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village. Un inventaire d'Oron (Vd), de 1740, mentionne: «< une couverture de satin en laine, damassé rouge et blanc, de deux largeurs, d'une aune de long et garni de dentelles de dorure fausse ». Un autre, de 1768: « un baptisé avec sa toile en passement ». Dans les Alpes d'Ollon, on achetait autrefois de beaux carrés d'étoffes quadrillées bleues et blanches ou rouges et blanches, devant servir par la suite à des robes pour l'enfant. On les utilisait tels quels pour le baptême, et on les appelait robe de b., habitude disparue, d'une belle simplicité. Ainsi s'explique le nom, cité plus haut (Champéry), de robe pour tapis de baptême.

Le parrain et la marraine sont simplement endimanchés. Ils mettent leurs plus belles plumes» (B Charmoille). Le « tube » est de rigueur dans le canton de Vaud. Dans la Broye, on demande souvent un parrain en disant: Vudrè-vò vəni mètrə vòɔon bon'tsapé pòr mè = voudriez-vous venir mettre votre bon chapeau pour moi. Le parrain reçoit de la marraine, dans certains endroits, une fleur qu'il fixe à son chapeau ou au revers gauche de son habit. Les marraines fribourgeoises portaient autrefois le vieux costume local: la coiffe à larges dentelles et le bavèri, tablier à bavette. Jusqu'en 1830, les parrains de Plagne (B) portaient encore l'épée et le manteau de cérémonie (mante).

6. C'est en général la sage-femme qui porte le bébé à l'église et qui le présente au baptême. Anciennement, c'était le parrain, coutume qui existe encore dans plusieurs endroits protestants, par ex. à Gryon (Vd). La présentation se fait aussi par la marraine, la plus jeune, s'il y en a plusieurs (Vd). Pendant la cérémonie, au moment où le prêtre verse l'eau, les parrains touchent l'enfant de la main droite. En se rendant à l'église, la sage-femme marche en tête avec l'enfant, quelquefois précédée d'un garçon avec un cierge (V); suivent le parrain et la marraine, le bé (« les beaux, comme ils s'appellent à Charmoille, B), de même lè bi (F Broye), se donnant le bras, le parrain allant à gauche; enfin, s'ils assistent à la cérémonie

(en pays protestant), les parents et les invités. Dans les endroits où a encore lieu la remise de l'enfant par la sage-femme à la marraine, cela se pratique sous le porche de l'église. C'est là aussi que les catholiques attendent le prêtre, lui communiquent les noms de l'enfant, et que celui-ci administre la première partie du sacrement. Le rite du baptême n'offre rien de particulier. Citons cependant un détail: dans la Vallée de Joux, une fillette vêtue de blanc, portant une serviette sur le bras gauche et un petit pót à la main droite, la verseuse, était chargée de répandre l'eau sur la tête de l'enfant. La verseuse prenait naturellement part au repas et recevait une petite rétribution en argent. A la sortie de l'église, les parrains jettent actuellement des nay (dragées) aux enfants, et la sage-femme en reçoit un cornet (B Ajoie).

7. Dans les endroits protestants, on ne sonne les cloches que lorsqu'on baptise un jour ouvrier. Chez les catholiques, on fait un petit carillon ou l'on sonne après le baptême. Cet usage n'est cependant pas général. Où l'on ne sonne qu'une cloche, c'est la grande pour un garçon, la seconde pour une fille. Pour un enfant illégitime, on sonne la petite, appelée la cloche d'amour (B Ajoie). Généralement, les bâtards sont baptisés à la tombée de la nuit, sans sonnerie. En Anniviers, on donne trois coups de cloche pour un garçon, deux pour une fille. Dans la Broye, la sonnerie est exécutée par des enfants, qui en sont rétribués en menue monnaie par les parrains.

L'usage de tirer des coups de feu (mortiers) est devenu fort rare; il ne s'est guère conservé que dans les cantons de Fribourg et de Berne et y est déjà très limité. En général, c'est le parrain qui fait les frais de la poudre.

Le reste de la journée se passe en promenades, repas et chansons. Là où l'on baptise tôt après la naissance, les choses se font assez simplement. En pays protestant, les repas sont souvent aussi plantureux que les moyens le permettent, même au delà. Les pâtisseries de fête et les mets du pays (la raclette en Valais) y jouent un grand rôle. Et le vin surtout. A Plagne

(B), le repas de baptême porte le nom de r'ke ou kāké, voir

sous ces mots.

