et sur Mme du Vigean, « son intendante, sa secrétaire, sa garde-malade, » qui habitèrent ensemble le Petit Luxembourg.

si le pain ne pèse 5 livres, il sera rabattu audit boulanger deux sols par livre. Ce marché est fait moyennant à raison de 10 sols par pain du poids susdit... »

Ainsi les clients riches n'avaient de pain frais que deux fois par semaine, même ceux qui en consommaient 40 livres par jour, et qu iallaient chez le notaire pour traiter avec leur boulanger.

F. FOIRET

CONGRÈS DES SOCIÉTÉS D'HISTOIRE DE PARIS ET L'ILE-DE-FRANCE

Ce Congrès, dû à l'initiative de la Société de l'Histoire de Paris et de l'Ilc-de-France, a été tenu à l'Institut d'Histoire et d'Économie urbaines (lisez plus simplement : Bibliothèque de la Ville de Paris), 29, rue de Sévigné.

Malgré les difficultés de l'heure, il a pleinement prouvé la vitalité des Sociétés d'Histoire parisiennes. Le travail a été ainsi réparti :

Lundi, 19 mai 1924: Ouverture du congrès. Section d'Archéologie et des Beaux-Arts.

: Section d'Histoire.

Mardi,
20 mai
Mercredi, 21 mai

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: Questions relatives à la vie des

Sociétés.

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Dans toutes les sections, des communications de haut intérêt ont été faites.

Le principe d'une fédération des Sociétés représentées au Congrès a été aussi posé.

Ch. S.

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