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I foua a bain bourlà lé palantsé, lé palantsé on bâin bouchya lou la, lou là on bàin mindjya lou tsain, lou tsain on bain dzapà lou-z-òmó, lou-z-òmó on bâin bouchya Pakain é Pəkâin è bàin tòrnà in mizon.

le feu, le feu a bien brûlé les bâtons, les bâtons ont bien battu les loups, les loups ont bien mangé les chiens, les chiens ont bien aboyé les hommes, les hommes ont bien battu Pequin et Pequin est bien rentré à la maison.

J. Jeanjaquet.

Le Lu è la Gru.

Patois de la Montagne neuchâteloise 1.

Slu k'ata d(a) mètchan l(a) pri d'on sèrvis' péch dò vyédj3, prǝmirama, pouòcha k'il éd dé dja indiny', an

TRADUCTION

LE LOUP ET LA GRUE.

Celui qui attend de méchants le prix d'un service pèche deux fois, premièrement parce qu'il (pour cela qu'il) aide des

1 Je revêts de l'orthographe du Bulletin cette rédaction anonyme de la fable connue, que j'ai trouvée dans les Papiers Nicolet à la Chaux-de-Fonds (Bibliothèque du Collège).

2 L'ancienne nasale an provenant de en ou in latins s'est dénasalisée [comparez dans ce morceau les mots prəmirama, dja (gentes), sèrma (sacramentu)], tandis que an de a latin + n ou m persiste [comparez dmandè (demandas), man (manu), snan.na (septimana), etc.]. La terminaison des participes présents: prometan, konfyan, remonte pour toutes les conjugaisons à -ante. La forme mètchan est également basée sur -ante. Les mots ansuit, inpunéman, sèna (au lieu de san.na) sont empruntés au français. Les groupes en et in latins donnent du reste

suit' pouòcha k'i pá a pèna (ou pin.na?) s(2) dègadji d(s) læ inpunéman.

On lu avè èvóla3 a-n-ò ka s'aréta u dari du kou è ka li kozav' ana fouó doular; i sòlista tu lé-z-ótr' animó d(3) l(3) li tiri fouæ a prometan d(a) lé rkonpinsi. La gru s(ə) lassa pèrsuada pa l(ə) sèrma; a konfyan son lon kou u mouté du lu, èl li fæ a-n-operasyon

gens indignes, ensuite parce qu'il peut à peine se dégager d'eux impunément.

Un loup avait avalé un os qui s'arrêta au fond (derrière) du cou et qui lui causait une forte douleur; il sollicita tous les autres animaux de le lui tirer dehors en promettant de les récompenser. La grue se laissa persuader par le serment; en confiant son long cou à la bouche du loup, elle lui fit une

dans les patois bernois, neuchâtelois et une partie des patois fribourgeois deux résultats, témoin les formes rkonpinsi, rkonpinsa, comparez asinby' (ensemble), sin (sans), fin (foin) etc., sans qu'il soit possible d'établir nettement les causes de ce double développement. La carte IX du Grundriss de Gröber est à corriger sous ce rapport.

3 Tiré du latin viaticum, voyage.

* Littéralement « de leur », comparez l'italien di loro. èvola, du latin *advallare; alla et al + a donnent ici ól, comparez pala póla (pelle), ala óla (aile).

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Les adjectifs latins du type fortis ou grandis ont con. servé ici leur forme unique pour le masculin et le féminin, tandis que les patois des cantons de Fribourg et de Vaud, par exemple, ont créé des féminins analogiques. On dit ainsi : katr' gran bnétéy' (quatre grandes corbeilles), etc. Comparez aussi: mèlyu, masculin et féminin; ana mètchan laga (une mauvaise langue), etc.

