Page images
PDF
EPUB

en novembre 1790, par le peuple, ou plus exactemen par l'assemblée électorale de Paris. Des cinq juges affectés à ce tribunal, deux au moins avaient une grande notoriété Merlin de Douai et Lefèvre d'Ormesson. Merlin, membre de l'Assemblée nationale, joua un rôle à la Convention, fut ministre de la justice et membre du Directoire, puis procureur général à la Cour de cassation sous le Consulat, conseiller d'État à vie et comte de l'Empire; à travers ces diverses métamorphoses, grand jurisconsulte et homme d'État, législateur avisé et grand travailleur, auteur de nombreux ouvrages de jurisprudence. Il ne siégea pas au tribunal de district du VIe arrondissement et fut remplacé par un suppléant. Lefèvre d'Ormesson, qui n'y fit que passer, était d'une vieille famille de parlementaires, gendre du dernier prévôt des marchands et neveu du premier président du Parlement de Paris.

La condamnation définitive de tous les tribunaux de l'ancien régime résulte du décret des 7-11 septembre 1790. On les laissa provisoirement en fonctions jusqu'à l'installation des nouveaux.

C'est le 26 janvier 1791, dès 9 heures du matin, que le maire de Paris, Bailly, et le Conseil général de la Commune, vinrent à l'Abbaye de Saint-Germain des Prés, et se réunirent au Palais abbatial, où une salle d'audience avait été sommairement préparée, pour installer avec solennité les cinq nouveaux juges et les quatre juges suppléants composant le tribunal de district, à la fois tribunal de première instance et d'appel. Bailly leur fit une courte allocution et prononça la formule du serment; chacun des juges, ayant la main levée, dit : « Je le jure »; Merlin répondit au maire par un petit discours de circonstance; puis le maire, reprenant la parole, termina conformé

ment à la loi par ces mots : « Nous prononçons, au nom du peuple, l'engagement de porter au tribunal et à ses jugements, le respect et l'obéissance que tout citoyen doit à la loi et à ses organes » (1).

A quelques jours de là, les juges de paix de Paris furent également installés dans les divers arrondissements administratifs. Celui du XIe arrondissement (maintenant VI) alla siéger dans l'ancien séminaire de Saint-Sulpice, rue du Vieux-Colombier. Ce juge de paix de notre arrondissement est le magistrat qui peut, à plus juste titre, se considérer comme le successeur du vénérable bailli de Saint-Germain, qui après avoir, au cours des siècles, connu des fortunes diverses, avait fini, sans cesser de se dire chargé de la haute comme de la basse justice, par n'avoir plus que les attributions modestes et la compétence restreinte d'un juge de paix quand la Révolution le supprima.

F. FOIRET.

1. Douarche, Les tribunaux civils de Paris pendant la Révolution,

[merged small][ocr errors]
[ocr errors][ocr errors][ocr errors][ocr errors][ocr errors][ocr errors][ocr errors][merged small][merged small][ocr errors][ocr errors][merged small][merged small]

Musée des Monuments français. Salle du XIe siècle.
Dessin de J. E. Biet.

(Extrait des Souvenirs du Musée des Monumens français, 1821)

[ocr errors]

LA SALLE DU XIIIe SIÈCLE

DU MUSÉE DES MONUMENTS FRANÇAIS

A l'École des Beaux-Arts sous l'ancien régime (couvent des Petits-Augustins) se retrouvent de nombreux vestiges du Musée des Monuments français qu'Alexandre Lenoir aménagea dans cet immeuble pendant la Révolution. Personne ne paraît avoir signalé qu'à l'extrémité de l'ancienne chapelle, derrière le mur actuellement recouvert par la copie du Jugement dernier exécutée par Sigalon, subsiste une salle de ce Musée, dans l'état où elle se trouva en 1816-1820 environ, quand les monuments qu'elle renfermait en eurent été retirés. C'est la « salle du xir siècle », l'ancienne sacristie des Petits-Augustins, maintenant transformée en bûcher et chambre de calorifère de l'École des Beaux-Arts.

Construite au xvir siècle, recouverte de voûtes d'arêtes supportées par des piliers, et percée de fenêtres rectangulaires, elle conserve encore la décoration moyenâgeuse que Lenoir lui donna en 1796-1797 des fenêtres et des portes gothiques provenant de l'église Saint-Marcel de Saint-Denis, des consoles, des inscriptions en onciale autour des archivoltes des portes indiquant qu'on pouvait se rendre compte dans cette salle de l'État de l'art dans le XIIe siècle, des plaques de marbre portant les noms d'Hé

loïse et d'Abélard, au-dessus desquelles étaient fixés leurs médaillons, des peintures sur les chapiteaux des piliers et les voûtes, etc... Les fenêtres et une porte ont été aveuglées, des murs de refend ont été construits dans un angle, mais à ces détails près rien n'est changé. En examinant les gravures que nous en possédons dans divers recueils et les traces laissées par les monuments le long des murs on peut se représenter aisément et reconstituer minutieusement cette salle avec les œuvres d'art qu'elle abrita pendant le Consulat et l'Empire.

Bornons-nous ici à signaler celles qui provenaient de l'abbaye de Saint-Germain des Prés : la statue polychromée de Childebert (aujourd'hui au Musée du Louvre), la statue de la Vierge (aujourd'hui au musée de Cluny), et des panneaux de verrières du réfectoire dont quelques fragments sont actuellement placés dans les fenêtres d'une chapelle de l'église Saint-Germain des Prés.

Rappelons enfin que Jules Michelet a raconté que pendant qu'il demeurait en 1808-1810 dans la maison sise à l'angle de la rue des Saints-Pères et de la rue de Verneuil, sa mère le conduisait pour le distraire au Musée des monuments français. Dans une page célèbre de l'Histoire de la Révolution il parle de l'émotion profonde qu'il éprouvait en pénétrant dans « la salle basse des Mérovingiens, où se trouvait la croix de Dagobert ». Or, il n'y avait pas de salle du musée qui portât ce nom et la croix de Dagobert ne figure pas dans les catalogues. Ajoutons qu'il semble mentionner dans cette salle la présence des tombeaux de Chilpéric I°r et de Frédégonde. Cependant Lenoir déclare n'avoir pu se procurer le premier de ces tombeaux qui fut brisé à Saint-Germain des Prés. Quant au second, provenant de la même abbaye et aujourd'hui à Saint-Denis,

[ocr errors]
« PreviousContinue »