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Littérature et de Beaux-Arts), garde des Archives, qu'il avait contribué à fonder, il trouvait là l'emploi de sa grande activité. En 1801, sa femme mourut; en 1802, il visita plusieurs départements comme voyageur de l'Institut; et en 1803, fut nommé membre de la classe d'Histoire et de Littérature anciennes. Le 2 novembre 1804, au Palais du Corps Législatif, division des Invalides, où il demeurait en qualité de garde général des Archives, il mourut des suites et complications d'une chute (1). Il laissait quatre filles et deux garçons; trois de ces enfants étant mineurs. Le partage de la succession n'eut lieu qu'en 1815, à la majorité du plus jeune, Pierre-Charles; l'autre fils, Armand-Etienne, avait été tué en 1811 comme enseigne de vaisseau au combat de Raguse, sur la frégate << la Favorite »>.

Pierre-Charles Camus devint propriétaire de la maison de la rue Guénégaud; de par son emploi, il demeurait aux Archives.

C'est pendant la période d'indivision que fut institué le numérotage qui dure encore maintenant.

Grâce à l'excellente documentation de M. Masson, on connaît quelques locataires contemporains de Camus : Boicervoise, déjà cité.

Geoffroy, procureur au Parlement; un état de lieux le concernant, daté de 1785, montre que son étude occupait le second et le troisième étages sur la rue; et cela sans doute du temps de son prédécesseur Eynard.

A partir de la Révolution :

(1) A la campagne, en jouant avec ses enfants, il voulut sauter un fossé, tomba et se brisa la cuisse. Pendant qu'il était alité, il fut pris de la congestion qui l'emporta. L'inventaire de la succession fut dressé, le 26 ventose, an XIII, par M Boulard (aujourd'hui Me Laurent, 23, rue de Bourgogne).

Piedou, comte d'Héritot (1742-1836), député au Con seil des Anciens pour le Calvados; on le considérait comme royaliste, et son élection fut annulée au 18 fructidor. Il habita en 1797 (1).

Charles Palissot de Montenoy (1730-1814), député aux Anciens. Il est connu comme littérateur pour ses attaques contre les philosophes; pendant la Révolution, il devint administrateur de la Bibliothèque Mazarine, et le demeura jusqu'à sa mort. Il habita en 1798 (2).

Gabriel de Villar (1748-1826), Inspecteur général des études en France, ancien évêque constitutionnel de la Mayenne; député à la Convention, il avait voté pour le sursis à l'exécution de Louis XVI. Il s'occupa de l'instruction publique, devint membre de l'Institut, député aux Cinq Cents, puis au Corps législatif. Il travailla aussi à l'organisation de la Bibliothèque Nationale. Aux Archives, on voit sa signature sur la nomination de Camus à la classe d'Histoire et de Littérature anciennes. Il habita en 1805-1806 (3).

L'état de lieux dressé en 1815-1816, au moment du partage, indique la maison comme appartenant aux héritiers de feu M. Camus. Son fils Pierre, dont elle fut la part, se maria en 1820; il mourut en 1823, aux Archives nationales, 12, rue du Chaume. Sa femme disparut à son tour, en 1826, et leurs deux enfants, en 1827. Les héritières de ces fillettes étaient : Mme Nepveu, leur grand'mère maternelle; et Mile Charlotte-Marie Camus, dite Virginie, leur tante. Celle-ci, célibataire, connue comme bienfaitrice des établissements jansénistes, vécut jusqu'en

(1) Dict. des Parlementaires, de Robert et Cougny.

(2) Dict. des Parlementaires, et Franklin, Hist. de la Bibliothèque Mazarine.

(3) Dict. des Parlementaires et Gr. Encyclopédie.

1847 (1). Les deux dames co-propriétaires décidèrent sans doute de se défaire bien vite de cet immeuble, car, le 15 janvier 1828, il fut, aux enchères, adjugé à M. Denis Goujon. Celui-ci, ancien polytechnicien, était sous-bibliothécaire à la Mazarine; il avait épousé la fille de Palissot. Entré dans cet établissement, en 1819, il y resta jusqu'à sa retraite, vers 1870. M. Franklin, dans son histoire de cette bibliothèque, parle toujours avec estime de M. Goujon (2).

Son rôle de propriétaire dure sept ans. Il demeurait, lors de l'achat, rue Serpente, et semble avoir eu, malgré l'aide de sa mère, quelque peine à s'acquitter envers ses vendeuses. C'est pourtant de son temps que se fit la transformation des mansardes, en 1834. Il s'installa à l'étage modifié, dont les pièces devenaient fort agréables, mais vendit, en 1835, sa maison à M. Boichard, négociant, domicilié rue des Grands-Augustins. Dans l'acte passé devant Me Chauchat, notaire, M. Goujon stipule qu'il gardera, par un bail de neuf ans, son appartement qu'il paraît aimer beaucoup.