8. Nous n'avons pu recueillir que très peu de superstitions au sujet du baptême. Pendant le trajet de la maison à l'église, on recommandait aux parrains de ne pas se retourner, cela fait loucher les enfants (Vd Blonay, Odin), et de suivre la route ordinaire, sans prendre de raccourcis, sinon l'enfant aurait des tendances à devenir voleur. Il fallait porter le berceau de façon que les pieds soient en avant et la tête en arrière. Les enfants mort-nés étaient portés à la chapelle de Saint-Etienne, près Montagnier (Bagnes), dans l'espérance vaine que le cadavre donnerait un signe de vie, afin qu'on pût le baptiser. Une légende concernant des jumeaux illégitimes a été publiée par M. Gabbud dans les Sagen aus dem Unterwallis, de M. Jegerlehner (Bâle, 1909, p. 159). Si un enfant pleure pendant la cérémonie du baptême, il deviendra un bon chanteur. Avant le baptême, on ne séchera pas les langes en plein air, mais dans l'intérieur de la maison; la mère ne sortira pas non plus avant le baptême. Si elle doit absolument le faire, elle aura soin de se couvrir la tête d'un bout de planche ou d'un bardeau (B Plagne).

Les mots patois pour fonts baptismaux et acte de baptême sont indiqués sous fon et batistero.

Batèyi, v. a. baptiser.

batèyi (Vd Plaine du Rhône), batèyé (Vd Le Chenit), batayi (V Val-d'Illiez, -yé, Vionnaz), batèyè (V Salvan, Bagne, Isérables, Mage, aussi batǝyè), batèè (V Savièse, Evolène), bavié (V Grimentz), batǝyi — batyi (G), bètèyi (N Cerneux-Péq.), batayis ou batèyia (B, isolément batoèyis).

3 p. ind. prés. batè (V Savièse, Isérables), batèè (V Evolène), baðié (V Grimentz). Part. p. identique à l'inf., sauf en Valais et à Genève : batèya, batèa, badya.

Batèè à vin, ajouter de l'eau au vin (V Savièse). É ou baya, es-tu baptisé, c'est-à-dire un homme raisonnable (V

Grimentz)? ouna bé batèyay, une bête baptisée, un sot (V). L'è avouk badya, il a été b. = il a reçu une forte réprimande (V Grimentz). Son tyué batèya dou yadzo, ils sont tous b. deux fois, c'est-à-dire ils ont tous des sobriquets (Courthion, Voc. bagnard). I l an batèya aoué də l'édy trò̟blya, ils l'ont baptisé avec de l'eau trouble, de quelqu'un qui est borné, simple (G Hermance). Tiain à ce que vos pensay le faire batayïe (Ermita Côte de Mai, p. 62), quand est-ce que....

Hist. et syn. voir sous bātsī.

Bātsī, v. a. et s. m. baptiser, baptême.

batsī, aussi bātsī (tout Vd, F Broye), batchi (F Gruyère, N). betsi (Henchoz, Rossinière, forme douteuse), 3° p. prés. ind. batsè (Vd), botsè (F Estavayer), batch' (N); p. p. inf.

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I. Verbe. 1. Administrer le sacrement du baptême. 2. présenter au baptême. 3. donner un nom ou surnom à; 4. mélanger de l'eau à du vin, à du lait; 5. mettre un prix à qch. dans une vente aux enchères.

II. Substantif. 1. baptême; 2. repas de baptême; 3. ensemble de personnes qui y assistent. Moratel (Fiches) indique encore le sens : espèce de tavaïolle, que nous n'avons pas retrouvé dans les patois actuels. Voir les termes pour tavaïolle sous batè̟mə, 6.

I. 1. Lo menistrè batsà lo gosse, le pasteur baptisa le garçon (Cont. vaud. 1883, no 43). Pr. Kan l'infant l'est batzi, le parin mankont på (Lien vaud. 1905, 18). 2. fr. pop. « qui estce qui baptise?», en parlant du père qui présente son enfant pour le faire baptiser (Péter, Cacol.). 3. Batsi on véi, donner un petit nom à un veau (Vd Blonay, Odin). Ly-a mé dè dzin fou tiè dè-j-áno batchi, il y a plus de fous que d'ânes baptisés (Tobi di-j-èlyudzo, p. 210). 4. Batsi dao lasi (Vd Montherond). 5. Vuerou la batsè-dou, combien en offres-tu? (F Broye),

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