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E tous les ouvrages philofophiques fortis de la plume de l'illuftre POPE, fon ESSAI SUR L'HOMME eft fans contredit celui, qui lui fait le plus d'honneur, tant par l'importance du fujet, que par les idées fublimes, avec lesquelles il a fu le développer. Son but principal eft de ne faire usage, que des feules lumieres de la Raifon, pour examiner la nature de l'homme. La raison, felon lui, nous fait fuffisamment connoître, que l'homme, tel qu'il eft, a été créé pour habiter cette petite Planette, & qu'il eft doué de toutes les qualités néceffaires à son état présent, rélativement à toutes les parties, qui compofent cet Univers.

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PUISQU'IL eft certain, que le fini ne peut avoir aucun rapport avec l'infini, l'homme, comme Etre fini ou borné, ne faura donc jamais déterminer tous fes rapports avec toutes les parties, qui compofent le monde qu'il habite, puifqu'elles font infinies à son égard. Son ignorance eft fans doute la caufe, que nous ne pouvons appercevoir, jufqu'où va la fageffe divine dans la formation de l'homme & de toutes fes créatures. La feule chofe, dont nous devons être bien perfuadés, c'eft de notre foibleffe & do notre néant, fource de toutes nos imperfections. Auffi POPE fait voir dans la feconde Epitre, que la fageffe & la bonté de Dieu éclatent jufques dans les miferes, auxquelles il a affujetti fes enfans les plus chéris. Il prouve affez clairement, que les paffions font bonnes en elles-mêmes, & que c'eft de leur bon ou mauvais ufage, que dépend le bonheur ou le malheur de chaque homme en particulier, & de la fociété en général. La fource des plaintes de l'homme contre la Providence vient de ce qu'il croit, que tout eft fait pour lui, tandis qu'il eft certain que lui-même eft fait pour le tout. C'est en vain que l'homme effayera de fe faire un bon

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heur particulier, il ne peut & ne doit être heureux, qu'autant qu'il contribuera au bonheur de fes femblables. Or c'eft par la vertu feule, que les hommes peuvent être dans cette heureufe difpofition, il eft donc de la derniere importance pour eux de devenir vertueux. C'est par cette raison, que POPE ne fe contente pas d'inspirer à fes lecteurs la bonté & l'équité, qui font l'effence de l'honnête homme, il les conduit encore par dégrés jusqu'à la connoiffance des vérités fublimes, qui conduifent aux vertus furnaturelles. Ces vérités fublimes font celles, que tout homme, qui veut jouir dans cette vie d'autant de bonheur, que fon état le comporte, & s'affurer pour la fuite un bonheur éternel, doit nécessairement connoître la Religion chrétienne, ce flambeau divin enfeigne aux hommes des principes plus étevés que ceux de la raifon, c'est elle, qui en écartant les limites de nos connoissances dans la Morale, nous apprend le chemin le plus court pour arriver dans cette vie & dans l'autre à un bonheur affuré.

APRÈS ce que nous venons de dire du plan de L'ESSAI SUR L'HOMME D'ALEXANDRE POPE, il paroît fuperflu de répéter

les louanges, qu'il a reçues de toutes les nations de l'Europe, qui l'ont traduit dans leurs langues. C'eft le recueil des meilleures traductions, qui ont été faites, que nous donnons ici, précédées de l'Original Anglois, en faveur de ceux, qui entendent cette langue, afin qu'ils puiffent comparer les expreffions du Poëte avec celles des divers traducteurs, par ce moyen on fe rendra familieres les langues, qu'on voudra, & cela en acquérant les connoiffances les plus néceffaires pour former le cœur & orner l'efprit.

Nous avons mis la traduction Françoife de Mr. de SILHOUETTE à la fuite de la traduction en vers de Mr. l'Abbé DU RESNEL, celle-ci à caufe des graces de la poësie, & l'autre, parce qu'elle eft plus conforme au Texte original.

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ESSAY

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