Parmi les locataires qu'on trouve depuis Camus, nous citerons Lebel, peintre, en 1810-1812; le seul qui semble correspondre à ce nom serait Charles-Jean Lebel, auteur de la « Visite du Premier Consul au Grand-SaintBernard » du Musée de Versailles (3).

(1) Citée pour M. Gazier, Histoire du mouvement janséniste en France, II, 249.

(2) L'adjudication eut lieu à la chambre des notaires, par le ministère de Mes Agasse et Joncquoy, pour le prix de 146.000 francs.

Le titulaire actuel de l'étude Agasse est M° Greslé, 87, rue de Rennes. Une dame Agasse figure, comme héritière de la succession Camus, en 1815. Elle était fille de A Boicervoise, et, par conséquent, petite-fille de Camus.

(3) Bénézit, Dictionnaire critique et documentaire des peintres, sculpteurs, dessinateurs et graveurs.

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Le docteur Gorcy, médecin, qui demeurait au rez-dechaussée entre 1816 et 1829.

Barre, Jean-Jacques (1793-1855), graveur en médailles, auteur de nombreuses œuvres destinées à commémorer des événements historiques : l'inauguration du chemin de fer de Saint-Germain-en-Laye, le retour des cendres de Napoléon; des monnaies. Ses fils, l'un peintre, l'autre sculpteur, furent aussi graveurs en médailles. On le mentionne en 1832 (1).

M. Boichard vint habiter l'immeuble en 1838. Avec cette installation la maison va redevenir pendant quarante ans environ une demeure familiale; ses enfants occuperont, jusque vers 1878, une notable partie des appar

tements.

Les documents examinés s'arrêtent peu après son achat; à part la liste de M. Masson, les renseignements recueillis sur l'époque plus récente viennent presque entièrement de source verbale (2).

Parmi les locataires, on peut mentionner :

M. Nérée Boubée, professeur de géologie (1806-1863), directeur de l'Écho du Monde Savant (et les bureaux de cette publication), membre de plusieurs académies et sociétés savantes de France et de l'étranger. Le journal, bihebdomadaire, paraissait le mercredi pour les sciences physiques et historiques; le samedi pour les sciences naturelles et géographiques. L'imprimeur est Dégourchant, 1, rue d'Erfurth, près l'Abbaye. L'année 1838 que nous avons parcourue, présente des numéros de six à dix pages, en caractères fins, donnant des informations scientifiques, un compte-rendu de cours, entre autres ceux de Gay

(1) Gr. Encyclopédie, et Bénézit (d. cit.).

(2) Ils proviennent des descendants de la famille Boichard.

Sté Hque DU VI. 1924.

6

Lussac et de Poncelet. En janvier, M. Boubée' annonce à ses lecteurs qu'il fera, rue Guénégaud, un cours de géologie élémentaire en seize leçons « entièrement à la portée des gens du monde ». Le journal existait depuis 1834. On retrouve, en 1843, le Bulletin d'Histoire naturelle de France, dont M. Boubée était également directeur. Il a publié en outre des ouvrages de géologie (1). Les autres occupants notables sont des artistes :

De 1840 à 1853, Lesourd de Beauregard, peintre aquarelliste et pastelliste, professeur de dessin au Muséum; il exposa au Salon de 1822 à 1869; médaillé en 1842 (2).

Avant lui, et peut-être en même temps, Augustin Lemaître, mentionné entre 1831 et 1835; celui-ci, peintre de paysages, avait été médaillé en 1834 (3).

Hancke, graveur alsacien (1808-1864) (4); élève de Lesourd de Beauregard.

De 1853 à 1870, Benoît Chancel, né en 1819; qui fut collaborateur de Flandrin, et décora une chapelle et des vitraux de Sainte-Clotilde (5). En 1869-1870, Pellegrin, peintre d'histoire et de genre (6), qui exposa de 1864 à 1870. Plus tard, sans indication de date, Henry Dubois, le graveur contemporain, plusieurs fois médaillé (7).

Les autres occupants du XIXe siècle sont surtout des commerçants, des commissaires-priseurs, des agents d'affaires; quelques avocats sur lesquels nous n'avons pas trouvé de détails (8).

(1) Nérée-Boubée, Géologie populaire, 1833. — Géologie dans ses rapports avec l'agriculture et l'économie politique, 1840. — Géologie dans ses rapports avec la médecine et l'hygiène publique, 1850. — Cours de géologie agricole, 1856.

La famille de M. Nérée-Boubée, habitant encore le VI arrondissement, s'occupe toujours d'histoire naturelle.

(2), (3), (4), (5), (6), Bénézit (déjà cité).

(7) Renseignements fournis par M. Legastelois, et Bénézit (d. cit.).

(8) La liste recueillie par M. Masson porte une soixantaine de noms.

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