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* fà (latin fecit), à est le résultat d'un ancien i entravé fist), comparez vany' (vigne), ratch' (riche). Fà est un précieux

dondj(ə)ruza1 po li méma. Kma èl' r(ə)chamav12 l(ə) pri konvni: t'é a-n-ingrata, li d(ə)za®-t-u, t'é r(ə)tiri3 ta téta sèna d(2) ma górdj' è t(ə) dmandè ana rkonpinsa.

opération dangereuse pour elle-même. Comme elle réclamait le prix convenu: tu es une ingrate, lui dit-il, tu as retiré ta tête saine de ma gorge et tu demandes une récompense.

L. Gauchat.

ETYMOLOGIES

I. La «trueille ».

Dans les régions montagneuses où tous les transports, y compris celui des récoltes, doivent se faire à dos de mulet, il importe d'avoir un moyen rapide

reste des parfaits forts (ayant l'accent sur le radical), ordinairement remplacés par des formes analogiques, comme d(e)za << il disa >>.

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' Comme an ne devient jamais on dans ce patois, la forme dondj(e)ru appuie l'étymologie dominiarium autorité du seigneur; « se mettre, être en danger de...» a signifié se mettre, étre sous l'autorité, à la merci de..... En français, le mot a subi l'influence du mot dam (damnum), le patois est resté plus fidèle à l'origine latine.

2 Le son ch pour cl latin montre que le morceau a été composé dans le Nord de la vallée; à la Brévine, à la Chauxdu-Milieu et aux Ponts on dirait rtyama. Notre morceau représente très probablement le patois, aujourd'hui absolument éteint, de la Chaux-de-Fonds.

3 Le manuscrit porte retira, que je me suis cru autorisé à corriger r(a) tiri d'après les notes que j'ai prises sur les patois de la région.

et commode de lier les charges de toute espèce pour lesquelles on emploie des cordes. Ce résultat est obtenu dans toutes nos contrées alpines à l'aide d'un objet que nous nommerons la «trueille», d'après son appellation patoise la plus répandue. La forme et les dimensions en varient plus ou moins, mais il est toujours constitué essentiellement par un morceau de

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bois dur allongé, évidé au centre et terminé en pointe à une de ses extrémités, tandis que l'autre est percée d'un trou par où passe la corde dont la «trueille » n'est que l'accessoire. Le fonctionnement du système est aussi simple que pratique. Pour opérer le serrage, le bout libre de la corde qui entoure la charge est passé dans l'évidement de la «trueille, et l'arrêtage s'obtient en faisant seulement une boucle autour de l'extrémité amincie, comme le montre notre croquis.

On a ainsi un attachage solide qui ne nécessite aucun nœud et peut par conséquent être délié avec la plus grande facilité.

«

Les patois valaisans à l'est de Sion connaissent la << trueille » sous le nom de katela, qui s'applique aussi à une poulie quelconque, et se retrouve avec ce sens général dans le Bas-Valais et dans le canton de Genève. Dans la Haute-Savoie, nous avons relevé le mot nav'ta, qui s'explique par l'analogie de forme de la «trueille » avec la navette du tisserand. Mais, comme nous l'avons dit, le terme le plus répandu est celui auquel correspondrait une forme française << trueille ». On le rencontre dans le Bas-Valais (Champéry trada, avec le diminutif trædon; Trient truelya; Orsières troueide, diminutif trouèidon; Liddes grouèidè, diminutif grouèidon et verbe grouèlyè1, etc.), dans les Alpes vaudoises (Rossinières trude, diminutif trudon) et dans la Gruyère (Charmey tralya). Bridel a enregistré dans son Glossaire les mots vaudois, qu'il orthographie truthe, truthon, en donnant à tort au premier le genre masculin. Toutes ces formes nous renvoient à une base étymologique ayant comme voyelle tonique un o ouvert suivi d'une mouillée. (cf. pour le traitement de l'l mouillée palea> palyə, pada, padè, dans les mêmes patois). Ces conditions sont remplies par le mot trochlea, poulie, que le latin avait emprunté, comme beaucoup d'autres termes techniques, à la langue grecque, et qui convient par

1 grouèlyè signifie «lier avec la grouèidè»; le contraire est dégrouèlyè. La raison du changement de la consonne initiale dans ce patois nous échappe.

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